Essai : Valtra Q305 Direct – « Un tracteur confortable et bien équilibré »
Kevin Le Vouedec, chef de cultures de l’EARL Choubard à Lainsecq dans l’Yonne, nous donne son avis après deux semaines au volant du tracteur Valtra Q305 Direct de 305 chevaux.
Kevin Le Vouedec, chef de cultures de l’EARL Choubard à Lainsecq dans l’Yonne, nous donne son avis après deux semaines au volant du tracteur Valtra Q305 Direct de 305 chevaux.
Lancés en 2022, les cinq modèles de la série Q5 renforcent l’offre du constructeur finlandais Valtra dans les fortes puissances en s’intercalant entre les T5 et les tout récents S6. Ces tracteurs sont motorisés par un 6 cylindres Agco Power de 7,4 l offrant une plage de puissance de 230 à 305 ch et un couple maxi atteignant jusqu’à 1 280 Nm sur le plus gros Q305 essayé. Ce dernier est aussi le seul modèle à ne pas disposer d’un boost de 20 ch disponible à la prise de force, au transport et en cas de besoins hydrauliques. Fabriqués en Finlande, les Q5 disposent d’une transmission à variation continue ML 260 issue du groupe Agco. Conçus pour offrir de la polyvalence, ils profitent d’un empattement de 3,05 m et ne pèsent que 9,8 t à vide, pour une charge utile de plus de 6 t.
Un tracteur customisable
La cabine dérivée de celle des T5 conserve une suspension pneumatique, tout comme le traditionnel pont avant de la marque. Dans l’habitacle, on retrouve le nouveau tableau de bord déporté sur le montant droit et l’accoudoir multifonction SmartTouch. Dotés de série de la télématique Valtra Connect, ces tracteurs accèdent à de nombreux automatismes, accessibles depuis le terminal Isobus SmartTouch en bout d’accoudoir ou le second écran optionnel : gestion de fourrière en lien avec le guidage, demi-tour automatique, coupure de section et modulation. Les Q5 peuvent bénéficier de la customisation Valtra Unlimited, qui permet notamment d’accéder au graissage centralisé, au télégonflage, à un kit de feux de travail à LED et à d’autres équipements esthétiques ou techniques.
Les conditions du test
L’essai du Valtra Q305 s’est déroulé à la mi-août, principalement au déchaumage avec un outil à disques indépendants semi-porté de 8 m, un cultivateur à dents porté de 5 m et un rouleau à barre niveleuse de 8,20 m. Le tracteur a également fait de la route pour convoyer une barre de coupe.
Les plus
Confort des suspensions pneumatiques
Performances moteur/transmission
Qualité des écrans
Accès en cabine
Les moins
Largeur et finition de la cabine
Ergonomie du joystick
Identification des distributeurs
Au travail « Un gabarit polyvalent »
La capacité de traction de ce tracteur pesant un peu plus de 10 t avec les deux masses de roues de 500 kg est remarquable. Son bon équilibre et son empattement assez long permettent d’emmener le déchaumeur semi-porté de 8,20 m, planté à 5-7 cm dans des terres non travaillées, jusqu’à 12-13 km/h, sans masse sur le relevage avant. La transmission réactive valorise bien les ressources du moteur, qui régule à un régime de 1 500 tr/min. Le système d’autoguidage est très simple à mettre en œuvre et il est d’une efficacité redoutable à la reprise de ligne en bout de champ, y compris quand le tracteur a beaucoup d’angle.
Avec l’outil à dents porté, le Valtra se comporte tout aussi bien, avec cette fois-ci, une masse d’une tonne sur le relevage avant pour parfaire l’équilibre. Heureusement qu’à l’aide du guidage, on peut travailler en planches, car le rayon de braquage de ce tracteur n’est pas son point fort. Et pourtant les roues avant arrivent bien en butée avec le châssis. On doit pouvoir améliorer un peu les choses en élargissant la voie. J’ai observé durant les travaux de nuit que l’éclairage est au top sur l’arrière du tracteur avec les six phares à LED, mais il est en revanche perfectible sur l’avant, les projecteurs intégrés sur les coins du toit de cabine manquant d’efficacité [d’autres phares peuvent être ajoutés avec le studio Unlimited]. Petite originalité de Valtra, les répéteurs de clignotant intégré au toit à l’arrière de la cabine sont un plus pour la sécurité.
Sur route, le confort est royal. La suspension pneumatique aussi bien sur le pont avant que sur la cabine, apporte vraiment un plus. Rien à redire sur l’insonorisation de la cabine, même si l’on perçoit un peu le bruit du moteur lors des fortes accélérations, mais comme la gestion moteur/transmission vise toujours les bas régimes, on roule à 50 km/h dans le calme. Le seul regret concernant la transmission, c’est le passage des deux gammes qui doit se faire à l’arrêt. Il ne faut vraiment pas oublier de passer en gamme haute avant de se lancer sur la route.
L’attelage des outils est facilité par des bras de relevage assez longs qui laissent beaucoup de place. Les commandes sur les ailes sont à portée de main et complètes : on dispose de deux commandes hydrauliques, une bas débit pour le troisième point et une autre pour un distributeur. Les connexions hydrauliques sont bien réparties et profitent de manettes de décompression. Dommage qu’elles ne soient pas mieux identifiées par un vrai code couleur, que l’on retrouverait en configuration de base dans les réglages du terminal et sur les commandes fingertips.
