Le retour de l’Australie marque la détente des marchés mondiaux de la viande bovine
Le marché mondial de la viande bovine se détend en 2023, porté par la reconstitution du cheptel australien et une demande à l’importation en diminution par rapport à 2022.
Le marché mondial de la viande bovine se détend en 2023, porté par la reconstitution du cheptel australien et une demande à l’importation en diminution par rapport à 2022.
« Le marché mondial de la viande bovine s’est détendu en 2023 et continue au premier semestre 2024, après une année 2022 caractérisée par un très fort déséquilibre entre la production et la demande », résume Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence sur les marchés mondiaux du lait et de la viande le 11 juin 2024. « Le soufflé des prix est donc retombé », indique l’Institut.
L’Australie revient à l’export
L’Australie inscrit une hausse de 26 % sur ses exportations de viande bovine par rapport à 2022, soit 348 000 tonnes équivalent carcasse (tec) supplémentaires.
« Le cheptel s’était beaucoup réduit du fait des sécheresses entre 2016 et 2020. Grâce la météo plus clémente depuis deux à trois ans, l’Australie a pu recapitaliser en cheptel, ce qui lui a permis de produire plus en 2023 », analyse l’experte. Cette hausse, qui a principalement alimenté l’export en 2023, devrait se poursuivre sur les années à venir.
Les exportations de viande bovine augmentent également en provenance de l’Argentine (+70 000 tec) et de l’Inde (+150 000 tec). S’ajoutant à la viande australienne, elles comblent le déficit de viande venant d’Amérique du Nord.
La décapitalisation nord-américaine se confirme
En effet, les États-Unis et le Canada accusent une baisse combinée de 680 000 tec de leur production de viande bovine. « Ces dernières années, la baisse du cheptel s’est traduite aux États-Unis par une hausse des abattages. Mais la décapitalisation a été telle que la production de viande bovine s’est elle aussi réduite en 2023 », décrit Caroline Monniot. En cause, les sécheresses qui s’enchaînent dans le sud du pays, notamment au Texas. Au Canada, les sécheresses à répétition — en témoignent les terribles incendies des dernières années — ont des conséquences similaires. Les exportations nord-américaines ont donc fortement baissé : -19 % aux États-Unis par rapport à 2022, -270 000 tec cumulées avec le Canada. D’après les estimations de l’USDA, la production américaine devrait continuer de chuter en 2024.
« Les États-Unis ont dû importer beaucoup de broutards du Mexique pour remplir leurs feedlots », souligne Caroline Monniot, mais cela n’a pas suffi à compenser : les importations de viande bovine ont progressé en 2023 (+9 %).
De plus, le manque de disponibilité a fait flamber le prix de la viande : le Canada et les États-Unis sont les seuls pays où le prix de la viande bovine désossée réfrigérée exportée continue d’augmenter en 2023, alors qu’il se relâche dans les autres pays exportateurs. Ces prix élevés ont freiné la consommation nord-américaine.
En Asie, la production intérieure se développe
Autre facteur expliquant la détente du marché mondial : « la Corée et le Japon, historiquement importateurs de viande bovine, développent leur production intérieure : ils importent donc moins », indique Caroline Monniot. Pour autant, les besoins restent importants en Asie.
Le marché continue sur une tendance très dynamique. « Les 11 plus grands exportateurs cumulent 771 000 tec de plus qu’il y a 4 ans, souligne l’experte. Les 11 premiers importateurs, quant à eux, comptabilisent 906 000 tec supplémentaires sur la même période ».