La houe rotative, matériel incontournable pour le désherbage alterné du maïs
Incontournables en bio, les outils de désherbage mécanique, et plus spécialement la houe rotative, font aussi leurs preuves en conventionnel pour retarder le passage du pulvérisateur et réduire les IFT de la culture du maïs.
Incontournables en bio, les outils de désherbage mécanique, et plus spécialement la houe rotative, font aussi leurs preuves en conventionnel pour retarder le passage du pulvérisateur et réduire les IFT de la culture du maïs.
« Nous menons depuis plusieurs années des essais de désherbage alterné du maïs sur 900 fermes partenaires. Ils ont démontré qu’il est possible, en misant sur un passage précoce d’outils comme la houe rotative, de supprimer un à deux traitements phyto habituels, sans augmenter les coûts du désherbage, ni occasionner de baisses de rendement », affirme David Roy, coordinateur technique d’Agrobio 35. Bon nombre de fermes en conventionnel soucieuses de réduire leurs IFT (indice de fréquence de traitement) sont ainsi amenées à se poser la question du choix d’un outil de désherbage mécanique.
La houe rotative passe à tous les stades jusqu’à 4 feuilles
La houe rotative semble tirer son épingle du jeu face aux herses étrilles, roto-étrilles et bineuses. « Que ce soit pour un investissement en individuel ou en Cuma, la houe rotative offre le meilleur compromis en maïs, car elle permet de travailler en plein à tous les stades de la culture jusqu’à 4 feuilles, garantit le spécialiste. Quand les conditions le permettent, je conseille un premier passage 8 à 12 jours après le semis (6 à 8 jours en non-labour), lorsque le maïs est au stade allumette-1 feuille, puis un second 7 à 8 jours plus tard au stade 3-4 feuilles. » Travaillant à faible profondeur (au maximum 2 cm) pour ne pas arracher le maïs semé à 5 cm, la houe doit intervenir en conditions séchantes, afin de détruire les filaments des adventices, avant qu’elles ne se développent. « L’efficacité est de quasiment 100 %, quand les adventices sont au stade cotylédons, alors qu’elle tombe à 65 % pour un maïs à 2 feuilles. La limite de passage est donc à 1 feuille. »
Simplicité et débit de chantier de la houe rotative
La houe rotative se démarque aussi des autres appareils par son débit de chantier élevé. « Pour bien exploser la terre, la houe étant d’ailleurs dédiée à l’origine à l’écroûtage, il faut atteindre au moins 16 km/h, 18 km/h étant l’idéal, avec des étoiles travaillant à l’endroit. Pour les rares modèles équipés d’étoiles montées à l’envers travaillant avec le dos des cuillères, il faut plutôt travailler à 14 km/h et accepter davantage de plants cassés. » En s’équipant d’un modèle de 6 mètres de large, il est envisageable d’atteindre un débit de chantier de 5,5 hectares par heure avec un tracteur de 110 chevaux. Autre gros avantage de la houe, elle demande très peu de réglages. « Il suffit d’ajuster la position des roues de terrage et, pour celles disposant d’étoiles inversées, il faut en plus agir sur le troisième point. »
Le réglage hydraulique de la pression sur les étoiles peut être un plus pour s’adapter rapidement aux conditions de sol. Autre option, la rangée de peignes optionnelle proposée par certains constructeurs peut parfaire le travail entre les passages d’étoiles, « mais cet équipement va à l’encontre de la polyvalence de la houe. Ces peignes agissent comme une herse étrille et ne sont donc pas compatibles avec la vitesse imposée pour le bon fonctionnement de la houe et avec certains stades du maïs où la houe peut passer », considère David Roy.
