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Concilier rendement et qualité en maïs fourrage

Pour réussir son maïs fourrage, du champ au silo, chaque étape de l’itinéraire technique compte. Le point avec Arvalis.

Les conditions de cultures ont un effet important sur la production du maïs fourrage.
Les conditions de cultures ont un effet important sur la production du maïs fourrage.
© S. Bourgeois

Le maïs fourrage occupe encore une place importante dans nombre de systèmes fourragers français. Les surfaces restent stables depuis une vingtaine d’années. Le rendement, quant à lui, progresse (moyenne 2016-2020 : 1,4 million d’hectares, 12 t MS/ha). C’est pourquoi, Michel Moquet d’Arvalis a fait le point, au cours d’une conférence donnée au Sommet de l’élevage, sur les points clés de l’itinéraire technique du maïs fourrage. Cinq grands items impactent son rendement et sa qualité.

 

Soigner l’implantation

Le premier levier pour agir sur sa récolte est la réussite du semis. Pour cela, il est important de préférer un sol réchauffé, de choisir stratégiquement sa variété, de bien préparer le sol, de régler son semoir, de protéger la semence et de viser la bonne date de semis. Les conditions de semis sont déterminantes pour obtenir une levée rapide et homogène. La graine doit être déposée dans un sol meuble et rappuyé. Il faut viser un profil sans semelle, sans lissage et sans compaction. « Le maïs est une culture adaptée au travail simplifié, voire au semis direct avec quelques précautions pour obtenir le peuplement objectif », précise Michel Moquet, formateur à Arvalis.

La date de semis a un impact non négligeable sur le rendement en maïs fourrage. On perd environ 600 kg de MS par hectare et par semaine de retard après le 20-25 avril. Cependant, qui dit semis précoce, dit le plus souvent conditions fraîches pour la levée. Pour faciliter le démarrage de la culture, il faut soigner la fertilisation et la protection au semis.

 

Engrais starter et protection insecticide (traitement de semences ou micro granulés dans la raie de semis) protègent la jeune plante et sécurisent le peuplement. « C’est la température au sol qui déclenche le semis. Mais aujourd’hui encore on reste sur des prévisions météorologiques à sept jours encore peu fiables. La date de semis a également une influence sur la valeur alimentaire du maïs. Les meilleures d’entre elles sont observées sur les semis d’avril, attention toutefois à la date de récolte », observe le formateur. La graine doit être semée à une profondeur régulière d’environ 4-5 cm. Pour garantir un semis homogène, il est recommandé de ne pas dépasser, en bonnes conditions, 7-8 km/h avec un semoir conventionnel. En conditions plus difficiles, la vitesse sera réduite à 5 km/h. Les conditions post-semis restent aussi importantes et à prendre avec recul.

 

La précocité, critère essentiel du choix variétal

Le choix variétal participe au potentiel de rendement et de qualité du maïs fourrage. Il est toujours un compromis entre précocité, productivité et tolérance à certains stress (verse, maladie). Le progrès génétique des variétés est constant. En 20 ans, la progression s’élève à 3 tMS/ha. Et ce résultat est encore plus vrai sur les séries très précoces. « Le choix d’une variété élite, malgré un coût plus important, offre un gain économique grâce à de meilleurs rendements et à un impact significatif sur la valeur énergétique. L’adaptation variétale doit avant tout tenir compte du climat. Les indices FAO représentent de bons repères même si à l’intérieur d’une gamme de précocité, on note des différences », souligne le formateur. La précocité est le critère essentiel. Celle des hybrides est chiffrée par les besoins, en sommes de températures (base 6-30, c’est-à-dire entre 6 et 30 °C), du semis à la floraison et du semis à la récolte (32 ou 35 % MS). Ces besoins sont à comparer aux conditions climatiques locales. En maïs fourrage, le choix de la précocité apporte de la souplesse dans les dates de récolte, de l’implantation de la culture d’hiver suivante et dans la valorisation par les troupeaux.

Le rendement plante entière représente le deuxième critère de choix variétal. En zone pluvieuse et/ou ventée, ou en cas de risque de récolte tardive, la résistance à la verse est un élément important. Enfin, la valeur énergétique est à considérer.