En cabine « Une finition à peaufiner »
La cabine à cinq montants conçue à la base pour les séries T et N, est à mon goût un peu petite sur ce tracteur de 300 ch, notamment en largeur. On y accède par un super marchepied large et pas trop vertical. Si l’habitacle n’est pas des plus volumineux, Valtra a toutefois très bien optimisé l’espace pour y intégrer un poste inversé, qui se manipule très facilement. Cette cabine offre une bonne visibilité, notamment sur l’avant, grâce à un capot fin et à un système de dépollution très bien intégré : rien ne dépasse à droite du moteur. Dommage que les blocs de phares au sommet de la cabine empiètent sur le pare-brise. La finition de l’habitacle n’est pas complètement en phase avec la prestation haut de gamme de ce tracteur : il y a des zones où la qualité et l’ajustement des plastiques sont à améliorer. Les espaces de rangement ne manquent pas. Dommage que le compartiment fermé et refroidi soit en option. Rien à redire sur l’efficacité de la climatisation, qui comprend de nombreuses bouches d’aération dans le pavillon.
L’accoudoir multifonction regroupe quasiment toutes les commandes du tracteur. On s’y retrouve assez facilement avec des fonctions bien identifiées et pas trop de boutons. Je suis mitigé sur le joystick. Il a le mérite d’être simple à maîtriser avec seulement deux boutons configurables, en plus de ceux des deux distributeurs. Mais j’ai du mal à bien le prendre en main et certains boutons sont durs. Comme il se bascule vers la droite pour rappeler une vitesse mémorisée, pourquoi ne pas avoir opté pour un basculement vers la gauche pour l’inverseur, plutôt que ce petit curseur ? Heureusement, la commande d’inverseur au volant est top ! J’aurais aussi aimé avoir une autre fonction que le changement de gamme sur ce levier, étant donné qu’il faut être à l’arrêt pour l’effectuer. Peut-être que ce ressenti est lié à mon habitude de manier un joystick disposant de nombreux boutons personnalisables. Sur le Valtra, il faut utiliser en parallèle le second joystick pour avoir davantage de choix dans les commandes.
Que ce soit l’écran du tableau de bord sur le montant avant droit ou celui des deux terminaux, la qualité d’affichage est remarquable. L’écran vertical du tableau de bord affiche de nombreuses informations. En naviguant avec une commande sous le volant, on peut choisir différentes configurations d’écran. Il est ainsi très complémentaire du terminal en bout d’accoudoir. Ce dernier offre une navigation intuitive, fluide et rapide. Valtra propose des représentations graphiques très parlantes, comme le régime moteur sous forme de diagramme. Les réglages de la transmission sont aussi rapidement assimilés, hormis la vitesse programmée sur le levier. Le second terminal en option ne gêne pas la visibilité. Il est utile pour l’affichage du guidage ou d’un outil Isobus, pour ne pas se contraindre à faire défiler les pages dans le premier terminal, dont la taille ne permet pas une vue simultanée de plusieurs fonctions. J’ai d’ailleurs vérifié la compatibilité Isobus sur mon semoir Horsch : tout fonctionne !
Entretien « Rien de compliqué mis à part le filtre à air »
Le système de refroidissement est composé de radiateurs fixes avec deux trappes d’accès. Il y a suffisamment d’espace pour les souffler, hormis d’un côté où des conduites gênent un peu l’accès au radiateur principal du moteur. Le filtre à air perché au-dessus du moteur n’est pas évident à atteindre. La jauge à huile, mais également les filtres à huile et gazole sont directement accessibles sur la gauche du moteur, sans démonter le panneau latéral. Du côté droit, le marchepied pivote pour accéder très facilement à la batterie et aux fusibles. Autres bons points : il n’y a pas de graisseurs sur le pont avant, il y a un bel espace sous la cabine pour faciliter le nettoyage et l’huile de transmission est séparée de celle du circuit hydraulique. Du côté droit, la boîte à outils pourrait être plus grande. Quant au filtre de cabine intégré dans le toit, son accès est assez simple, mais le système de verrouillage avec une manette en plastique n’est pas évident à remettre en place.
Fiche Technique
Valtra Q305 Direct
Moteur
Puissance maxi (ISO14396) : 305 ch à 1 650 tr/min
Couple maxi : 1 280 Nm à 1 500 tr/min (95 % du couple max dès 1 100 tr/min)
Cylindrée : 7 400 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec FAP/DOC/SCR
Capacité d’huile du moteur : 20 l
Espace entre chaque vidange : 600 h
Transmission
Type : Variation continue ML260
Régime moteur à 40/50 km/h : 1 400/1 640 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant : 540E/1000/1000E à
1 577/1 882/1 605 tr/min (Av. : 1000 à 1 900 tr/min)
Circuit hydraulique
Type : Load Sensing
Débit : 200 l/min à 1 950 tr/min (220 l/min à 2 150 tr/min)
ou « pompe Eco » 205 l/min à 1 650 tr/min (280 l/min à 1 950 tr/min)
Volume d’huile hydraulique exportable : 75 l
Nbre de distributeurs de série : 4 (5 en option)
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (arrière/avant) : 10/4,8 t
Dimensions
Capacité du réservoir de carburant/AdBlue : 430/45 l
Hauteur hors tout : 3,24 m
Empattement : 3,05 m
Rayon de braquage : 6,75 m
Poids à vide : 9 800 kg
PTAC : 16 000 kg
Monte pneumatique du modèle essayé : VF650/85 R38 et VF600/70 R30
Budget
Prix catalogue au 01/01/24 : 298 000 euros HT