Des légumineuses fourragères annuelles prometteuses
En récolte précoce, Arvalis a testé tout un panel de vesces, trèfles annuels et autres légumineuses. Plusieurs de ces espèces ont prouvé leur capacité d’association avec le seigle. Dans cette configuration, le potentiel de rendement varie de 4 à 6 t MS/ha et la valeur alimentaire approche 1 UF/kg MS.
En récolte précoce, Arvalis a testé tout un panel de vesces, trèfles annuels et autres légumineuses. Plusieurs de ces espèces ont prouvé leur capacité d’association avec le seigle. Dans cette configuration, le potentiel de rendement varie de 4 à 6 t MS/ha et la valeur alimentaire approche 1 UF/kg MS.
Dans le cadre du plan Cap protéines, Arvalis-Institut du végétal a étudié entre 2021 et 2023 le potentiel de treize espèces de légumineuses fourragères annuelles sur neuf sites répartis sur le territoire français. « Après un semis entre fin septembre et début octobre, ces cultures étaient récoltées une seule fois avant le 15 avril », a présenté Silvère Gelineau, ingénieur en agronomie et productions fourragères à Arvalis, à l’occasion d’une conférence au Sommet de l’élevage 2023. L’objectif pour ce type de dérobée est d’être récolté en période sécurisée vis-à-vis de l’alimentation hydrique et de libérer la parcelle pour un semis de maïs, voire de sorgho ou de tournesol.
La capacité d’association de ces treize espèces a été testée d’abord avec trois graminées plus ou moins agressives : fétuque, seigle et ray-grass d’Italie (RGI). L’année suivante, toutes ont été associées à du seigle en comparant différentes densités de semis.
Sensibilité aux maladies et au gel
La vesce velue s’en sort bien sur de nombreux tableaux – couverture rapide du sol, capacité à l’association avec le seigle, rendement et matière azotée totale (MAT) – mais elle a subi des pourritures dans plusieurs modalités d’essais en cas d’automne humide. « Les autres espèces qui globalement donnent de bons résultats sur les deux années d’essais en termes de rendement sont le trèfle incarnat et le trèfle de Micheli. Mais le trèfle squarrosum, le trèfle d’Alexandrie et la vesce commune sont aussi intéressants. Il faudrait mieux connaître le contexte agronomique dans lequel ils joueront pleinement leurs cartes », analyse Silvère Gelineau.
En association avec du seigle à seulement 60 grains par mètre carré, certaines de ces espèces ont donné des rendements similaires à celui d’un RGI (au stade épi 20 cm), de l’ordre de 4 à 6 t MS/ha, avec une valeur alimentaire globalement égale à supérieure. Et ceci sans avoir reçu les 80 unités d’azote par hectare du RGI. « Ce sont des espèces plutôt prometteuses, d’autant plus qu’il reste une marge de progression avec des associations éventuelles plus complexes de plusieurs trèfles et/ou vesces dans un même mélange. »
« En testant le semis avec des doses de seigle croissantes de 5 à 30 kg/ha, nous avons vu que de nombreux trèfles et la vesce commune ont une bonne capacité d’association : nous avons obtenu plus de 30 % de légumineuses dans les mélanges », note Silvère Gelineau. La lentille noirâtre, le trèfle hybride et le trèfle vésiculé sont les trois qui supportent le moins d’être associés, et le rendement global de l’association était aussi inférieur.
210 à 230 g MAT/kg MS pour les vesces
Les teneurs en MAT des légumineuses étaient très bonnes. Les trèfles apportent entre 150 et 180 g MAT/kg MS. Les vesces sont un cran au-dessus entre 210 et 230 g/kg MS. « Ramenée en valeur UF de l’association avec le seigle, la valeur alimentaire, qui approche 1 UF/kg MS, est satisfaisante », estime l’expert.
En somme de degrés jours, dans le pool de plantes étudiées ici, la féverole et la vesce velue sont un peu plus précoces que les autres. Parmi les trèfles les plus précoces, figurent le trèfle incarnat et le trèfle de Micheli. Le trèfle squarrosum et le trèfle d’Alexandrie sont un peu plus tardifs que les autres, sans pour autant que cela pénalise leur productivité.
Décaler le semis à la première décade d’octobre au lieu de la dernière décade de septembre a permis dans ces essais de réduire la pression des maladies. « Les trèfles ont maintenu leur rendement en 2023 car ils ont moins subi les attaques de sclérotinia », partage Silvère Gelineau. Mais cela pénalise de toute façon le rendement total. « Dans cet essai, avec un semis plus tardif, environ une tonne de rendement a été perdue car la graminée s’est un peu moins développée », reprend-il.
Un potentiel de rendement autour de 3 t MS/ha en culture pure
Rendement (en t MS/ha) en fonction de la quantité de MAT produite par hectare en première coupe en culture pure
Des espèces à mieux caractériser
« La lentille noirâtre, qui a un port très fin et se prête mal à l’association avec une graminée, n’a donné que de très faibles rendements sur ces essais », observe Silvère Gelineau, d’Arvalis. Le trèfle de Perse est prometteur en termes de couverture du sol avant l’hiver, mais il s’est révélé très sensible au sclérotinia. La vesce de Narbonne a gelé dans un certain nombre de sites d’essais, mais avec son port très érigé, elle a un potentiel en tant que tuteur dans une association. Le trèfle hybride se prêterait mieux à une valorisation sur plusieurs coupes ou plusieurs années. Le trèfle vésiculosé n’a pas montré de capacité à l’association avec une graminée. Le trèfle d’Alexandrie donne un bon rendement mais il est encore à un stade végétatif entre mi-mars et fin avril à la date de récolte. « Il y a encore des choses à creuser sur la façon de valoriser le potentiel de ces espèces et leurs usages. Les essais se poursuivent à Arvalis. »