Régions
La région Pays de la Loire montre son soutien au bio
Le conseil régional a adopté en 2018 un plan d’accompagnement de l’agriculture biologique. À côté des aides surfaciques, il soutient la structuration de l’offre et le développement des circuits de proximité afin d'assurer un équilibre des marchés.
L’agriculture biologique a encore connu une croissance soutenue en Pays de la Loire, en 2018. Si la région a perdu des places au niveau national suite au redécoupage administratif de 2015, elle reste une des places fortes de la production biologique. À la fin 2018, elle comptait 3 270 exploitations bio (+ 11,8 % sur 2017) selon les chiffres de l’Agence bio. Les surfaces en bio et en conversion s’établissaient à 192 211 hectares, dont 143 535 certifiés (+ 18 % sur 2017). En forte accélération depuis l’année 2016, les conversions se sont maintenues à un haut niveau. Au global, l’agriculture biologique représente désormais 9,2 % de la SAU, plaçant les Pays de la Loire au quatrième rang national. La dynamique est également bien orientée sur l’aval avec 1 458 transformateurs et distributeurs opérant sur le territoire.
Une des grandes forces de la région est d’être positionnée sur une grande diversité de productions : lait, viande, volaille, œufs, fruits et légumes, vin… Une autre réside dans l’effet d’entraînement joué par des acteurs historiques dans l’agriculture biologique et la transformation tels que la Maison Gaborit, Bodin, les Coteaux nantais et bien d’autres. Le soutien des institutions, en premier lieu le conseil régional et cela depuis de nombreuses années, est une autre clé d’explication du développement de la bio en Pays de la Loire. La majorité actuelle ne déroge pas à la règle.
En complément à sa stratégie agri-alimentaire 2016-2020 « De notre Terre à notre Table », adoptée dans l’urgence de la crise, elle a présenté et fait adopter en juin 2018 son plan régional d’accompagnement à l’agriculture biologique 2018-2020, baptisé « Agriculture biologique : la Région s’engage ! ». « Il était important de montrer notre soutien avec un plan spécifique », explique Lydie Bernard, vice-présidente du conseil régional, présidente de la commission Agriculture, agroalimentaire, forêt, pêche et mer.
45 millions d’euros sur deux ans
Élaborée en concertation avec les acteurs ligériens de la filière agrobiologique, cette stratégie régionale se décline en trois axes : la poursuite du soutien en faveur des changements de pratiques vers l’agriculture biologique, le renforcement de la structuration de l’offre vers les besoins de l’aval, le développement de la consommation. Au niveau financier, le conseil régional mobilise dans le cadre de ce plan près de 45 millions d’euros (Feader inclus), dont plus de 6 millions d’euros de crédits régionaux supplémentaires par rapport aux engagements existants.
Il avait déjà fait preuve de son volontarisme sur la période 2015-2017. L’enveloppe Feader dédiée aux conversions étant épuisée dès 2016, la Région a redéployé vers l’agriculture biologique 20,7 millions d’euros de fonds Feader. Elle a, par ailleurs, mobilisé 1,6 million d’euros sur ses fonds propres afin de garantir le maintien des plafonds CAB (aide à la conversion) et MAB (aide au maintien) sur la période.
Pour 2018-2020, la Région s’est engagée au financement de tous les MAB 2018 et sur l’accompagnement des jeunes agriculteurs pour leurs projets de conversion jusqu’en 2020. À côté de ces mesures surfaciques, de nombreux dispositifs, dédiés ou non à l’agriculture biologique, lui bénéficient. On peut citer les PCAE, avec une majoration de 5 % pour les porteurs de projet en bio sur l’élevage, l’accompagnement individuel Pass’bio initié en 2012 et qui constitue un appui technique et financier aux agriculteurs en conversion, les financements liés à la recherche et à l’innovation…
Appel à projet pour structurer les filières
Sur le volet organisation de l’offre, la Région veut agir pour « assurer un équilibre entre production et marché », indique Patricia Maussion, vice-présidente de la commission Agriculture, elle-même agricultrice bio dans le Maine-et-Loire. Un appel à projets « Structuration des filières biologiques régionales » a été lancé l’an dernier. Il vise à favoriser le développement de filières émergentes, également à une meilleure planification des productions, avec un objectif de juste répartition de la valeur ajoutée. Cinq projets ont été retenus et vont se partager une enveloppe de 400 000 euros.
Nous serons attentifs à la sensibilité du gouvernement à accompagner les conversions
La Région actionne d’autres leviers pour soutenir la filière biologique, comme les fonds Ariaa Feader pour les investissements en agroalimentaire, ou encore le dispositif d’aide Transformation à la ferme, qui priorise les exploitations bio. La Région agit enfin pour développer la consommation de produits bio et assurer des débouchés à ses producteurs. Elle le fait dans ses lycées où elle a, dès 2016, fixé un objectif de 100 % de produits français, 50 % de produits régionaux et 20 % de produits bio ou sous signes de qualité. Elle soutient les établissements en pointe dans l’approvisionnement local par des investissements en matériel de cuisson ou dans une légumerie, forme les cuisiniers… En parallèle de ce travail sur les circuits de proximité, elle soutient à l’export les acteurs de la filière bio.
Dans le cadre de son plan, la région Pays de la Loire se fixe l’objectif d’atteindre 60 000 hectares supplémentaires en conversion en deux ans, ce qui lui permettrait de dépasser les 10 % de SAU en bio. Mais, avertit-elle, cet objectif ne sera « possible que si l’État s’engage à mettre les moyens financiers correspondants ». « Nous serons attentifs à la sensibilité du gouvernement à accompagner les conversions », conclut Lydie Bernard.
Une interprofession dynamique
L’association Interbio Pays de la Loire rassemble producteurs, transformateurs, distributeurs, fournisseurs de biens et services, chambres consulaires, restaurants et traiteurs, et associations de consommateurs. « Nous sommes une des seules Interbio avec tous ces maillons. Cela complexifie les choses mais c’est une vraie richesse », confie Magalie Jost, présidente de l’interprofession régionale et codirigeante de la société Nature et Aliments. Le dynamisme de l’association se manifeste à travers un événement comme le Printemps bio, où une centaine de rendez-vous sont organisés sur le territoire en trois semaines. Interbio, qui avait aussi créé les Bio Automnales, lui a substitué en 2017 Innov’en bio, un catalogue qui met en valeur les nombreuses innovations de la filière bio régionale. L’interprofession est aussi particulièrement active sur le champ de la formation. Elle organise par exemple le 3 octobre prochain à Nantes une formation sur la transformation des produits bio avec le CTCPA.