Hydrologie
Bonne recharge des nappes d’eau souterraines cet hiver
Comme chaque année, la fin du mois d’avril marque la clôture de la recharge en eau des nappes souterraines. Tour d’horizon.
Comme chaque année, la fin du mois d’avril marque la clôture de la recharge en eau des nappes souterraines. Tour d’horizon.
Cette période de l’année – fin avril à mi-mai – est traditionnellement appelée période de bascule entre le moment où les nappes d’eau souterraines terminent leur remplissage grâce aux précipitations d’automne et d’hiver et entament leur vidange, c’est-à-dire la période pendant laquelle les niveaux recommencent normalement à baisser.
La recharge en eau pendant l’automne-hiver 2019/2020 « a été nettement supérieure à la moyenne, du fait de pluies efficaces précoces et conséquentes, et a généré des niveaux particulièrement hauts sur certaines nappes en mars. En avril, la vidange est amorcée et les tendances sont généralement à la baisse », écrivent les spécialistes du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), en charge de ces observations en France, dans leur bulletin paru ce mercredi 13 mai. Il donne la situation de ces nappes d’eau au 1er mai.
« Les nappes les plus inertielles du bassin parisien sont toutefois encore en légère hausse mais termine leur recharge courant avril. Localement, sur le pourtour méditerranéen, les pluies excédentaires de fin avril ont permis aux niveaux de se stabiliser voire de s’orienter à la hausse », peut-on encore lire dans ce document.
Dans le détail, « seules les nappes réactives du littoral atlantique, du littoral méditerranéen et de Corse ont bénéficié localement de l’infiltration de pluies fin avril. Cependant, ces apports n’ont pas interrompu la vidange en Adour-Garonne et en Bretagne. Les niveaux se sont stabilisés ou orientés à la hausse sur les nappes alluviales et multicouches du littoral languedocien, du Roussillon, de la Provence et de Corse ».
Pour les nappes les plus inertielles, à savoir celles de la craie d’Artois-Picardie, de Picardie et de Normandie ainsi que celle des calcaires de Beauce, « les tendances sont toujours à la hausse. Ces nappes présentent un temps de réponse long et la hausse des niveaux perdure plusieurs semaines après l’arrêt de l’infiltration des pluies en profondeur. Toutefois la recharge semble se terminer et la plupart des niveaux s’infléchissent courant avril ».
Les déficits pluviométriques enregistrés à partir de mi-mars ont accéléré la vidange des nappes avec une situation qui reste satisfaisante et avec des « niveaux autour de la moyenne à hauts » sur une grande partie du territoire.
Des situations moins favorables
En revanche, la situation est moins favorable sur les nappes de la plaine d’Alsace, du couloir de la Saône et du Rhône et du Massif Central « avec des niveaux modérément bas à bas par rapport aux moyennes de tous les mois d’avril ». Selon le BRGM, la nappe d’Alsace montre « des tendances hétérogènes avec des ouvrages à l’extrême sud restant à des niveaux très bas » ; les nappes des alluvions, cailloutis et couloirs fluvioglaciaires de Bourgogne, du Rhône amont et du Rhône moyen « sont fortement impactées par les déficits pluviométriques successifs depuis 2017 » et leur « situation se dégrade avec certains secteurs qui affichent des niveaux très bas nécessitant une surveillance renforcée » ; enfin, les nappes du socle et du volcanisme du Massif Central, en Auvergne et en Limousin, montrent des niveaux accusant « des déficits pluviométriques » et « sont modérément bas voire très bas sur le bassin amont de la Loire ».
Les événements pluviométriques exceptionnels annoncés en mai pourraient permettre de ralentir ou d’interrompre la vidange et d’améliorer les situations notamment sur les nappes réactives.
Utilisation de l'eau
Un petit point sur les problématiques d'utilisation des eaux pour terminer, avec des données fournies par le site Propluvia (ministère de la Transition écologique et solidaire : en ce début de mois de mai, onze départements ont déjà pris des arrêtés pour alerter sur la consommation de l’eau. Cinq d’entre eux (Ain pour la partie Dombes-Certines, Ardèche pour les bassins de la Cance et du Doux, Oise pour les bassins de l’Aronde et du Matz, Pyrénées Orientales pour les nappes plioquaternaires de la plaine du Roussillon et Saône-et-Loire pour les bassins de l’Arconce/Sornin et de la Grosne) sont en alerte jaune (réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50 % ou interdiction jusqu'à trois jours par semaine, mesures d'interdiction de manœuvre de vanne, d'activité nautique, interdiction à certaines heures d'arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture…). Le système comporte deux autres niveaux d'alerte : orange pour l'alerte renforcée et rouge pour les situations de crise.