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Elevage bovin
En Haute-Garonne, une autonomie alimentaire complète

Hormis les minéraux, l´EARL Baron n´achète plus rien pour nourrir ses animaux. Fourrages, céréales, protéagineux, tout est produit sur place. Un solide argument pour la vente directe.


L´Earl Baron est à elle seule un résumé de l´évolution de l´élevage depuis deux ou trois décennies. Traditionnelle au départ, l´exploitation a d´abord vécu une période de forte intensification avec engraissement de jeunes bovins pour revenir à une conduite plus extensive ces dernières années (1,3 UGB par hectare) ; CTE et Pac sont passés par là. Il reste cependant un fil conducteur : l´engraissement. Sauf que les jeunes bovins ont cédé la place à un troupeau de 90 Blondes d´Aquitaine. Aujourd´hui, Odile et Gérard Baron engraissent des vaches de réforme et des veaux qu´ils commercialisent en vente directe. Et fait plus rare, l´exploitation fonctionne en autonomie alimentaire complète. « Sauf les minéraux », précise Gérard Baron. Les concentrés sont fabriqués avec du triticale, du maïs, du pois et du soja, produits sur la ferme. « Je voulais une image de marque en évitant des achats à l´extérieur ».
Agrippée aux coteaux très vallonés du Volvestre (à Montégut-Bourjac), au sud-ouest de Toulouse, l´exploitation est en situation favorable pour satisfaire tous les besoins du troupeau. Les pentes sont consacrées à la production d´herbe, soit 110 ha sur les 190 ha de SAU. Les bonnes terres sont réservées aux cultures. Mais, la moitié de ces surfaces cultivées est destinée à l´alimentation des animaux : 5 ha de triticale, 9 ha de pois, 9 ha de soja et 16 ha de maïs (irrigué), dont 4 ha récoltés en grain humide.
Gérard Baron cultive du pois depuis 1987. Excellente tête d´assolement, le pois bénéficiait aussi d´une prime intéressante. Au départ, il avait l´intention de le vendre. Mais, les rendements sont assez aléatoires et en moyenne pas très élevés (25 quintaux par hectare). Il a donc préféré utiliser sa récolte pour nourrir les animaux. Le pois est une culture qui exige une conduite très stricte (voir avis d´expert), notamment au niveau des traitements, qu´il reconnaît ne pas suivre à la lettre. Il cultive principalement des variétés d´hiver.
La culture du soja est ancienne également sur cette exploitation. Plus rustique que le pois, le soja donne des rendements de l´ordre de 20 quintaux par hectare lorsqu´il est cultivé en sec. C´est aussi une bonne tête d´assolement. De plus, le Conseil général de Haute-Garonne attribue une aide pour la culture de soja de pays. Jusqu´à présent, toute la récolte était vendue. Un récent essai conduit par l´AGPM a montré que l´on pouvait introduire du soja graines entières, en quantité limitée, dans l´alimentation des bovins. Des résultats qui ont convaincu Gérard Baron de conserver la récolte de cet automne.
Résumons-nous : pour nourrir ses animaux, Gérard Baron peut compter, bon an, mal an, sur 50 tonnes de maïs grain humide, 30 tonnes de triticale, 20 tonnes de pois et 15 tonnes de soja. Concernant les fourrages, il ensile 12 ha de maïs, avec un rendement qui varie de 16 à 18 tonnes de matière sèche par hectare, et 12 à 14 ha d´herbe, à raison de 6 à 7 tonnes de matière sèche par hectare. Il fauche enfin 60 à 70 ha d´herbe dont 4 ha de luzerne, récoltés principalement en foin.
Les veaux destinés à la vente directe sont choisis parmi les mâles et abattus entre 9 et 10 mois à 280 - 300 kilos de carcasse. ©B. Griffoul

Le même aliment pour tous les animaux avec rations adaptées
Vu la somme de travail à assumer, Gérard Baron a l´habitude de travailler de manière simple et efficace. Il a installé une fabrique d´aliment à la ferme avec quatre cellules de stockage d´une capacité totale de 175 tonnes et un aplatisseur-mélangeur monté sur bascule électronique. L´éleveur ne fabrique qu´une formule d´aliment pour tous les animaux : un tiers de maïs, un tiers de triticale et un tiers de pois. Cet hiver, ce dernier tiers sera composé de soja et de pois. Il ajoute également 1 % de CMV (6,5 P - 25 Ca - 5 mg). Pour Jean Dangla, conseiller élevage et protéagineux, ce n´est pas exactement ce qu´il faudrait faire d´un point de vue technique : « Cette formule est un peu juste en azote, car le pois seul a la valeur d´un concentré. Mais, on trouve cette utilisation dans beaucoup de fermes. Le soja permettra d´augmenter la valeur en azote. »
Même aliment pour tout le monde mais des rations malgré tout soigneusement composées. L´hiver, les vaches en lactation sont nourries avec ensilage de maïs, ensilage d´herbe et foin. La quantité de maïs augmente aux dépens de l´herbe au fur et à mesure que les veaux grossissent. Elles reçoivent aussi une quantité croissante de concentré (de 1 à 3 kg).
A partir du sevrage, les génisses consomment de l´ensilage de maïs complémenté avec 1 à 2 kg d´aliment. Elles sont saillies à l´âge de 2 ans.
Un complément du même CMV est distribué aux vaches et aux génisses sur l´ensilage. Le concentré est distribué à l´auge avec un quad. Sevrés entre 6 et 7 mois, les broutards sont repoussés pendant 3 mois minimum avec un peu d´ensilage de maïs (4 à 5 kg bruts), du foin à volonté et 4 kg de concentré.
Les animaux destinés à la vente directe sont engraissés avec du foin et de l´aliment fermier, le tout à volonté. Une fois sevrés, les veaux sont finis pendant près de 3 mois avec du foin de graminées auquel s´ajoute jusqu´à 6 kg de concentré par jour. Les vaches ont droit à du foin de luzerne. Gérard Baron constate qu´elles consomment en moyenne 7 à 8 kg d´aliment. La finition est longue : 6 mois en moyenne.
« Nos clients nous disent que notre viande est plus goûteuse que celle qu´ils consommaient avant. Je l´attribue principalement au foin de luzerne ainsi qu´à une période d´engraissement plus longue. Depuis 8 ans que j´utilise ce régime alimentaire, je n´ai jamais eu une bête qui est tombée claire. Même les génisses de 36 mois sortent comme des vaches de 8 ans. J´ai une très bonne homogénéité d´animaux. »
Une pratique coûteuse - 150 euros de plus par bête par rapport à un engraissement de 120 jours, estime l´éleveur - mais qui se justifie par la valorisation en vente directe.
De toute manière, il est clair que Gérard et Odile Baron n´ont pas fait ce choix d´une totale autonomie alimentaire pour des raisons pécuniaires. Une récente étude de l´Institut de l´élevage a montré que cultiver des protéagineux pour nourrir ses animaux était neutre d´un point de vue économique. On ne perd pas mais on ne gagne rien, par rapport au prix actuel du tourteau de soja. Les motivations sont autres.
L´éleveur distribue les ensilages avec un godet désileur, puis, il passe avec le quad pour donner l´aliment. Dans tous les parcs, du foin est à disposition des animaux. ©B. Griffoul

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