« La première raison de notre succès ce sont les prix » affirme Bruno Bunisset, président du marché au cadran d'Ussel
Les marchés au cadran font de nouveaux adeptes. Défense du prix, rapidité et sécurité de paiement font partie des principales raisons invoquées pour expliquer ce succès.

. Après Ussel, puis Saint-Christophe, le cadran de Mauriac démarre sur de bonnes bases. Comment expliquez-vous l'attrait pour ce mode de commercialisation ?
Bruno Bunisset - Ce n'est pas la mode ou les caprices qui font gonfler le volume des apports sur les différents cadrans, ce sont les règles de l'économie. La première raison de leur succès, c'est le prix des animaux. Si on fait la comparaison par rapport aux cotations FranceAgrimer, à Ussel nous étions l'an dernier à une moyenne de 18 centimes de plus par kilo vif pour les broutards et 20 centimes par kilo de carcasse pour les vaches finies. L'autre principale raison est la clarté des transactions avec un paiement sécurisé et comptant.
Elle s'éloigne, l'époque où la plupart des éleveurs se contentaient d'appeler leur coopérative ou leur privé quand leurs animaux avaient atteint le poids souhaité. Désormais les éleveurs sont nombreux à vouloir aller le plus loin possible dans l'acte de production et aujourd'hui l'acte de vente fait partie de l'acte de production.
. Le prix est-il forcément la seule motivation ?
B. B. - Non. Avec des éleveurs qui travaillent bien souvent seuls sur les exploitations, l'autre phénomène impossible à occulter est la nécessité de rompre cet isolement. Lorsqu'un éleveur vient sur un marché, il le fait aussi pour rencontrer ses collègues. Cela correspond à un besoin de convivialité. On fait d'ailleurs à Ussel entre 250 et 300 couverts les jours du marché. En ces temps de réflexion sur la PAC, les éleveurs apprécient de pouvoir discuter entre eux et rencontrent aussi fréquemment des techniciens ou des élus de la chambre qui les aident à mieux se tenir au courant.
. Vous êtes donc assez serein sur l'évolution des apports sur le marché de Mauriac ?
B. B. - Oui et d'autant plus, compte tenu de la densité des élevages dans cette zone. À Ussel, nous avons 80 000 vaches allaitantes dans un rayon de 80 kilomètres autour du marché. À Mauriac, ils en ont autour de 150 000 dans un rayon identique.
. Les marchés au cadran sont parfois analysés comme un moyen de faire monter le prix du maigre et de ce fait n'inciteraient pas à développer l'engraissement. Que répondez-vous à cela ?
Je rappelle déjà que nous avons actuellement à Ussel autour de 100 à 150 vaches finies par semaine (principalement limousines), ce qui nous a récemment permis d'élargir le cercle de nos acheteurs. Je déplore bien entendu qu'il n'y ait pas davantage d'engraissement sur le plateau de Millevaches. Mais il est malheureusement inenvisageable pour nous de transformer nos maigres prairies en zones de culture produisant 18 tonnes de MS de maïs ensilageà l'hectare ! On serait satisfait si on était certain d'obtenir ne serait-ce que la moitié de ce rendement.
Il faut que l'aval accepte le fait que le prix du maigre n'a pas à être la seule variable d'ajustement dans la valorisation du prix du gras. La filière n'a qu'à se prendre en main pour mieux valoriser la viande finie. Si le prix du gras était plus attractif, il y aurait davantage d'éleveurs qui finiraient leurs animaux. C'est ensuite une idée reçue de croire que l'on ne peut pas faire passer de babys gras sur un marché au cadran. Je suis prêt à parier que cela finira par arriver. Quant au fait que certains puissent reprocher à une structure commerciale de favoriser la hausse des prix pour les productions des agriculteurs, c'est tout simplement une honte.
Identité
. Bruno Bunisset est éleveur de bovins limousins et de porcs sur le plateau de Millevaches. Il est également président du marché au cadran d'Ussel en Corrèze, qui a passé le cap des 20 000 bovins commercialisés l'an dernier.