Aller au contenu principal

La race aubrac fait son chemin en terres slovaques

En 12 ans, Jaroslav Dóbi a su monter en Slovaquie un élevage allaitant performant. Ce dernier a choisi d’introduire deux races, l’aubrac et la charolaise pour valoriser les pâtures les plus pauvres.

L’exploitation Charolais et Aubrac Slovensko, basée dans la région de Hont en Slovaquie, a débuté son activité en 2010 avec 10 génisses charolaises, importées de France. L’entreprise s’est progressivement développée et se compose aujourd’hui de sept élevages bien conduits, totalisant 1 392 têtes dont 541 charolais (189 mères), 484 aubracs (202 mères) et 367 croisés (92 mères). À leur tête, Jaroslav Dóbi, directeur des sept structures. Son financement provient d’un investisseur. Si la race charolaise prédominait dans les débuts, les aléas climatiques (précipitations inégales, courants d’air importants et températures de plus en plus élevées l’été) ont poussé les exploitants à chercher des alternatives. Après un voyage dans la région de l’Aubrac, en France en 2016, c’est tout naturellement que les frères Slovensko se sont intéressés à la race aux lunettes noires pour ses caractéristiques typiques. « C’est une race peu exigeante, robuste, marcheuse avec des vêlages faciles », souligne Jaroslav Dóbi. Aussi, 80 génisses reproductrices et 3 taureaux de race aubrac ont été achetés avec l’intermédiaire de la SARL Nolorgues.

Une bonne acclimatation

Le troupeau (mères, génisses et taureaux reproducteurs) est conduit principalement à l’herbe. La saison de pâturage dure six mois, et s’échelonne du 15 avril au 15 octobre. Seuls les broutards sont complémentés. Le cheptel dispose de 530 hectares de prairies permanentes conduites en pâturage tournant, soit 1,09 hectare par UGB. L’objectif des associés est de reprendre 500 hectares supplémentaires de prairies permanentes propices au pâturage.

Vingt-quatre salariés assurent le travail. L’objectif est d’atteindre 35 000 kg vif produits par unité de main-d’œuvre. Les vêlages sont saisonniers et s’étalent de décembre à mars. Les éleveurs souhaitent raccourcir cette période sur trois mois. « On préfère concentrer les mises bas pendant la période hivernale pour qu’elles se déroulent à l’étable sous la surveillance du personnel. La race aubrac a confirmé ses facilités pour les vêlages et la bonne viabilité des veaux même dans nos contrées. La majorité des veaux aubracs sont capables de se lever et trouver le pis de leur mère sans aide. Dans les conditions de conduites de l’élevage, davantage de mises bas ont nécessité une assistance en charolais », observe le directeur de la structure. L’hiver, les vaches sont nourries avec une ration mélangée (ensilage de luzerne, paille ou ensilage de maïs et sorgho fourrager). Toute l’année, ils ont à disposition du sel et des minéraux. L’âge au premier vêlage est compris entre 30 et 35 mois.

Des performances animales satisfaisantes

Le poids des veaux de leur naissance jusqu’au sevrage reflète non seulement leur viabilité, mais également la qualité laitière des mères et la qualité du fourrage. Les résultats de l’évaluation du gain journalier moyen des veaux de la naissance au sevrage montrent de meilleures performances de croissance en race aubrac (1 kg jour pour les mâles aubracs contre 0,94 pour les mâles charolais). « On suppose que la race confirme sa capacité à utiliser les zones de pâturage les moins productives et à résister aux fluctuations météorologiques même dans nos conditions. À cet égard, il est nécessaire de mentionner que la plupart des zones de pâturage sont en agriculture biologique. »

Après le sevrage, les mâles sont engraissés pour atteindre un poids d’abattage de 650 à 700 kg vif. Ces derniers sont nourris sur la même base de ration que les femelles, à laquelle est ajoutée de l’orge et du maïs grain. Les génisses sont pour la plupart gardées pour le renouvellement et le croît interne. Au cours des deux dernières années, 249 têtes ont été abattues, comprenant vaches et jeunes bovins. La plus grande partie des animaux de race aubrac vendus était classée en catégorie U (65,4 %) et en catégorie R (26,9 %) pour un état d’engraissement dominant de 2 (71,4 %) et 3 pour les autres. L’objectif est d’amener par la sélection une majorité d’animaux classés 3, ce qui correspond à la demande du marché.

Des qualités de viande au rendez-vous

Sur la base des caractéristiques physiques et technologiques de la viande bovine en fonction des valeurs de pH, aucune déviation de la qualité de la viande bovine n’a été trouvée dans les deux races. L’évaluation de la couleur de la viande bovine sept à dix jours après l’abattage a montré une plus grande clarté dans la race charolaise. L’intensité des couleurs rouges et jaunes en viande bovine diminuait avec le temps pour la charolaise. L’inverse a été constaté en aubrac.

