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Sarrasin bio contaminé : la Fnab se mobilise pour faire interdire le prosulfocarbe

La Fnab qui ne cesse de dénoncer les contaminations au prosulfocarbe va entamer dès demain une série d’actions pour faire interdire la molécule.

Champ de sarrasin
Le sarrasin est particulièrement exposé aux contaminations au prosulfocarbe parce qu'il se récolte après les traitements d'automne.
© Gérard Deloison

La Fnab (fédération nationale d'agriculteur biologique) rappelle que depuis quatre ans, les producteurs bio n’ont eu cesse d’interpeller les différents ministres de l’Agriculture et l’Anses sur les risques de contamination associés au prosulfocarbe, ainsi que les pertes financières qu’il provoque. Mais l’autorisation de la molécule n’est pas remise en question et aucun agriculteur n’a été indemnisé. La Fnab affirme que le prosulfocarbe a détrôné le glyphosate et est aujourd’hui l’herbicide le plus utilisé en France. 

« On nous balade depuis quatre ans, ça ne peut plus durer »

Selon la Fnab, ce pesticide ultra volatile utilisé pour traiter les céréales contamine régulièrement des cultures non cibles comme le sarrasin qui, pour être à maturité, est récolté en automne, bien souvent au moment des traitements chez les agriculteurs conventionnels. « On nous avait promis l’an dernier une indemnisation avec la hausse des taxes sur les pesticides et finalement tout a disparu avec les mobilisations agricoles. On nous balade depuis quatre ans, ça ne peut plus durer” déplore Philippe Camburet, président de la FNAB, producteur bourguignon de sarrasin contaminé.

Lire aussi : Contamination au prosulfocarbe : la filière sarrasin bio demande un fonds d’indemnisation

Manifestation et actions juridiques

La Fnab (en lien avec la Confédération paysanne) a donc choisi de se mobiliser pour faire interdire la molécule avec des actions qui vont commencer ce jeudi 28 novembre à 14 h devant avec une manifestation devant la DDT de l’Yonne, à Auxerre. Elle va par ailleurs poursuivre ses actions juridiques engagées avec Générations futures depuis 2023  et pour soutenir la stratégie juridique, une cagnotte en ligne a été lancée.

550 tonnes de sarrasin touchées avec une perte estimée à 550 000 euros entre 2020 et 2022

Pour étayer ses arguments, cette année, la Fnab a collecté des données auprès des organismes certificateurs et de quelques collecteurs. Selon elle,  depuis 2018 plus de 400 récoltes biologiques ont été contaminées par du prosulfocarbe. « Sur les cinq organismes collecteurs enquêtés on comptabilise entre 2020 et 2022 140 fermes touchées pour plus de 550 tonnes de sarrasin et une perte estimée à 550 000 euros. Et l’année 2024 s’annonce très mauvaise. La moitié du sarrasin bio n’était pas récolté en octobre 2024 à cause de la pluie, alors que l’essentiel des traitements au prosulfocarbe avaient déjà eu lieu » affirme-t-elle.

« Si nous les bio sommes contaminés, il y a du sarrasin conventionnel qui l’est aussi »

« Aujourd’hui, si on veut que notre sarrasin soit collecté, on doit prouver qu’il n’a pas été contaminé en faisant faire à nos frais des analyses toxicologiques » explique Loïc Madeline, producteur de sarrasin bio en Normandie en attente de ses résultats d’analyses. « Il faut que tous les collecteurs jouent le jeu et publient leurs données de contamination pour qu’on avance. Il ne faut pas rêver, si nous les bio sommes contaminés, il y a du sarrasin conventionnel qui l’est aussi et qui, lui, n’est pas détecté faute de contrôles  » estime Philippe Camburet.

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