Identifier les nuisances électromagnétiques en élevages bovins
Un diagnostic géobiologique permet de prévenir l’impact des ondes électriques et électromagnétiques sur les bovins, ainsi que l’influence des failles et des veines d’eau.
Un diagnostic géobiologique permet de prévenir l’impact des ondes électriques et électromagnétiques sur les bovins, ainsi que l’influence des failles et des veines d’eau.
« La géobiologie est la science qui étudie l’ensemble des influences de l’environnement sur le vivant. Le rôle du géobiologue est donc de les identifier et de les neutraliser. Les nuisances géobiologiques peuvent avoir deux origines, naturelle (failles géologiques, cavités souterraines, veines d’eau souterraines, réseaux souterrains…) ou artificielle (rayonnements électromagnétiques, courants électriques vagabonds, lignes haute tension, éoliennes, wifi…)", explique Olivier Ranchy, géobiologue professionnel à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Le géobiologue doit également tenir compte de la présence éventuelle de toxicités liées aux matériaux de construction (fibres, émanations chimiques, moisissures…). "Face à ces pollutions environnementales, les animaux peuvent développer des problèmes de comportement (agressivité, nervosité, prostration dans un coin, lieux non fréquentés…), des maladies (infections, boiteries, problèmes de reproduction, diarrhées…) et cela se traduit généralement par un affaiblissement de leur système immunitaire », souligne Olivier Ranchy.
Les bovins sont 10 fois plus sensibles que nous à ces aspects. Leur seuil de sensibilité est de 500 ohms contre 5 000 pour l’homme. De plus, ils ne sont pas isolés du sol par des chaussures et se trouvent souvent dans un milieu humide. À tout cela, s’ajoute une différence de potentiel entre leurs pattes antérieures et postérieures qui favorise d’autant plus leur ressenti à la tension dite de « pas ». Les jeunes animaux sont encore plus sensibles.
Chasser les courants vagabonds
« Les sollicitations augmentent puisque les nouvelles technologies viennent de plus en plus impacter les animaux. » De ce fait, les services en géobiologie se développent dans les chambres d’agriculture et les groupements de défense sanitaire. « Les élevages allaitants sont généralement moins touchés que les élevages laitiers dans la mesure où les animaux passent moins de temps dans les bâtiments. On rencontre souvent des problèmes sur les vêlages d’hiver. La prise de terre est assez souvent de mauvaise qualité en élevages bovins. En effet, la présence de courants d’eau souterrains et la mauvaise qualité ou le mauvais positionnement des prises de terre représentent les deux problèmes les plus courants. Y remédier permet d’éliminer entre 70 et 80 % des origines de problèmes », indique Olivier Ranchy.
Des champs électromagnétiques générés par des installations extérieures (ligne haute tension par exemple) ou internes à l’exploitation (dysfonctionnement des installations électriques, clôtures…) peuvent provoquer l’apparition de courants parasites (phénomène électrique non désiré) et venir interagir avec les structures métalliques (cornadis, abreuvoirs…). Or, le courant électrique fonctionne en boucle et les électrons qui suivent le chemin de moindre résistance doivent retourner à la source de production par la terre. Dans les chapes en béton, ils reviennent par le treillis métallique ou passent par les circuits d’eau. « Les animaux peuvent ainsi prendre des décharges électriques en s’abreuvant. C’est pourquoi, toutes les masses métalliques doivent être reliées entre elles et évacuées par la prise de terre pour éliminer les courants du bâtiment. »
Attention aux clôtures électriques
« Dans certains élevages, les animaux sortent directement des bâtiments, au champ. Des clôtures électriques permettent de délimiter le chemin à emprunter. Il faut alors être vigilant aux positionnements des électrificateurs (le courant revient à son point d’origine !) pour que le courant ne passe pas sous la stabulation. Attention également à leur puissance, toujours de plus en plus forte. Lorsque les animaux sont rentrés, il est préférable d’éteindre les électrificateurs. » Les installateurs mettent par ailleurs beaucoup de wifi, ce qui n’est pas l’idéal pour les animaux. Ce problème peut être résolu avec l’installation du filaire.
Lors de la présence de lignes à haute tension, il est recommandé d’éloigner le bâtiment d’au moins un mètre pour 1 000 volts. « Dans le cas de panneaux photovoltaïques sur le toit de la stabulation, je recommande de ne pas placer l’ondulateur (champ électrique) sur le mur de la stabulation et de le prévoir à plus de cinq mètres des animaux. Il est important de faire attention également au positionnement des éoliennes. Globalement, il est préférable de faire un diagnostic avant l’implantation d’éoliennes, de photovoltaïques et même d’un méthanisateur (influence de la fermentation) », conclut Olivier Ranchy.
