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Du maïs épi dans les rations pour gagner du temps

Coût de mécanisation réduit pour la distribution, concentration des rations en énergie, gain de temps : l’ensilage de maïs épi revêt de nombreux atouts pour Daniel et Alexandre Comin, éleveurs dans l’Orne.

Depuis trois ans, à l’EARL de l’Orne Saosnoise, à Igé dans l’Orne, 12 hectares parmi les 60 destinés à la culture de maïs (ensilage plante entière et grain) sont réservés pour produire de l’ensilage de maïs épi. Ce nouvel aliment riche en énergie (1,05 UFV/kg de matière sèche) est venu remplacer le maïs ensilage plante entière et le maïs grain aplati dans les rations des animaux du troupeau (130 vêlages, dont 85 en Limousines et 45 en Charolaises, génisses, taurillons et broutards achetés). Sa teneur en cellulose quatre fois plus élevée que celle du maïs grain permet de sécuriser les rations. Pauvre en matière azotée totale, il nécessite l’incorporation d’un correcteur azoté.

« Pour les taurillons, le maïs épi est distribué à volonté, du sevrage à 550 – 600 kilos vif, avec un correcteur azoté et de la paille à volonté puis avec du blé jusqu’à l’abattage. Le maïs rafle est également intégré dans la ration des génisses à de la luzerne déshydratée 23, du foin de prairie et de luzerne. Les vaches disposent quant à elles, d’enrubannage de luzerne (10-12 kg brut), de maïs épi (2-3 kg brut) et de foin de prairie à volonté », précise Alexandre Comin, l’un des deux associés de l’EARL.

Performances et simplification des rations

Le maïs est distribué au godet (2 500 €), les râteliers sont remplis pour la semaine et le reste est déroulé. « Cela nous a permis de gagner en temps de travail et de distribuer la ration avec du matériel peu coûteux. Les taurillons sont désormais soignés en seulement 10 minutes contre 45 minutes auparavant. Il n’y a pas de refus. L’aliment est appétent. Le maïs épi nous permet de disposer d’une ration unique simple et sécurisante sans perte de performances sur les taurillons. Le GMQ du sevrage à 1 an s’élève à 1 600 g pour les taurillons limousins. Le coût de la ration d’engraissement est de 1,4 €/j pour un maïs à 150 €/t. Le maïs épi est l’unité d’énergie la moins chère du marché ramenée au point d’UF », observe l’éleveur. Au pré, les broutards disposent d’un nourrisseur avec du maïs rafle. Ainsi, la transition alimentaire n’est pas un problème en engraissement. « Je trouve même qu’ils démarrent mieux qu’avec un complément maïs grain – luzerne déshydratée."

Les éleveurs engraissent également 200 taurillons sur une seconde structure. Ces animaux, qui bénéficient encore d’une ration composée de maïs ensilage plante entière, maïs grain humide, blé et correcteur azoté, vont, à la prochaine récolte, disposer de la même ration que les taurillons nés sur l’élevage, les exploitants comptant récolter les 60 hectares en maïs épi. « Passer toute la surface sous cette forme nous permettra d’aller dans des parcelles plus éloignées, d’augmenter la rotation et d’apporter une solution sur le désherbage. Au lieu d’avoir une rotation blé-maïs, on basculera sur une rotation blé-maïs-blé-colza. »

Chantier d’ensilage : des économies de main-d’œuvre

L’ensilage de maïs épi avec la rafle et les spathes se récolte à l’ensileuse équipée d’un bec cueilleur à maïs. Une interface spécifique est nécessaire entre le cueilleur à maïs et le rotor hacheur. « Le cueilleur est équipé d’un broyeur de tiges. Le reste de la plante (tige plus ligneuse et feuilles) est broyé et laissé au sol. Le chantier s’effectue ensuite comme celui d’un maïs ensilage traditionnel. Le volume récolté et transporté est toutefois divisé par trois. Aussi a-t-on besoin de beaucoup moins de remorques (trois), donc de moins de monde. D’où des économies de main-d’œuvre et moins d’allers-retours au silo. Le chantier d’ensilage est réalisé par la Cuma à un prix très intéressant : 250 € de l’heure soit 100 € de l’hectare (chauffeur et fuel compris). Le débit de chantier est de 2,5 hectares à l’heure. Nous sommes 10 – 12 personnes à récolter du maïs épi à la Cuma soit environ 150 hectares engagés. La Cuma a investi dans un cueilleur 8 rangs d’occasion d’où un flux plus important », explique Alexandre Comin.

Le taux de matière sèche d’un ensilage de maïs épi doit se situer autour de 53 à 55 %, soit un taux d’humidité du grain entre 36 et 37 %. Le chantier d’ensilage s’effectue généralement 10 à 12 jours après la date optimale d’un chantier d’ensilage de maïs plante entière et 8 à 10 jours avant celui du maïs grain.

Un rendement oscillant entre 10 et 12 tonnes de matière sèche

En conditions normales, le rendement d’ensilage en épis complets atteint les deux tiers de celui en plante entière. Autour de 8 tMS/ha pour une parcelle avec un potentiel de 12 tMS/ha en maïs fourrage. « Le rendement oscille entre 10 et 12 tonnes de matière sèche à l’hectare pour un coût de production (engrais, phytosanitaires, travail du sol, récolte…) de 40 €/t brut. On a récolté un peu sec, ces deux dernières années. Or, plus le maïs est sec, plus les rafles se détachent. »

L’ensilage de maïs épi se conserve comme un maïs fourrage plante entière en silo couloir classique sous bâche. Pour une bonne conservation, les règles habituelles s’appliquent, auxquelles s’ajoute la nécessité d’un front d’attaque pas trop large. « On a installé des murs en T inversé afin de réduire la largeur du silo (6 mètres de large) qui servait pour le maïs fourrage plante entière et ainsi avoir une vitesse d’avancement de 10 cm par jour sur tout le front d’attaque. En fonctionnant ainsi, le silo se conserve bien sans recours à un conservateur », précise Alexandre Comin.

Avis d’expert

Samuel Chapeau, conseiller bovins viande au Clasel

« Un bon outil pour ramener de l’énergie concentré »

« L’ensilage de maïs épi est un bon outil pour ramener de l’énergie concentrée par rapport à un maïs ensilage plante entière. Toutefois, il faut faire attention au taux de cellulose de la ration et mettre de la paille à disposition des animaux pour les faire ruminer. Le stade optimal de récolte d’un maïs se situe entre 36 et 38 % d’humidité. Pour savoir si on l’a atteint, il faut faire des échantillons sur le grain en épluchant des pommes de maïs puis les passer à l’humidimètre. Si l’on obtient 35 % d’humidité à la main, on aura alors 37 à 38 % d’humidité à l’ensileuse. Le coût de cet aliment varie entre 17 et 20 € la tonne brute en incluant la récolte, le transport et la bâche. »

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