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Chez Benoît Prieur en Vendée
Des Blondes très bien conduites sur des sols à faible potentiel

Installé en Vendée, Benoît Prieur maîtrise la conduite de ses 95 Blondes d’Aquitaine. Il engraisse des jeunes vaches et des jeunes bovins d’un an avec des rations contenant du maïs grain humide. Les résultats économiques sont au rendez-vous.

À Tallud-Sainte-Gemme, Benoît Prieur dispose de sols à faible potentiel. Sur une nappe de schistes avec de l’argile, ils sont très peu profonds, et à la fois séchants et hydromorphes. Le maïs ensilage a un potentiel de 8 à 10 tMS et le blé donne environ 65 qx. Les prairies ne sont pas faciles à valoriser. Fin juin en général, la pousse de l’herbe est stoppée. Le rendement tourne autour de 5 tMS par hectare par coupe d’ensilage et 6 tMS par coupe de foin. Environ 80 hectares sont drainés, soit l’ensemble des parcelles labourées, mais il n’y a pas d’irrigation.

Les premières blondes sont arrivées chez Benoît Prieur en 1991. Il s’agissait au départ de laitonnes destinées à l’engraissement, qui avaient remplacé les Charolaises élevées par ses parents. Quand l’éleveur a préparé son installation, étant plus naisseur-engraisseur de tempérament, il a fait vêler ces Blondes. Le troupeau compte aujourd’hui 95 mères. Depuis longtemps, les vêlages ont été organisés sur deux périodes pour résoudre un problème de manque de place dans les bâtiments : la moitié des vaches vêlent en août-septembre et l’autre moitié en février-mars. Les génisses dont la croissance le permet vêlent à trente mois. C’est le cas pour la moitié d’entre elles. Un groupage de chaleurs est mis en place sur 15 à 20 génisses tous les ans au printemps pour bien recaler les vêlages de février. « Les résultats sont variables, mais tournent autour de 70 % de réussite en première IA. J’ai déjà eu 100 % de réussite », explique Benoît Prieur. L’IA est utilisée pour ces génisses groupées ainsi que pour quelques vaches. Trois taureaux issus de cheptels inscrits de la région assurent donc l’essentiel de la reproduction. « J’ai toujours un taureau choisi pour les génisses, un autre plutôt typé viande et un troisième typé élevage. Ceci permet de garder le caractère mixte du troupeau. » Celles qui vêlent en août et septembre sont rentrées matin et soir pour manger et pâturent autour des bâtiments au moment des naissances. Benoît Prieur détecte les vêlages avec l’aide de caméras et d’un détecteur de vêlage (smartvel). « C’est la troisième année que je l’utilise, et ce qui est intéressant c’est qu’il me prévient quand les eaux sont perdues, et donc je sais qu’à partir de ce moment, j’ai environ deux heures devant moi. J’ai tellement confiance que je ne me lève plus la nuit sans avoir été prévenu par le téléphone. Et le week-end, je m’absente sans m’inquiéter. » Les vêlages se passent bien. Il y a toujours quelques interventions, et deux ou trois césariennes par an suivant les années. Pour les vêlages de février mars, les mères sont vaccinées en prévention des diarrhées des veaux, puis ces derniers sont vaccinés petits contre les maladies respiratoires. Les veaux nés en août et en septembre le seront à l’âge de trois ou quatre mois. Un anticoccidien est administré de façon systématique. Le taux de mortalité des veaux est de 9 %, mais il y a eu des années à 4 %, quand les bâtiments étaient moins chargés. « Là, c’est vraiment juste en place. Il faudrait un peu moins d’animaux pour réduire la pression sanitaire et limiter le risque d’accidents sur les veaux. » C’est aussi pour des raisons d’organisation du bâtiment que pour l’un des lots de vaches, les veaux sont séparés des mères et têtent deux fois par jour. Les bâtiments datent des années 80 et 90, ils sont bien amortis et restent fonctionnels.

Du méteil grain pour gagner en autonomie protéique

L’alimentation des mères est composée pour moitié de maïs ensilage et moitié d’ensilage d’herbe, avec deux à trois kilos de foin. Benoît Prieur fait analyser une fois par an ses fourrages et selon les résultats, un tout petit peu de correcteur est parfois nécessaire. Les vaches vêlées et les génisses d’un à deux ans ont en plus 500 g à 1 kg de complément. La ration est distribuée avec une mélangeuse. Pour les animaux à l’engraissement, les rations sont distribuées trois fois par semaine dans des nourrisseurs à l’aide d’une mélangeuse à aliment équipé d’un peson et attelée au télescopique. « C’est le bon compromis entre organisation du travail et risque d’échauffement. » Pour gagner en autonomie protéique, l’éleveur cultive cinq hectares de méteil grain (triticale, pois fourrager, pois protéagineux et féverole). Il est conservé en boudin, ce qui permet de battre même à 18-20 % d’humidité sans causer de problème de conservation. Le rendement a été de 65 qx l’an dernier (alors que la moyenne est plutôt entre 45 et 55 qx). Benoît Prieur avait implanté du trèfle violet il y a quelques années mais n’a pas ressemé cette espèce. « La première année, j’obtenais trois bonnes coupes et c’est un fourrage intéressant pour les rations faites à la mélangeuse, mais la persistance dans les parcelles n’était pas terrible. » Il a également, il y a quelques années, cultivé du lupin et était très content de la valorisation par les bovins, mais il a arrêté à cause de maladies sur la plante et de la variabilité du rendement d’une année à l’autre. Les prairies sont récoltées majoritairement en foin. "Le pâturage démarre de plus en plus tard ces dernières années à cause de la météo, plutôt fin mars début avril maintenant. J’ai de petites parcelles de 1,5 à 2 hectares avec des haies, et les lots tournent tous les cinq ou six jours au printemps. »