Déroulement d’un diagnostic
Sur le terrain, « je peux intervenir en préventif, sur un projet de bâtiment neuf pour aider les agriculteurs à trouver la meilleure implantation, ou en curatif, pour des diagnostics de bâtiments existants, note Olivier Ranchy, géobiologue, avant d’ajouter : il est plus facile de déplacer un bâtiment sur plan. J’identifie, sur le futur site d’implantation, les nuisances et les perturbations pouvant avoir un impact (failles, cours d’eau, croisement de réseaux, flux électromagnétiques…) sur les animaux et propose un plan avec le meilleur positionnement possible du bâtiment. » Un diagnostic d’implantation d’un raccordement à la terre optimal est également fourni. Le rendez-vous dure d’une demi-journée à une journée selon la surface concernée.
Dans le cadre d’un bâtiment existant, le géobiologue analyse les perturbations auxquelles les animaux sont sensibles (hautes fréquences, courants parasites et vagabonds, radioactivité, résistance à la terre…) et les reporte ensuite sur un plan afin de repérer les zones à problèmes.
Pour effectuer le diagnostic, il utilise une antenne de Lecher, une baguette qui entre en résonance avec la fréquence recherchée lorsqu’elle la rencontre, un multimètre pour détecter les courants alternatifs et continus, une pince ampère métrique pour mesurer les champs électriques et un telluromètre pour mesurer la résistance des prises de terre. En Pays de la Loire, les chambres d’agriculture proposent ce service depuis trois ans et demi.
S’assurer d’avoir une bonne prise de terre
« Il est important de s’assurer que la prise de terre électrique est assez puissante. Pour être efficace, il faut l’éloigner du bâtiment de 20 mètres. Elle doit être installée en tranchée horizontale par l’enfouissement d’un fil de terre, le plus souvent en cuivre nu, d’une section de 25 mm², minimum conseillé, à 50 mm2 gainés et d’une longueur d’au moins 20 mètres selon la résistance du sol », préconise Olivier Ranchy.
La tresse doit être placée à 1 mètre de profondeur et à au moins 20 cm de toutes canalisations. La tranchée d’une profondeur de 1 m et de 4 m de long par 1,5 m de largeur doit être comblée d’un mélange de charbon, de terres végétales et de limailles de fer afin de permettre un meilleur échange des électrons dans le sol.
Des piquets de terre en cuivre (3) sont à placer dans le fond de fouille avec un espacement minimum de 2 mètres. Une tresse de 10 mètres doit relier les piquets de terre entre eux. La connexion entre les piquets, le fil de terre et la tresse de terre devra être soudée.
« Il est possible de remplacer la tresse de terre par 10 mètres de câblette de terre à une section de 25 mm2. Cette prise de terre doit être éloignée d’au moins 20 mètres d’une ligne électrique, d’un poteau Enedis ou d’un transformateur. Pour une terre efficace, la norme électrique (Consuel) pour une maison est inférieure à 100 ohms, dans le cas d’un milieu humide, la référence se porte à 50 ohms. Par contre, en géobiologie on demande d’être inférieur à 15 ohms, avec un optimum entre 2 et 7. »
Mise en garde
Il est indispensable avant de faire un diagnostic, d’avoir réalisé une approche globale de l’exploitation et de l’élevage (alimentation, hygiène, abreuvement…), afin d’éliminer toutes autres sources de problèmes potentiels.
Avis d’éleveur - Daniel Régner, naisseur-engraisseur dans la Sarthe
« J’ai fait appel à un géobiologue l’hiver dernier »
« Depuis que le chargement est arrivé à son optimum dans la stabulation, construit en 2010, j’ai des problèmes pulmonaires et de diarrhées sur les nouveau-nés. Les vêlages ont lieu en septembre (en bâtiment), pour une partie, puis de décembre à mars pour l’autre partie. Les problèmes apparaissent au bout de 24 à 48 heures. Après avoir mis en place différents protocoles sanitaires et éliminé de nombreuses causes sanitaires et ce, sans résultat, j’ai fait appel à un géobiologue. Le diagnostic a été réalisé l’hiver dernier sur une demi-journée. Il a mis en évidence le passage de courants d’eau sous la case de vêlages et un problème de mise à la terre. La prise à la terre a été refaite puisque la valeur mesurée était de 31,15 ohms. J’ai également relié les cornadis, les barrières et toutes les structures métalliques à la terre afin d’évacuer le courant vagabond à la terre. Les veines d’eau ainsi que les failles ont été neutralisées par l’acupuncture du sol afin de diminuer les effets négatifs du cours d’eau.
Sur cette nouvelle campagne de mise bas, la mortalité a chuté à 2 % (contre plus de 10 % les années précédentes), tout comme les frais vétérinaires. J’attends désormais de voir si la baisse de mortalité se poursuit. »