Comment évolue le prix de l’AdBlue ?
Au coût du carburant qui pèse sur le compte d’exploitation des agriculteurs, s’ajoute l’AdBlue nécessaire dans tous les tracteurs neufs pour limiter les émissions polluantes. Retrouvez la courbe de l'évolution du prix de l'AdBlue.
Au coût du carburant qui pèse sur le compte d’exploitation des agriculteurs, s’ajoute l’AdBlue nécessaire dans tous les tracteurs neufs pour limiter les émissions polluantes. Retrouvez la courbe de l'évolution du prix de l'AdBlue.
[Mis à jour le 12 décembre 2024]
- Qu’est-ce que l’AdBlue ?
- A quoi ça sert ?
- Combien d’agriculteurs en utilisent pour leurs tracteurs ?
- Comment est fabriqué cet adjuvant ?
- Comment est fixé son prix ?
- Y'a-t-il un risque de pénurie ?
Qu’est-ce que l’AdBlue ?
L’AdBlue est une solution d’urée extrêmement pure composée à 32,5% d’urée et à 67,5% d’eau déminéralisée. « Son niveau de pureté s’exprime en PPM » explique Luc Ferreol, Responsable de la division AdBlue chez Yara Industriel.
A quoi ça sert ?
Utilisé dans les véhicules équipés de la technologie SCR (appelée aussi Réduction catalytique sélective), dont des tracteurs, l’AdBlue est injecté dans le pot d’échappement. Sous l’effet de l’accroissement de la température, il se décompose en ammoniac (NH3) et en dioxyde de carbone (CO2). En réagissant à l’intérieur du catalyseur avec cet ammoniac, les émissions d’oxydes d’azote (NOx) présentes dans les gaz d’échappement sont transformées en « azote inoffensif » et en vapeur d’eau. « Cela permet d’abattre 98% des oxydes nitreux », affirme Luc Ferreol.
Combien d’agriculteurs en utilisent pour leurs tracteurs ?
Obligatoire sur les véhicules poids lourds à moteur diesel construits après 2006, le réservoir d’AdBlue a fait son apparition sur les voitures diesel dès 2014. Depuis 2019, les fabricants de tracteurs et autres machines agricoles doivent aussi veiller à réduire leurs émissions de NOx en ayant recours au SCR et à l’AdBlue. Tous les nouveaux modèles de tracteurs sont ainsi équipés d’un petit réservoir d’AdBlue avec un bouchon bleu.
« Pour les tracteurs, la consommation d’AdBlue représente entre 5 à 10% de la consommation de GNR », souligne le représentant de Yara.
Comment est fabriqué cet adjuvant ?
L’AdBlue est un mélange d’urée et d’eau déminéralisée. Il s’agit d’un coproduit de l’urée utilisée comme engrais. Les fabricants d’engrais possèdent des ateliers spécifiques pour sa production. Pour fabriquer de l’urée, « on craque le méthane (du gaz naturel importé, ndlr) à haute température pour faire de l’ammoniac (NH3) et du CO2 puis on mélange les deux » explique Luc Ferreol.
Son prix indexé sur celui de l’engrais jusqu’en juin 2021
« Jusqu’en juin 2021, le prix de l’AdBlue au litre était indexé sur le prix de l’engrais (cotation de l’urée réalisée par Fertecon, ndlr). Le prix du gaz variait alors autour de 5 dollars en moyenne sur les trois dernières années par MMBtu », rappelle le responsable de Yara. « Puis à partir de juin 2021, le gaz a dépassé les 10 dollars, avant la guerre en Ukraine qui a accentué le phénomène, nous avons alors suspendu l’indexation », poursuit-il. Le gaz a même atteint des sommets à certains moment à plus de 60 dollars.
Courbe de l’évolution du prix du gaz
Un prix tous les quinze jours depuis juin 2022
Yara qui représente 50% de la production d’AdBlue en Europe et possède la seule usine en fabriquant en France (au Havre) ajoute d’abord une « surcharge gaz » à ses clients dans le cadre d’un prix mensuel puis propose un prix tous les quinze jours depuis juin 2022. Ce prix au litre intègre plusieurs éléments dont :
- l’évolution du prix du gaz
- la perte occasionnée par la commercialisation de certains intermédiaires chimiques inhérents à la production d’AdBlue à des prix sur le marché mondial inférieurs aux coûts de production
- le transport d’AdBlue entre ses usines européennes
« L’industrie chimique européenne est confrontée aux mêmes problèmes, on navigue à vue, le prix du gaz est très volatile, celui des engrais aussi », souligne Luc Ferreol.
Pour l’agriculteur, le prix du litre d’AdBlue s’échelonne début novembre 2022 autour de 1,5 euro HT pour des fûts de 210 litres (prix variable selon les distributeurs) contre 1 euro en février dernier.
Pas de risque de pénurie
Malgré le contexte difficile, « nous avons été les seuls à continuer à opérer nos sites de productions, nous continuons de fournir de l’AdBlue », tient à préciser le responsable de Yara. L’usine du Havre a toutefois été fermée durant trois semaines en mars 2022, l’AdBlue étant alors approvisionné par bateau d’une de ses autres usines européennes. « Les clients ont été informés de cette importation et les livraisons depuis le site du Havre n’ont pas été interrompues », souligne Yara.
Faut-il anticiper les livraisons ? « Nous conseillons aux agriculteurs de ne pas s’affoler. Il y aura du produit. Si tout le monde reste calme, il n’y aura pas de pénurie », lâche-t-il. « On croit à ce marché, nous sommes persuadés qu’il va croître jusqu’en 2027-2029 ».
Yara affirme continuer à investir dans cette activité. Le groupe a ainsi engagé des investissements pour décarboner son site du Havre et devenir moins dépendant du gaz russe. Au lieu d’utiliser du gaz naturel importé (du méthane) pour produire de l’ammoniac, le groupe norvégien prévoit à terme d’extraire de l’hydrogène de l’eau (par d’électrolyse avec une énergie renouvelable) auquel sera jouté l’azote de l’air. « En 2030, notre objectif est de produire 30% de nos engrais à partir d’un process décarboné », explique Delphine Guey, directrice de la communication, des affaires publiques et de l’engagement sociétal chez Yara France.