Concentrer les rations pour bovins viande avec l’ensilage de maïs épi
Compte tenu de sa richesse en amidon, l’ensilage de maïs épi permet de densifier la valeur énergétique des rations d’engraissement. Il s’associe donc bien avec des fourrages à base de légumineuses pour gagner en autonomie et limiter les achats de protéines.
Compte tenu de sa richesse en amidon, l’ensilage de maïs épi permet de densifier la valeur énergétique des rations d’engraissement. Il s’associe donc bien avec des fourrages à base de légumineuses pour gagner en autonomie et limiter les achats de protéines.
« L’ensilage de maïs épi désigne le produit issu de la récolte de l’épi complet broyé et conservé par ensilage. Cela inclut les grains, la rafle et une bonne partie voire souvent la totalité des spathes et du pédoncule », rappelait Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrages d’Arvalis, à l’occasion d’une conférence organisée au Salon de l’herbe.
La tige et les feuilles restent donc sur le champ où elles peuvent éventuellement être récoltées pour donner un fourrage de valeur médiocre ou bien pour être utilisé en complément de paille pour réaliser la litière.
Dans le cas d’une année comme 2022, le fait de laisser sur la parcelle une grande partie de la matière sèche limite évidemment l’intérêt de cette pratique. D’ailleurs avec des maïs pour lesquels le rendement potentiel est inférieur à 12 tMS/ha, « l’ensilage de maïs épi est à oublier », estimait Anthony Uijttewaal.
En effet, avec le seul maïs épi, le tonnage de matière sèche (tMS) récolté est bien inférieur à l’ensilage plante entière. « En conditions normales de végétation, quand il est récolté entre 50 et 60 % MS, l’épi complet représente en moyenne entre 60 et 65 % de la biomasse du même maïs fourrage récolté à 32-35 % MS en plante entière. »
Pour un rendement en plante entière avoisinant les 12 tMS/ha, le rendement en maïs épi avoisine donc les 8 tMS/ha et 40 % de la biomasse soit autour de 4,5 tMS n’ira pas dans le silo. Donc bien que l’ensilage de maïs épi soit très concentré en énergie avec une teneur en amidon qui varie de 50 à plus de 65 % selon le stade de récolte et les conditions de culture, la quantité totale d’unités fourragères produites par hectare n’en est pas moins bien inférieure à celle d’une récolte plante entière. C’est un paramètre qui doit absolument être intégré au bilan fourrager.
Un ensilage plus proche d’un concentré
Le gros intérêt de l’ensilage de maïs épi est donc de permettre de densifier en énergie une ration d’engraissement en se substituant en partie ou en totalité aux céréales à paille. L’autre possibilité est d’utiliser cet ensilage en l’associant à des fourrages tels que des associations graminées + légumineuses, des légumineuses cultivées pures (luzerne, trèfle violet…) ou bien encore des mélanges immatures de céréales et protéagineux.
Autant de fourrages qui vont permettre de maximiser l’apport de protéines et fibres produites sur l’exploitation mais qui souffrent d’un déficit de densité énergétique. Ce dernier pourra être compensé en incorporant à ce type de ration une quantité significative de maïs épi : jusqu’à 60 % de la ration en MS pour des jeunes bovins.
Précautions lors de la récolte
Au moment de la récolte, la teneur en matière sèche de l’épi doit être comprise entre 50 et 60 %, selon les conditions de végétation, le gabarit et le nombre de grains par épi. « Le grain présente alors une humidité proche de 35 %. C’est la teneur en MS plus faible des spathes et des rafles qui diminue la teneur en MS globale du fourrage », précise Anthony Uijttewaal.
Ce stade est atteint plus ou moins rapidement selon les conditions météo (chaleur, précipitations…). « Cela correspond à un besoin en somme de températures supplémentaires de 200 ± 50 degrés-jours (base 6-30 °C) après le stade maïs fourrage plante entière à 32 % MS », souligne Anthony Uijttewaal. Selon la région et les conditions climatiques, cette somme de températures peut être atteinte en une douzaine de jours en conditions chaudes ou près d’un mois en conditions froides.
La récolte du maïs épi se réalise à l’aide d’un cueilleur à maïs monté sur une ensileuse classique. Pour obtenir un produit de qualité qui permettra de garantir une bonne assimilation et valorisation de l’énergie dans le rumen tout en évitant les risques d’inflammation du gros intestin, le hachage doit être suffisamment fin. Chaque grain doit être éclaté en au moins quatre morceaux.
La présence ou l’absence de tige ou de feuille se traduit ensuite par des différences importantes dans les caractéristiques de l’ensilage. De manière schématique, pour un ensilage de maïs épi dont la teneur en matière sèche est comprise entre 50 et 60 %, la densité (350 à 450 kg/m3) est presque double de celle de l’ensilage de maïs fourrage plante entière. Pour autant il existe des sources de variation importantes, telles que la finesse de hachage et de broyage, la présence et la taille des morceaux de spathes, ainsi que l’intensité du tassage au silo.
Autre différence importante, avec l’ensilage de maïs épi, il faut savoir être patient. Pour que le maïs épi soit pleinement valorisé, il faut savoir respecter une durée d’environ deux mois entre la fermeture et l’ouverture du silo. Un ensilage de maïs épi bâché le 30 septembre gagnera à n’être ouvert que mi-décembre.
À savoir
1- Pour optimiser le chantier de récolte, il est souhaitable de récolter en ensilage plante entière la périphérie des parcelles. Cela permet de positionner la remorque latéralement à l’ensileuse. C’est la seule solution pour éviter les pertes liées à l’éjection d’un volume trop faible par l’arrière de l’ensileuse. Pertes encore accrues dès que le vent se lève ! C’est aussi le meilleur moyen de valoriser les pieds de bordure, souvent moins hauts et moins riches en grains que ceux de l’intérieur de la parcelle.
2- Par rapport à de l’ensilage plante entière, la plus forte densité dans les bennes divise grosso modo par deux le nombre de bennes nécessaire pour mener à bien le chantier. Si cinq bennes sont nécessaires pour de l’ensilage plante entière, trois seront suffisantes pour de l’ensilage de maïs épi.
3- Le moindre besoin en bennes lors de la récolte doit inciter à ensiler en maïs épi les parcelles les plus éloignées du silo de façon à mieux maîtriser les coûts de transport.
Les différents modes de conservation
Le stockage d’ensilage de maïs épi se fait principalement dans des silos classiques (silo couloir, demi-couloir, dalle bétonnée). Il peut être aussi stocké en gaines souples (silo boudin) ou en balles enrubannées à poste fixe sur le site de stockage. Attention à la largeur du silo afin de garantir des vitesses d’avancement suffisamment rapide pour limiter les échauffements en particulier quand il est utilisé en été. Il est recommandé d’avancer d’au moins 10-15 cm par jour en hiver et de 20-25 cm par jour en été. Ne pas oublier que la densité d’un ensilage de maïs épi correctement tassé avoisine les 400 à 450 kg de MS/m3. C’est pratiquement le double du maïs ensilage plante entière.