Des capteurs miniatures pour connaître au quotidien la valeur des fourrages
Aujourd’hui, les capteurs Spir se miniaturisent. Arvalis a commencé en 2019 à les tester pour évaluer leur précision sur fourrages. De nombreuses utilisations intéressantes sont entrevues pour un usage au quotidien en élevage.
Aujourd’hui, les capteurs Spir se miniaturisent. Arvalis a commencé en 2019 à les tester pour évaluer leur précision sur fourrages. De nombreuses utilisations intéressantes sont entrevues pour un usage au quotidien en élevage.
L’analyse par spectrométrie dans le proche infrarouge (Spir) est utilisée depuis longtemps en laboratoire et dans des outils portatifs, et également dans des capteurs embarqués, par exemple sur des ensileuses. Cette méthode est aujourd’hui davantage utilisée pour l’analyse des fourrages que la méthode de l’analyse chimique. Rappelons que c’est une mesure physique de la capacité des différents composants chimiques à absorber la lumière. On obtient un spectre d’absorption des différentes longueurs d’ondes, qui à partir du calibrage de l’appareil, permet d’identifier et de quantifier les différents composants d’un fourrage pour en évaluer sa valeur alimentaire.
Connaître au quotidien la teneur en MS des fourrages
« Aujourd’hui, les capteurs Spir se miniaturisent. Ceci laisse entrevoir une valorisation possible des mesures qu’ils permettent à l’échelle d’un élevage », explique Anthony Uijttewaal, ingénieur agronomie et récolte fourrages à la ferme expérimentale Arvalis de La Jaillière. Des premiers tests de ce type de matériel – les modèles Tellspec et SCiO – ont démarré en 2019 à la digiferme de Saint-Hilaire-en-Wöevre (Meuse) et à la station expérimentale de La Jaillière (Loire-Atlantique).
La première tâche entreprise par Arvalis est de tester ce que permet ce type de matériel pour connaître le taux de matière sèche des fourrages. Les spectres de 200 échantillons de maïs fourrage vert ont été acquis et référencés par rapport à leur taux de matière sèche mesuré en étuve ventilée. Une équation de calibration pour juger la qualité des capteurs est en train d’être bâtie. « Sur le blé, ils ont déjà fait la preuve de leur précision. Mais les fourrages sont beaucoup plus hétérogènes. »
À décliner sur la MAT, les fibres… et sur tous les fourrages
En cas de réussite, de nombreuses perspectives d’utilisation s’ouvrent pour un éleveur. « Ce type de capteur pourrait permettre de mesurer, à chaque fois et en autant de points qu’on le souhaite, le taux de matière sèche d’un fourrage », décrit Anthony Uijttewaal. Ceci pour gagner en précision pour la détermination de la date de récolte, pour l’estimation du rendement, pour l’ajustement de la quantité distribuée aux animaux. Le taux de matière sèche est en effet très hétérogène sur des balles d’enrubannage notamment, ou encore entre le front d’attaque et le reste du silo. Avoir accès de façon quotidienne à la teneur en matière sèche des fourrages permettrait de donner toujours la bonne quantité de matière utile aux animaux.
Des perspectives s’ouvrent aussi dans un second temps sur la prédiction des teneurs en constituants chimiques d’un fourrage ; teneur en MAT, en amidon, en fibres, en sucres… sur maïs fourrage mais aussi sur graminées et/ou légumineuses, puis sous d’autres formes de conservation des fourrages (vert, fermenté, séché…). Une importante quantité de travail de recherche et développement sera nécessaire pour bâtir les calibrations et valider la capacité et la précision des capteurs. Comme toujours pour l’infrarouge, il faudra ensuite enrichir en continu les bases de données (via le cloud) pour les améliorer. Enfin, il faudra définir des précautions d’usage de ce matériel (température…).
Le tarif des capteurs Spir miniatures (vendus sans calibration) varie actuellement de quelques centaines d’euros à environ 2 000 euros.
Une sonde connectée de température pour les fourrages testée par Arvalis
La sonde de température connectée Vigithermik de la société Pampaas a été testée par Arvalis à la digiferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre (Meuse). Elle mesure en continu la température à l’intérieur d’une balle de fourrage, en son centre. On peut paramétrer un seuil d’alerte (SMS ou mail). « Pour détecter un risque d’incendie, une alerte est déjà paramétrée par la start-up dès que la mesure dépasse 40 °C. Ce système est fiable », observe Didier Deleau, ingénieur régional fourrages à la station expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre. « Ce qu’on pourrait également attendre de ce type d’équipement, c’est une prédiction de la perte de valeur alimentaire du fourrage en fonction du niveau et/ou de la durée de l’élévation de la température qu’il a subi. » Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le coût représente environ 390 euros, abonnement inclus. Vigithermik fonctionne sur un réseau d’ondes radio, et sans application mobile.