Engraissement en ration sèche distribuée au nourrisseur

Au nourrisseur, les veaux bénéficient d’un mélange fermier composé de 33 % de céréales, 33 % de correcteur azoté et 33 % d’un mélange de matières premières (40 % de pulpes de betterave, 40 % de tourteau de lin et 20 % de luzerne). Ils consomment au début 500 g par jour, et à la fin certains sont à 4 kg/jour. Mâles et femelles sont sevrés à sept mois, et les mâles passent à l’engraissement. Leur ration composée de 35 % de maïs grain humide, 30 % de correcteur azoté et 35 % de céréales. Cette année, Benoît Prieur fait un essai pour économiser un peu de maïs grain humide, avec une ration composée de 25 % maïs grain humide, 25 % de correcteur azoté (à 30 % de MAT), et 50 % de céréales et urée. « J’ai mélangé 15 kg d’urée alimentaire pour 1 tonne de céréales réhumidifiées, et le tas a été bâché pendant trois semaines », explique l’éleveur. Une transition sur une semaine a été ménagée. « Jusque-là, les croissances sont bonnes et les animaux bien calmes. » Les jeunes bovins mangent 1,5 à 2 kilos de paille par jour, et reçoivent un hépato-protecteur tous les deux mois. L’objectif est de finir les jeunes bovins avant l’âge de 13 mois à 550 kilos vif pour 345 à 350 kilos de carcasse. Les têtes de lots partent à dix mois et demi et font plus de 2 kg de croissance par jour, certains avec des passages à 2,4 à 2,6 kilos par jour. Ils sont vendus en direct à un abatteur.

Plus de 45 femelles — génisses et jeunes vaches — sont engraissées chaque année. Elles entrent en pré-engraissement pour deux à trois mois avec une ration composée à moitié d’ensilage d’herbe et moitié d’ensilage de maïs, plus trois à quatre kilos de concentrés. Elles passent ensuite en phase d’engraissement pour 60 à 80 jours avec une ration distribuée à volonté au nourrisseur, que ce soit en bâtiment ou au pré. La ration est composée à 60 % d’un mélange de pulpes de betterave, tourteau de lin et de luzerne déshydratée, 30 % de maïs grain humide et 10 % de céréales. Avec 1,5 kilo de paille par jour. « La consommation est en moyenne de douze kilos par jour pour les génisses et 14 à 15 kilos pour les vaches. Ces femelles sont vendues à un négociant très exigeant sur la finition des animaux et elles partent pour Rungis."

Des rations distribuées trois fois par semaine et l’engraissement en ration sèche au nourrisseur

« L’un des meilleurs EBE par unité de main-d’œuvre du réseau »

« La rentabilité de l’élevage de Benoît Prieur est très bonne, alors qu’il dispose de sols à très faible potentiel et qu’il élève une race exigeante. Ce sont les bonnes performances zootechniques qui font la différence, grâce à 'la main de l’éleveur'. L’objectif 'vêlage à 30 mois' est réalisé pour la moitié des génisses, et l’IVV moyen est de 378 jours, conforme à l’objectif (en race Blonde d’Aquitaine : moins de 375 jours). Ceci permet une production brute de viande vive de 45 334 kg/UMO ce qui est élevé. Également, le coût alimentaire est élevé mais maîtrisé grâce à la production de maïs grain humide et de céréales. La valorisation des mâles de moins d’un an est intéressante mais elle demande de bien maîtriser les coûts alimentaires et d’obtenir un bon GMQ."

Un salarié en groupement d’employeurs

Il y a deux ans, Benoît Prieur a constitué un groupement d’employeurs avec un de ses voisins, qui est éleveur de Charolais, et le salarié partage son temps entre les deux élevages. Le salarié s’occupe chez Benoît Prieur de l’alimentation les matins du lundi, mercredi et vendredi. Ensuite, son travail est réparti entre les deux élevages en fonction de la météo et des besoins de chacun. Benoît Prieur travaille avec un salarié de longue date, mais auparavant il proposait un contrat à temps partiel. « Le système de groupement d’employeurs permet une grande souplesse pour l’organisation du travail de l’élevage, et ceci en toute régularité. C’est aussi une solution plus sécurisante pour le salarié. » Chaque employeur conserve un rôle dans le management du salarié.

Chiffres clés

• 1,6 UMO dont 0,6 salariée

• 132 ha de SAU dont 97 de SFP : dont 79 ha de prairies, 18 ha de maïs, 7 ha de dérobée RGI

• 1,6 UGB/ha SFP de chargement apparent

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