Le drone en élevage herbager : une caméra de surveillance pour les prés
Le drone permet d’observer les bovins au pré, de contrôler la disponibilité en herbe et le niveau des abreuvoirs. L’Institut de l’élevage a publié un guide des bonnes pratiques pour l’usage de cette technologie en système herbager.
Le drone permet d’observer les bovins au pré, de contrôler la disponibilité en herbe et le niveau des abreuvoirs. L’Institut de l’élevage a publié un guide des bonnes pratiques pour l’usage de cette technologie en système herbager.
D’après une enquête de l’Institut de l’élevage (1), 19 % des éleveurs interrogés envisagent d’utiliser un drone dans les prochaines années, et 8 % en sont déjà équipés. « Cet outil constitue un appui à la localisation et la surveillance de troupeaux au pâturage pour économiser du temps et réduire les déplacements », présente Estelle Nicolas, en charge des équipements d’élevage à l’Idele.
Retrouvez ici le guide pratique de l'Institut de l'Elevage les drones en élevage herbager : opportunités, risques et bonnes pratiques
Dans le cadre du projet européen Icaerus, l’institut travaille actuellement sur les bonnes pratiques d’utilisation du drone en élevage herbager, et l’impact sur le travail et son organisation. Des tests en conditions réelles sont actuellement réalisés à la ferme expérimentale Ferme’Innov à Jalogny, en Saône-et-Loire, en bovins viande sur des prairies bocagères, ainsi qu’à la ferme de Carmejane dans les Alpes-de-Haute-Provence en ovins viande sur des collines, des parcours et en estive.
Pour l’Idele, le drone peut rendre de nombreux services en élevage. Il permet de contrôler la présence et le comportement des bovins dans leur pré. Il peut être utile pour observer un vêlage, localiser un veau nouveau-né dans un milieu plus ou moins boisé (se pose dans ce cas l’intérêt d’être équipé d’une caméra thermique, dont le coût est assez important), observer une saillie ou des chaleurs, détecter un problème de santé. Le drone permet aussi d’apprécier la disponibilité en herbe, de vérifier l’état des clôtures, le niveau de remplissage des râteliers et celui des abreuvoirs. « Le drone, c’est l’équivalent de l’œil de l’éleveur dans le ciel », résume Estelle Nicolas.
Un cadre réglementaire assez strict
Cette technologie présente cependant certaines limites techniques. « On ne peut pas voler en dessous de -10 °C, ni si le vent est supérieur à deux tiers de la vitesse maximum du drone. Celle-ci dépend du modèle, mais la limite atteint souvent une vitesse du vent de 10 mètres par seconde. Il est aussi interdit d’utiliser un drone en cas de neige, pluie et brouillard. » L’autonomie de vol est d’environ 40 minutes par batterie. On peut s’équiper de plusieurs batteries pour allonger ce temps.
L’apprentissage du pilotage est facile, mais attention aux obstacles (végétation, animaux y compris sauvages comme les oiseaux). La réaction des bovins et des chiens à l’approche du drone est à anticiper, mais en général il n’y a pas de problème. « Le risque numéro un du drone concerne le conflit de voisinage », estime Estelle Nicolas. Les mêmes règles de bon sens s’appliquent qu’avec une caméra vidéo ou un appareil photo pour le respect du droit à l’image et de la vie privée.
Pour la « catégorie ouverte » (vol à moins de 120 m d’altitude, poids inférieur à 25 kg, pas de survol de personnes), une courte formation gratuite en ligne est à suivre. Il faut consulter son assurance pour vérifier dans quelles conditions sa responsabilité peut être engagée en cas de dommages causés aux autres aéronefs, aux personnes et aux biens au sol. Les zones de restriction de vol sont nombreuses (agglomération, aéroports et aérodromes, sites sensibles et protégés). Elles sont renseignées sur géoportail.gouv.fr.
Choisir son drone : un compromis entre qualité de la caméra et poids de l’appareil
« Choisir un drone est un compromis entre la qualité de l’image et sa vitesse et son autonomie conditionnées par son poids », explique Estelle Nicolas, de l’Idele. La caméra thermique et le niveau de zoom peuvent faire grimper les tarifs jusqu’à environ 5 000 euros, alors que les premiers prix sont autour de 400 euros. Les options possibles concernent le type de radiocommande, le nombre de batteries, et certains accessoires. Le marché de l’occasion est très bien pourvu. Il est aussi possible d’investir dans un drone en Cuma, ou encore de faire appel à un prestataire.
Victorine Perrin de Ferm’Inov à Jalogny (Saône-et-Loire)
« Une demi-heure gagnée par jour avec le drone »
« D’avril à fin octobre, je fais chaque jour le tour des parcelles pour surveiller et intervenir sur les différents lots de charolaises. Dans une vallée qui comporte plusieurs parcelles, j’utilise trois à quatre fois par semaine un drone. Cela évite de prendre le 4x4, d'ouvrir et de fermer les barrières pour accéder aux animaux. Cela m’économise une bonne demi-heure par jour.
Le drone à une hauteur de 50 à 70 mètres, permet de lire les boucles, de voir le niveau des ruisseaux et des abreuvoirs. La caméra thermique sert à repérer les jeunes veaux qui se cachent dans les haies. Très efficace, le drone ne se substitue pas aux interventions de visu qui constituent toujours l’essence même du travail de l’éleveur. C’est une aide non négligeable en périodes de semis, de moissons ou de fenaisons où le temps est précieux. »