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« Le bio n’échappe pas à la part grandissante du poulet dans la consommation »

Benoît Drouin, éleveur bio pour Loué dans la Sarthe et vice-président du Synalaf, fait un point de conjoncture sur la filière, tant en poulets qu’en œufs. Il évoque aussi l’Agence bio qu’il estime « indispensable ». Interview.

Benoît Drouin vice-président du Synalaf éleveur Loué Agriculture biologique Sarthe
Benoît Drouin vice-président du Synalaf est éleveur Loué Agriculture biologique dans la Sarthe.
© Armelle Puybasset

Comment se porte le marché de la volaille bio ?

La Covid a masqué les choses. Nous voyons que la bulle de consommation bio allait redescendre, car nous n’avions jamais vu de progression à deux chiffres pendant quinze ans. Pour la volaille comme pour toute la filière bio, nous avons vécu une crise de la demande, mais les pouvoirs publics et la commission européenne ne voyaient que par l’offre. Il suffisait de construire des poulaillers et mettre des poulettes bio en élevage pour que les gens achètent. Non, cela ne marche pas comme cela. Ne réfléchir qu’à l’offre, c’est la principale erreur des politiques publiques en faveur de l’agriculture biologique.

Lire aussi : « J’ai développé la vente directe d’œufs bio »

Que représente la volaille bio dans la production nationale ?

B. D.- : C’est assez simple : en France, nous produisons environ 10 millions de poulets bio par an, 100 millions de poulets label et 700 millions de poulets standards. Les importations, quant à elles, sont d’un poulet sur deux consommés. Nous exportons tout de même un peu de poulet bio vers le Benelux, l’Allemagne et le Danemark.

Quelles ont été les pertes liées à la baisse des ventes ?

B. D.- : En volailles bio, nous avons perdu un peu plus de 30 % du marché. Nous sommes passé d’à peu près 15 millions de volailles juste avant le Covid à un petit peu moins de 9 millions fin 2024. Cela donne une idée de la crise ! Dans ces 9 millions, ce sont quasiment que des poulets. Le bio n’échappe pas à la tendance du toujours plus de poulets au détriment des autres espèces.

Quelle est la tendance actuelle du marché des volailles bio ?

Quand nous regardons l’année 2024 ou les perspectives 2025, nous nous apercevons que le seuil « bas » est atteint. En regardant les bons résultats cumulés de tous les réseaux de vente spécialisés : Biocoop, La Vie Claire ou d’autres encore… nous voyons la progression des chiffres d’affaires, ce qui veut dire qu’il y a un retour des consommateurs. Est-ce que ce sont des nouveaux consommateurs ? Je ne pense pas. Ce sont surtout des gens qui achetaient du bio en GMS. Mais comme les GMS ont réduit les rayons bio et/ou les références en bio, ces consommateurs viennent dans les réseaux spécialisés. Nous espérons qu’il y a encore une part de progression et que 2025 verra le retour des références dans les GMS.

Qu’en est-il de l’élevage bio avec l’influenza aviaire ?

Avec l’expérience sanitaire acquise, nous savons que l’influenza aviaire est une maladie endémique et qu’il faudra vivre avec. En respectant la biosécurité, et avec les plans de vaccination et du bon sens dans l’organisation des filières, nous pourrons continuer à produire. Globalement, nous arrivons à mieux gérer l’influenza aviaire, même si l’épée de Damoclès est toujours là… Pour les productions biologiques et Label rouge en plein air, il a été démontré que nos volailles ne courraient pas plus de risques que les autres volailles, ce qui a été reconnu par la DGAL et le ministère de l’Agriculture. Cela permet de rappeler aux consommateurs que nos animaux, même en cas de risque élevé, continuent d’aller dehors. C’est très important pour nos filières et pour les éleveurs.

Le marché des œufs bio semble bien se porter…

Oui. La consommation des œufs en France a progressé de 0,5 % entre 2023 et 2024. Comme nous sommes dans un marché très tendu, quand les rayons sont moins remplis en boîtes d’œufs, cela favorise les œufs les plus chers, donc les bio. D’autant que, pour le consommateur, une boîte d’œufs reste moins chère que des blancs de poulet. Aujourd’hui, le bio représente entre 12 % et 13 % des œufs vendus en France, c’est moitié plus que les œufs Label rouge. Cela reste un segment prisé. Et puis, le consommateur y voit un bon rapport qualité/prix car une boîte d’œufs, même bio, reste abordable sans compter les externalités positives sur l’environnement.

En ce d’année, l’Agence bio a été mise sur la sellette. À quoi sert-elle ?*

L’Agence bio est une agence de l’État en charge du développement et de la promotion de l’agriculture biologique. Elle a été créée au début des années 2000 par les ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, et les familles professionnelles du bio. En routine aujourd’hui, elle gère toute la partie statistique du bio, les cartographies… Son deuxième grand rôle, à mon avis le plus important, c’est la communication. L’Agence bio gère un budget de communication et de promotion de l’agriculture biologique, en lien avec les familles du bio et les interprofessions, à ce titre Anvol et le Synalaf y participent. C’est vraiment une agence de promotion du bio, utile et bien gérée !

 

Benoît Drouin s’est installée en 2002, à Rouez-en-Champage (Sarthe), à la suite de ses parents qui avaient déjà transformé l’atelier de volailles en bio dès 1994. Poursuivant les volailles bio, il a converti les autres productions (lait et cultures) en 2007. Aujourd’hui, Benoit est à la tête de 140 hectares, 4 bâtiments volailles, 70 vaches laitières et un atelier de transformation et de vente directe pour le poulet, le lait, le fromage et la viande bovine. Associé à son épouse Émilie, il emploie 3 salariés. 

Rédaction Réussir

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