Une houe rotative à bras indépendants pour passer dans les pierres
Afin de favoriser la capacité de pénétration, il est préférable de s’orienter vers les machines lourdes, notamment en sols limoneux. En revanche, plus la machine est lourde, plus il faut un tracteur puissant pour travailler à vive allure. Ce dernier doit d’ailleurs être bien chaussé pour limiter la compaction, tout en respectant une voie compatible avec l’interrang de la culture. Dans la conception, les houes disposant d’étoiles montées par paire sur un système de balancier ne sont pas compatibles avec les sols pierreux. « Dans ce cas, il vaut mieux se tourner vers les modèles disposant d’étoiles montées individuellement. »
Chiffres clés
29 à 36 €/ha de coût d’utilisation d’une houe rotative avec :
• 14 000 à 36 000 € d’investissement (hors aides) pour une machine de 6,2 m à 6,4 m
• 27 €/h de coût de traction (tracteur 130 ch, 700 h/an, GNR à 1,5 €/l)
• 10 ans d’amortissement
Jouer la complémentarité avec des matériels en Cuma
Si l’on dispose d’une houe rotative, la herse étrille, la roto-étrille et la bineuse ne sont pas indispensables dans le cadre d’un désherbage alterné du maïs. Elles peuvent toutefois compléter la panoplie de solutions, lorsque certaines sont disponibles en Cuma.
La herse étrille peut présenter un intérêt en désherbage de prélevée avec un passage à l’aveugle avant la levée du maïs. C’est d’autant plus intéressant lors des printemps secs, quand les conditions ne sont pas favorables à un traitement herbicide de prélevée. « Le gros point faible de la herse étrille est son débit de chantier, compte tenu de la vitesse de travail limitée, notamment si l’on souhaite passer à des stades précoces du maïs. Le réglage de l’agressivité des dents est aussi un point sensible que seul un utilisateur régulier pourra bien maîtriser », avertit David Roy, d’Agrobio 35. Les herses proposant une gestion individuelle de la pression des dents offrent plus de subtilité de réglage que celles à plateau, mais leur prix beaucoup plus élevé (deux fois plus cher au mètre) les rend difficilement rentables pour désherber du maïs. « Ces machines sont à réserver aux cultures à forte valeur ajoutée. »
La roto-étrille travaille par recouvrement
Solution intermédiaire, la roto-étrille n’est efficace qu’en prélevée, puis lorsque le maïs est au stade deux à quatre feuilles, comme la herse étrille. Elle offre en revanche davantage de débit de chantier, grâce à des vitesses de travail plus élevées (4 à 5 km/h, plus 1 km/h par feuille) et passe plus facilement dans les débris végétaux. Les conditions motteuses et pierreuses ne facilitent pas son travail et ce n’est pas un outil efficace pour casser la croûte de battance. Travaillant davantage par recouvrement que par arrachement, la roto-étrille n’est efficace que sur des adventices peu développées (5-6 feuilles). Elle demande une certaine finesse de réglage de la profondeur de travail (3-4 cm) et de la pression sur les roues, une contrainte pour une utilisation collective.
Biner l’interrang et butter le rang
Lorsque le maïs est plus développé, la bineuse peut présenter un intérêt pour finir le travail. « Avant de décrocher en chimique, le passage de bineuse limite l’évaporation et peut être l’occasion d’un apport d’azote localisé », indique David Roy. La bineuse ne travaillant que l’interrang, il conseille d’intervenir au stade 7 feuilles en buttant les plants pour étouffer les adventices présentes sur le rang. « Un système de buttage efficace sera une option plus utile et moins onéreuse que les doigts Kress. » Le buttage évite aussi de se rapprocher du rang, limitant ainsi les surcoûts liés à un système de guidage. « Pour une machine qui ne fait pas trop de surface, un attelage frontal est bien suffisant. »
Le portail Optimat accompagne le choix du matériel
Le site web optimat.org, développé par le réseau GAB-Frab de Bretagne, apporte une aide dans le choix du matériel en proposant un outil de simulation et un catalogue des outils de désherbage mécanique commercialisés en France. L’agriculteur peut ainsi déterminer la largeur d’outil adaptée à ses besoins, comparer différentes machines et leurs coûts de chantier, mais aussi évaluer si son parc de tracteurs est compatible. Le catalogue répertorie toutes les marques et modèles, ainsi que leurs caractéristiques. Des prix indicatifs sont aussi disponibles pour les largeurs d’outils les plus courantes.