« Notre objectif est de fournir notre propre abattoir et d’offrir des produits écologiques certifiés et de qualité sur le marché slovaque et européen. Aujourd’hui, nous abattons 100 bovins par an. Nous souhaitons porter ce nombre à 500 animaux. La ferme produit également de la viande de gibier de qualité, des produits à base de viande, du vin, des pommes, du jus de pomme, des pommes de terre… La race aubrac, qui s’adapte très bien à nos conditions, est une alternative appropriée dans nos conditions, en particulier dans les zones où les conditions de sol sont plus pauvres, à microclimat variable et sur terres accidentées », conclut Jaroslav Dóbi.

Cette publication a été produite grâce à la coopérative d’éleveurs et au soutien du programme opérationnel Infrastructure, intégrée au sein du projet : systèmes agricoles intelligents durables, prenant en compte les défis futurs 313011W112, cofinancé par le Fonds européen de développement régional et le projet Kega č. 017SPU – 4/2022.

Développer une production de qualité

Un cheptel bovin viande slovaque en expansion mais soumis aux aléas climatiques

Les effectifs de bovins en Slovaquie sont en diminution depuis quelques années. Cette baisse est en lien avec le cheptel laitier, celui de race à viande étant en progression depuis un certain temps. Selon l’association des éleveurs bovins viande slovaque, il est estimé à 71 000 têtes. Le cheptel allaitant du pays est en grande partie constitué d’animaux laitiers croisés avec des races à viande à l’image du cheptel allaitant irlandais.

La Simmental et la Holstein sont les principales races laitières, alors que les races pures limousine, charolaise et Simmental viande sont les plus courantes en allaitant. L’augmentation du cheptel de type viande est en grande partie le fait des éleveurs du territoire de Krupina (région de Hont). Le climat est plutôt doux pour le pays avec des précipitations annuelles comprises entre 550 à 750 mm et une température moyenne de 8 °C sur l’année (entre - 3 et – 8 °C l’hiver et entre 25 et 33 °C l’été). Toutefois, cette contrée subit ces dernières années de grands écarts dans les précipitations totales. « Selon nos propres mesures, elles avoisinent plutôt les 350 millimètres par an. La région est située sur un terrain accidenté avec une large plage d’altitude au-dessus du niveau de la mer. »

Les Slovaques mangent en moyenne chaque année plus de 70 kg de viande par personne. Le bœuf représente 5 kg.

Des essais sont conduits dans le pays

Les agriculteurs de Hontianske Nemce coopèrent étroitement avec d’autres organisations professionnelles, telles que l’université agricole slovaque de Nitra, où des expériences sur l’adaptabilité de la race aubrac ou encore sur l’évaluation de la qualité de la viande ont lieu. Des comparaisons sont également menées entre les races charolaise et aubrac et leurs croisements, élevées dans les mêmes conditions.

Chiffres clés

7 structures
24 salariés dont 17 pour l’élevage
483 mères charolaises, aubracs et croisées
5 525 hectares dont 3 785 de cultures et 1 722 de prairies permanentes et 18 de vergers.

Les plus lus

<em class="placeholder">boeufs croisés limousines angus </em>
Croisement limousin x angus : des résultats qui bousculent les modèles

Connue pour élever un troupeau limousin bio en autonomie alimentaire depuis plus de vingt ans, la ferme expérimentale de…

<em class="placeholder">Eleveur dans le camembert de sa contention constuite à l&#039;intérieur du bâtiment d&#039;élevage</em>
Bâtiment : « J’ai construit ma contention à l’intérieur du bâtiment pour plus de sérénité »

Au Gaec des Reclous, dans la Creuse, les éleveurs ont construit leur contention en demi-camembert dans le bâtiment d’élevage…

%agr
Rouge des prés : « Combiner conduite économe et revenu avec un troupeau mixte »

Mathieu Chauvé et Florent Cesbron, éleveurs de rouges des prés dans le Maine-et-Loire, valorisent au mieux le potentiel…

vaches parthenaises veaux prairie
Revenu : les arbitrages à faire pour profiter de la déduction fiscale de 150 euros par vache

La déduction fiscale de 150 euros par vache s’applique encore en 2024. Le nombre de vaches à engager, la date de…

paratuberculose bovine prélèvement élevage pédichiffonnettes
Paratuberculose bovine : un nouvel outil de dépistage en élevage allaitant

Pour détecter la paratuberculose bovine, le GDS de l’Aveyron a testé et validé un nouvel outil applicable en élevage allaitant…

<em class="placeholder">Xavier Ferrand, engraisseur de jeunes bovins dans l&#039;Allier, a créé son mélange d&#039;huiles essentielles pour renforcer les défenses immunitaires des taurillons en atelier ...</em>
Maladies respiratoires des bovins : « J’utilise quatre fois moins d’antibiotiques grâce aux huiles essentielles et à la phytothérapie »

Le Gaec de la Sioule, dans l’Allier, a divisé par quatre son utilisation d’antibiotiques en atelier d’engraissement depuis que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande