Deux écoles pour concevoir ses mélanges pour prairies
L’AFPF édite des guides et met à jour chaque année des listes de variétés recommandées. L’association préconise des mélanges ne contenant pas plus de six espèces, contrairement à la méthode Capflor, développée par l’Inrae de Toulouse, qui conçoit des mélanges pour prairies à flore variée souvent bien plus étoffés.
Depuis 2000, Herbe-book centralise et met à disposition gratuitement les informations sur l’ensemble des variétés des principales espèces fourragères inscrites au catalogue français. Les notes et appréciations sont issues des évaluations effectuées pour l’inscription officielle des variétés. On en compte plus de 500. En 2021, l’AFPF, l’association francophone pour les prairies et les fourrages, en concertation avec l’Union française des semenciers (UFS), a créé deux listes de variétés recommandées, l’une pour la fauche et l’autre pour le pâturage, qui sont actualisées chaque année. « L’objectif est d’identifier, de manière immédiate et pour les principales espèces fourragères, les variétés les plus adaptées à une utilisation au pâturage ou en fauche », explique l’organisme sur son site.
Des règles de composition en appui
L’AFPF a également édité des règles de composition pour les mélanges prairiaux issues d’un travail collectif réalisé par ses membres. On peut les retrouver dans deux guides, un pour les mélanges d’une durée de moins de trois ans et l’autre pour ceux d’une durée de trois ans et plus. Mis à jour en 2021, ils sont disponibles gratuitement en ligne. Ils donnent des repères utiles notamment sur le nombre d’espèces et de variétés.
Par exemple, pour les mélanges d’une durée de trois ans et plus, « d’une manière générale, il ne nous semble pas utile d’associer plus de huit variétés au total parmi six espèces différentes au maximum, chacune devant apporter des fonctions complémentaires », est-il précisé dans le guide. « La dose maximale de semis d’un mélange ne devrait pas dépasser 30 kg par hectare, afin que chaque variété puisse s’exprimer (à l’exception des espèces avec des graines plus grosses comme le brome par exemple). »
La méthode Capflor, conceptualisée par l’Inrae de Toulouse depuis 2011, n’est pas sur la même ligne. Les mélanges y contiennent toujours plus de six espèces. Les trois familles – graminées, légumineuses et diverses – avec pour de nombreuses espèces toujours plusieurs variétés, y sont assemblées. « La construction de mélanges pour prairies avec beaucoup de plantes est commune à de nombreux pays. La Suisse, mais aussi l’Allemagne, l’Autriche… sont dans cette optique. Seuls la France et les pays anglo-saxons dont le climat est plutôt océanique arrosé jusque-là sont davantage tournés vers des mélanges avec un nombre d’espèces limité », explique Vladimir Goutiers, chef de projet Capflor à l’Inrae de Toulouse.
Trois outils pour orienter ses choix
Le module « composer sa prairie » de l’application Happy Grass (1) aide depuis 2018 l’utilisateur à raisonner ses choix d’espèces à partir de questions simples sur la nature du sol, le climat, le mode d’exploitation envisagé, l’animal consommateur et la pérennité attendue du couvert. Les espèces sont recommandées pour trois configurations prairiales – en pur, en association, ou en mélange multiespèces – avec chaque fois une dose par hectare et une liste des critères variétaux à privilégier.
Les réglettes fourragères de Semae, qui tiennent dans la poche, permettent aussi de se poser les bonnes questions en facilitant une première sélection d’espèces fourragères, en pur ou en mélange, en rapport avec le contexte d’exploitation.
Capflor, méthode conceptualisée par l’Inrae de Toulouse, est en cours de développement d’un outil d’aide à la décision web.