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« J'économise de l'engrais avec mon combiné de semis multitrémie »

Dominique Véchambre s’est équipé d’un combiné de semis multitrémie pour localiser son engrais dans le rang.

« Mon combiné de semis me permet de localiser l’engrais en même temps que je module mes semis. » Associé avec son frère Mathieu, Dominique Véchambre exploite 250 hectares de cultures à Saint-Hippolyte, en Charente-Maritime. Féru d’agriculture de précision, l’agriculteur, qui pratique le labour sur toute sa surface, accumule les cartographies réalisées sur son parcellaire depuis 2016 et les a compilées sur la plateforme MyJohnDeere. Il y a quatre ans, lorsque les deux frères décident de renouveler leur vieux combiné de semis, ils se donnent pour objectif de trouver un appareil capable de localiser l’engrais et de communiquer avec leur tracteur John Deere pour moduler les apports. « À l’époque, l’offre n’était pas aussi étoffée qu’aujourd’hui, se souvient l’exploitant. Nous avons envisagé un premier combiné, mais l’engrais et la semence étaient transportés dans les mêmes conduites. Finalement, notre choix s’est porté sur le semoir Kverneland E-Drill Maxi Plus, que nous avons acheté sur brochure. » Isobus, l’appareil de 3,50 m de large séduit les agriculteurs par ses deux têtes de distribution distinctes, une pour chacun des deux compartiments de trémie, et pour l’implantation différenciée des deux produits. « Le premier est déposé entre les deux disques, le second un peu plus en arrière, avant la roue de plombage. Comme un peu de terre recouvre le premier produit avant la dépose du second, cela permet, par exemple, de ne pas avoir le grain en contact direct avec l’engrais », explique Dominique Véchambre.

Deux compartiments de trémie et deux doseurs

Bien sûr, le coût d’un tel semoir est bien plus élevé qu’un simple combiné de semis. Mais l’exploitation, à la pointe de la traçabilité, bénéficie d’une certification HVE qui lui a donné accès à des subventions PVE à hauteur de 40 %, ramenant le prix du combiné high-tech au tarif d’un modèle d’entrée de gamme.

Avec sa trémie de 2 100 litres, ses deux rangées de doubles disques de semis et ses deux têtes de distribution, l’ensemble est assez lourd. Malgré une masse de 900 kg en porte-à-faux sur le relevage avant, le tracteur de 155 chevaux, chaussés en pneus VF de 710 mm, se montre un peu juste en termes d’équilibre. « Le but est de ne pas emmener du poids mort pour rien et de ne pas tasser. Hormis lorsque j’évolue autour de l’exploitation, je remplis rarement la trémie à fond. »

Polyvalent, le semoir est doté d'une trémie en deux compartiments (60/40 ou 70/30). Ces derniers peuvent également être associés, la paroi de séparation pivotant pour condamner le second doseur électrique. Le combiné est essentiellement utilisé pour le semis des céréales à paille et les pois, le deuxième compartiment logeant alors la fertilisation non azotée. « J’apprécie la localisation de l’engrais, explique Dominique Véchambre. Et surtout, je sais qu’il est appliqué de manière homogène sur toute la largeur, ce qui n’est pas le cas avec l’épandeur centrifuge traîné que j’empruntais jusqu’alors. De plus, les quantités ont été quasiment divisées par deux. » Du fait de ce mode d’application, l’agriculteur cherche à faire des économies en achetant des engrais moins chers, aux qualités moins bonnes en termes de balistique, mais identiques d’un point de vue nutritif. Une quête compliquée dans sa région.

Une application plus localisée et plus homogène de l’engrais

Pour ce mordu d’agriculture de précision, la gestion indépendante des deux trémies et des deux doseurs constitue aussi un atout du combiné. « Je ne m’aventure pas à faire de la modulation de la fertilisation, car j’estime que mes dosages à l’hectare (100 kg de 0/20/20 en céréales à paille, 80 kg pour les pois) sont déjà très bas, justifie Dominique Véchambre. Mais les bénéfices de la localisation de l’engrais sont clairement visibles. Ce procédé permet de s’affranchir en partie des effets des sols acides ou basiques sur la fertilisation. De plus, l’enracinement est bien meilleur. La culture résiste mieux aux parasites et aux effets du climat. »

En revanche, l’agriculteur joue plus volontiers sur les dosages de semences, n’hésitant pas à pratiquer des variations de dose atteignant 30 %, voire 40 % à l’intérieur de ses parcelles, quand l’hétérogénéité des sols l'impose. « Dans les zones riches en pierres (terres de groies) ou les argiles qui vont générer beaucoup de mottes, je surdose, explique Dominique Véchambre. À l’inverse, dans les sables drainants, à faible réserve utile, je sous-dose, car le potentiel sera plus faible, quelle que soit la météorologie au cours du cycle cultural. »

Des cartes de labourage et d’humidité de récolte comme bases de décision

Pour s’aider dans la constitution des cartes de préconisation au semis, l’agriculteur utilise notamment deux types de carte. « En premier lieu, je m’appuie sur les cartes de labourage, c’est-à-dire de résistance à la traction. Au labour, je donne une vitesse de consigne à mon tracteur, mais les zones plus (présence de pierres) ou moins tirantes (argiles lourdes, sables) font varier la vitesse de travail et toutes ces variations sont enregistrées, géolocalisées et constituent des zones homogènes que je vais caractériser par la suite en fonction de mes connaissances du terrain. En second lieu, je me suis aperçu qu’il y avait une bonne corrélation entre le taux d’humidité de la récolte (mesurée par la moissonneuse-batteuse) et la réserve utile des sols et donc le potentiel de rendement. »

Hormis les zones à plus faible potentiel, Dominique Véchambre s’attache à obtenir un nombre de pieds au mètre carré uniforme sur toute la parcelle, en surdosant là où les pertes à la levée seront plus importantes. « Cela ne veut pas dire que cela se traduira par des gains de rendement au moment de la récolte, mais toujours est-il que je me donne le maximum de chances pour y parvenir. »

Un combiné de semis polyvalent

Elevant des génisses en pension de 1 à 24 mois, Dominique Véchambre utilise aussi le semoir pour l’implantation des prairies. Le ray-grass est emblavé plus en profondeur, tandis que le trèfle est semé plus en superficie, grâce aux conduits habituellement utilisés par la fertilisation. Le céréalier dispose également de couvercles pour les têtes de distribution permettant de ne semer qu’un rang sur deux, qu’il a utilisés pour semer du soja, ou deux types de semence en alternance d’un rang sur l’autre.

L’exploitation en chiffres

250 ha de SAU dont :

10 de maïs irrigué

40 de maïs non irrigué

55 de blé de consommation

15 de blé semence

15 de tournesol

30 de colza

15 de pois semence

8 d’avoine de floconnerie semence

Une cinquantaine en prairies naturelles

40 génisses en pension

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