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Poules pondeuses : les six premières semaines sont cruciales

En production d’œufs sous modes alternatifs, les deux premiers mois de la mise en route des poules conditionnent énormément le déroulement du lot et l’obtention de bonnes performances.

Comme pour beaucoup d’autres productions animales, la spécialisation des métiers de l’œuf a segmenté la production. Les poulettes mises en place chez un éleveur sont transférées vers 17-19 semaines chez un producteur d’œufs pouvant se trouver à plusieurs centaines de kilomètres du premier. Ils ne se connaissent généralement pas.

Or, depuis que les poules sont libres de se déplacer dans un vaste espace, la transition est plus compliquée à gérer, car cette liberté conduit à des comportements plus variables d’un lot à l’autre. Les éleveurs et les techniciens s’accordent à dire que chaque lot de poulettes est unique et qu’il faut donc en tenir compte.

Viser la bonne combinaison poussinière-élevage de ponte

 
Idéalement, les élevages de ponte devraient recevoir des poulettes provenant de poussinières ayant des équipements similaires ou compatibles avec leur équipement © P. Le Douarin
Idéalement, les élevages de ponte devraient recevoir des poulettes provenant de poussinières ayant des équipements similaires ou compatibles avec leur équipement © P. Le Douarin

Le brutal changement de milieu de vie est un choc que l’éleveur récepteur doit amortir au maximum. L’adaptation au nouvel environnement est d’autant plus rapide que le nombre de paramètres modifiés entre la poussinière et l’élevage de ponte est réduit : aliment, programme lumineux (durée, intensité, horaire), matériel à disposition (passer d’abreuvoirs cloche à des pipettes, d’assiettes à des chaînes plates, du sol à un caillebotis ou une volière, d’avoir des perchoirs différents).

Idéalement, les élevages de ponte devraient recevoir des poulettes provenant de poussinières ayant des équipements similaires ou compatibles. Les éleveurs constatent souvent que les poulettes élevées uniquement au sol mettent du temps à s’habituer au caillebotis où on les a posées. Elles restent immobiles et prostrées des heures voire des jours, d’où l’intérêt de fournir l’eau et l’aliment à leur portée.

Première semaine d’adaptations réciproques

Il est très important que l’éleveur soit énormément présent les premières semaines. « L’éleveur joue son année sur les 5-6 premières semaines, assure Nathalie Mordelet, ex-technicienne et éleveuse de poulettes et productrice d’œufs dans les Côtes d’Armor. Les poules sont têtues et doivent être éduquées. Entre lui et les poules il n’y a qu’un gagnant. Si ce sont elles, ça peut être le bagne pendant tout le lot. »

La première semaine est la plus tranquille, car il n’y a pas encore d’œufs à ramasser hors nid. L’éleveur est présent pour surveiller et pour habituer les poules au bâtiment. Il cherche à les disperser au maximum et à les inciter à découvrir les pondoirs. Ce travail se déroule surtout le matin, mais il est aussi indispensable d’être présent lors de l’extinction des lumières pour remonter les poules restées au sol. « Si on ne le fait pas, certaines ne remontent jamais. Elles finissent par mourir de faim au bout de 3 à 4 semaines à manger les crottes des autres. »

Noter les pontes hors nids

 

Dès que les premières pontes démarrent, le temps de présence augmente le matin afin de déranger les animaux pour les inciter à aller dans les nids. La poule qui veut pondre ressent comme une envie irrépressible, mais il faut qu’elle ait au préalable compris que le nid est un endroit calme où s’isoler. L’après-midi est souvent plus tranquille pour les poules et l’éleveur.

Comme chaque lot réagit différemment, l’ancienne technicienne préconise de tenir un cahier quotidien d’observations. Elle inscrit ses heures de passage et le nombre d’œufs ramassés au sol et compare à la collecte des nids. « Je vois peu à peu à quel moment je dois être le plus présente. On sait qu’on a gagné quand le pourcentage d’œufs hors nid baisse, alors que le taux de ponte grimpe en flèche. »

L’éleveur doit aussi être réactif et adaptable. « Parfois, beaucoup de poules fréquentent en même temps les nids des extrémités. Ça se passe souvent entre 50 et 80 % de ponte et disparaît si l’éleveur réagit. » D’autres fois, c’est la ligne supérieure d’un double pondoir qui est sous utilisée. Là encore, l’éleveur doit inciter les poules à remonter.

Ne pas compter ses heures

Qu’on ait 3 000 ou 6 000 poules, il faut au moins passer 3 heures en trois à quatre passages le matin pour déranger les poules, ramasser les œufs au sol, déloger les poules des coins, surveiller l’alimentation. Dans ces conditions, gérer seul et sept jours sur sept un cheptel important (plus de 20 000 poules) peut être pesant si le lot tarde à entrer dans le rang. « Il faut bien en être conscient. Élever des poules alternatives prend du temps. On ne répare pas des tapis ou des moteurs ; on s’occupe d’êtres vivants aux comportements surprenants. Il faut donc être prêt à investir beaucoup de son temps pour que cela se passe bien », conclut Nathalie Mordelet.

Mise à jeun facultative avant le transfert

Le premier lot de poulettes bio de Nathalie Mordelet a été transféré mi-avril sans avoir été mis à jeun. « Cela limite le stress du transfert et leur évite une perte de poids dont elles n’ont vraiment pas besoin. Certaines mettraient huit jours à s’en remettre. » L’ex-technicienne costarmoricaine considère que cette pratique n’a plus de raison d’être.

« Auparavant, on le faisait pour diminuer les salissures dans les cages de transport, dans les couloirs des élevages en cage, et pour faciliter le nettoyage des remorques. » Ses poulettes ont été enlevées dans la nuit pour être livrées à 70 km. Elle a bien veillé à avoir dix poulettes au maximum par compartiment, « car les poules non à jeun sont moins actives. Elles ont tendance à somnoler durant le transport. Les risques d’étouffements sont accrus au cas où une caisse serait en surcharge. »

 

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