Boiteries : « Il faut éviter à tout prix de contaminer les animaux sains »
Isabelle Delaunay, enseignante coordinatrice de la formation des pédicures pour bovins et parage bovin au CFPPA du Rheu, en Ille-et-Vilaine, voit le nombre d’élevages allaitants confrontés à des boiteries augmenter depuis cinq ans. Elle liste les points clés pour éviter que les problèmes de pied ne prennent de l’ampleur.
Isabelle Delaunay, enseignante coordinatrice de la formation des pédicures pour bovins et parage bovin au CFPPA du Rheu, en Ille-et-Vilaine, voit le nombre d’élevages allaitants confrontés à des boiteries augmenter depuis cinq ans. Elle liste les points clés pour éviter que les problèmes de pied ne prennent de l’ampleur.
« De plus en plus de pédicures voient le nombre d’élevages en bovins viande augmenter dans leur clientèle. La proportion de vaches boiteuses au sein de ces cheptels progresse elle aussi. Les éleveurs allaitants font face aujourd’hui à ce que les laitiers ont connu dans les années 1980-1990, avec un temps et une organisation de travail qui se voient complètement chamboulés. Ils font souvent appel à un pareur tard, quand les problèmes de boiteries sont déjà à un stade avancé. Les changements de pratiques à enclencher par la suite pour revenir à des seuils supportables ne sont pas anodins et souvent très chronophages, d’autant plus dans le cas de maladies infectieuses. Or, comme en vaches laitières, les boiteries diagnostiquées sur vaches allaitantes tiennent souvent comme responsables la dermatite digitale. Une fois cette maladie entrée dans l’élevage, il est très difficile de s’en débarrasser, et les moyens de lutte sont bien plus complexes à mettre en œuvre en bovins viande.
Réagir dès que les onglons commencent à se déformer
Les cheptels pour lesquels la génétique sur la qualité des aplombs et des onglons a été peu travaillée, avec des croissances poussées, une alimentation riche en concentrés et logés en bâtiment sur un temps long, se retrouvent souvent avec des pieds très déformés. Cette déformation, qui s’ajoute au gros gabarit des animaux, vient aggraver la moindre lésion. D’où l’importance de faire intervenir un pareur dès que les onglons commencent à se déformer. En phase de routine, d’après les enseignements tirés en élevage laitier, on peut envisager un parage préventif des primipares fraîchement vêlées et des multipares un à deux mois avant le vêlage. Autre règle d’or, il faut veiller à regrouper les vaches saines entre elles, notamment les génisses, qui constituent l’avenir du troupeau. Dans cette logique, il convient d’isoler les animaux atteints voire si possible, réformer les cas les plus graves. Aussi, lors d’un achat extérieur, il est vivement recommandé de mettre l’animal en quarantaine, et de faire appel à un pareur dès que possible pour lui inspecter les pieds.
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Plus largement sur les conditions d’environnement, il faut faire en sorte que les animaux gardent les pieds propres et bien au sec. Les espaces de couchage, la place à l’auge et l’accès à l’eau, en quantité et de qualité sont trois modalités à surveiller de près, pour éviter d’accentuer le stress et la compétition au sein des lots. S’agissant des traitements, les stratégies de lutte se discutent au cas par cas, en fonction des moyens et du temps que chacun est prêt à investir (pédiluve, pulvérisation…). Le tout est d’être réactif et constant dans ses pratiques. Dans le cas où l’éleveur s’est formé au parage, il doit impérativement être équipé d’une cage conçue pour cet usage, d’autant plus en vaches allaitantes, au risque que ses vaches tombent et que son matériel plie. Pour lever les pieds de ses bovins sans s’user, les équipements, intégrant les jeux de barrière, doivent permettre de bloquer l’animal en cinq minutes. »
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