« Du sorgho dans mes parcelles séchantes »
Gilles Baboin, installé dans la Drôme, a une grande expérience du sorgho. Il le réserve à ses parcelles trop séchantes pour le maïs et le cultive aussi parfois dans ses bonnes parcelles.
Gilles Baboin, installé dans la Drôme, a une grande expérience du sorgho. Il le réserve à ses parcelles trop séchantes pour le maïs et le cultive aussi parfois dans ses bonnes parcelles.
Gilles Baboin élève une quarantaine de Charolaises à Fay-le-Clos, dans le nord de la Drôme (1). Il a été un des premiers éleveurs de cette zone à cultiver du sorgho monocoupe il y a une vingtaine d’années, pour sa bonne résistance aux conditions sèches. « Le sorgho est semé dans des parcelles trop séchantes pour le maïs », explique Gilles Baboin, qui n’irrigue pas ses cultures. L’éleveur dispose pour concocter ses rations du blé et de l’orge de l’exploitation, et il cultive aussi du maïs ensilage sur une vingtaine d’hectares. Il ne cherche donc pas à maximiser la teneur en amidon de son sorgho mais plutôt le tonnage, et il a choisi des variétés de sorgho BMR mâles stériles, qui donnent un peu plus de volume que les variétés qui font des grains.
Gilles Baboin sème en général deux variétés dans chaque parcelle, dont l’une est plus riche en matière sèche que l’autre. Il apporte 80 à 100 unités d’azote maximum (selon le précédent), et 10 t/ha de fumier ont été épandues en général l’année précédente. La densité de semis est d’environ 200 000 pieds/ha. C’est une plante qui talle énormément. « Dans ces conditions, le risque de verse est maîtrisé. » L’éleveur vise un ensilage à 30 % MS mais ce n’est pas toujours possible, il est parfois plutôt à 25 %. En effet, quand la météo de la fin d’été est favorable, le sorgho est en pleine pousse au moment où il faut le récolter car le risque des premiers gels se présente. « Même à 30 % de matière sèche, l’ensilage forme des jus. Je déroule du foin sur une épaisseur d’environ 15 centimètres sur le sol du silo avant d’ensiler. Le foin absorbe les jus, il n’y a pas de pertes, et il est très bien consommé par les animaux », observe Gilles Baboin.
Des rations pour vaches de 15 UF sans concentré
Le potentiel de rendement est de 10 à 11 tMS/ha chez Gilles Baboin. Le suivi annuel effectué par la chambre d’agriculture de la Drôme a montré que les années où la sécheresse d’été est marquée (2015 et 2017), le rendement est 17 à 20 % inférieur à celui des années avec un « été drômois habituel » (2014 et 2016). « Dans ce type de parcelles, si je semais un maïs, j’aurais une baisse de rendement plutôt de 70 % les années sèches », estime l’éleveur. En 2019 cependant, les conditions extrêmes ont impacté le sorgho pour la parcelle semée derrière un ray-grass. Elle a donné 5,3 tMS/ha car il n’y a pas eu de pluie du tout et la réserve du sol était insuffisante pour deux cultures. Cependant, si Gilles Baboin estime son stock de foin insuffisant, il organise une parcelle de deux ou trois hectares en double-culture : un méteil est semé à l’automne, ensilé en mai et suivi d’un sorgho.
Le sorgho entre dans la ration de toutes les catégories d’animaux en respectant la règle des 30 % maximum de la matière sèche ingérée. « La digestion de l’ensilage de sorgho est tellement rapide que si on en met davantage, les vaches ont des diarrhées et le valorisent mal. Par contre, par exemple pour les vaches suitées, on couvre 15 UF sans concentré. » Les analyses montrent que la valeur de l’ensilage de sorgho varie selon les années entre 0,9 et 1,10 UF/kgMS et entre 35 et 43 g de PDI.
Pas plus de 30 % d’ensilage de sorgho dans la ration
Ration des vaches suitées : 15 kg bruts d’ensilage de ray-grass, 7 kg d’ensilage de maïs et 7 kg d’ensilage de sorgho, foin à volonté (5 kg par jour environ), 100 g d’urée.
Ration des laitonnes : 10 kg bruts d’ensilage d’herbe et 5 kg de d’ensilage de sorgho.
Ration des jeunes bovins : 15 kg bruts d’ensilage de maïs, 5 kg d’ensilage de sorgho, 3 à 4 kg de maïs grain humide, 1,2 à 1,5 kg de tourteau de colza.