La densité de semis a également un effet sur le rendement. La réponse à la densité est plus forte pour les variétés précoces. Elle peut également être faible en situation de stress hydrique. « La surdensité pénalise financièrement. Une augmentation de la densité entraîne par ailleurs une légère baisse de la valeur alimentaire. Les essais récents sur maïs fourrage montrent un gain de rendement compris entre 0,3 et 0,4 t MS/ha pour 10 000 plantes/ha supplémentaires, dans la fourchette 80 000 – 120 000 plantes/ha. » En conditions de stress, une densité forte n’est pas valorisée, mais si les conditions sont favorables, une densité faible, inférieure aux préconisations, pénalisera systématiquement le rendement.

Fertilisation : valoriser les engrais de ferme

Le maïs fourrage valorise bien l’azote du sol et des produits organiques. « Des marges de manœuvre existent encore sur la valorisation de ces derniers. Les besoins complémentaires en azote minéral, après un apport de fumier de bovins, sont moindres (40 à 50 N/ha). Attention toutefois à apporter le fumier au moins un mois et demi avant le semis pour laisser le temps à l’azote de se transformer. » Le niveau de fertilisation azotée a peu d’effet sur la teneur azotée de l’ensilage, mais un apport en excès a des conséquences fortes sur les reliquats post-culture.

En cas d’utilisation d’engrais starter, c’est l’élément phosphore qui, quand il est localisé à proximité de la plante, procure un supplément de vigueur au départ et un gain de précocité (floraison et récolte). Deux types de produits peuvent être utilisés : l’engrais type 18-46 et le microgranulé. « Compte tenu de leur composition et de leur dose d’utilisation, les microgranulés starter fournissent une dose faible de phosphore, de l’ordre de 10 unités/ha P2O5 mais suffisante quand le sol en est déjà bien pourvu. » Dans les sols moins riches en phosphore, une dose de 50 unités de P2O5 peut être nécessaire pour obtenir un réel effet starter.

Désherbage et lutte contre les ravageurs du maïs fourrage

Le désherbage préserve le rendement et la qualité du fourrage en limitant la concurrence des adventices, particulièrement entre la levée et le début de la montaison. Le maïs est une culture bien adaptée au désherbage mécanique. Les stratégies de désherbage se raisonnent selon plusieurs clés d’entrée, la flore, les conditions climatiques, le coût, le nombre de passages, les restrictions d’usage et le risque de transfert. « En pratique, en maïs fourrage, le désherbage se positionne plus en post-précoce racinaire et post-levée. »

Concernant la lutte contre les ravageurs, les oiseaux représentent un souci montant et récurrent contre lequel les solutions existantes sont de faible efficacité. Les foreurs (pyrale, sésamie problème émergent) impactent le rendement et la qualité sanitaire du maïs. Cependant, les mesures prophylactiques telles qu’un broyage après un maïs fourrage sur les parcelles infestées, sont efficaces (80 % d’efficacité – essais sésamie sud-ouest). Concernant les mycotoxines, la date de récolte ainsi que le désilage constituent deux leviers importants pour en limiter le développement.

La date de récolte du maïs fourrage

La date de récolte détermine le rendement, le taux de matière sèche et la composition chimique de la plante récoltée. Une récolte à sous-maturité entraîne des modifications substantielles du rendement, de la composition chimique et de la valeur énergétique du produit récolté. Viser 32-33 % de MS plante entière à la récolte reste le meilleur compromis rendement, conservation, valorisation.

Peut-on réduire l’écartement entre les rangs ?

Des essais conduits sur une variété précoce ont montré une réponse à la densité très proche pour des écartements entre rangs de 75 et 50 cm, dans une densité comprise entre 80 000 et 125 000 plantes/ha. Réduire la distance entre rangs, permet de réduire la compétition entre plantes, mais également d’accélérer la vitesse de recouvrement de l’interrang, ce qui peut faciliter la maîtrise de l’enherbement. Au niveau de la composition du maïs fourrage et de sa valeur alimentaire, l’augmentation de la densité se traduit par une petite baisse de la valeur amidon, illustrant la moindre richesse en grains. La réduction d’écartement ne modifie pas ce constat et la valeur énergétique, exprimée en UFL, est identique pour les deux techniques de semis.

Un risque de carence en potasse

« On rencontre de plus en plus de problèmes avec des maïs qui restent bloqués (nécrose des feuilles), à l’origine d’une carence en potasse dans les rotations fourragères comme une prairie de fauche avant maïs », souligne Michel Moquet d’Arvalis. Les engrais potassiques sont importants. Leur dose d’apport doit prendre en compte, l’exigence des cultures, la teneur du sol, le passé récent de fertilisation et la gestion des résidus du précédent.

Rédaction Réussir

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