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Nutrition animale bio: des disponibilités suffisantes, pour l’instant

Il devrait y avoir assez de céréales bio pour cette campagne, même si la prudence est de mise pour la prochaine. Le marché protéique est tendu.

L'Ufab est une filiale de la coopérative Le Gouessant, l’un des principaux fabricants français d’aliments bio.
© Yanne Boloh

Avec une croissance de 25 % en 2019 par rapport à 2018, la fabrication d’aliments biologiques pour animaux a atteint 600 000 t l’an dernier en France et elle continue à croître début 2020, avec une probable nouvelle croissance à deux chiffres cette année. C’est donc autant de matières premières à approvisionner. Quelque 135 360 t de blé tendre, 112 300 t de maïs et 46100 t de triticale ont été produits en agriculture biologique l’an dernier en France.

Au 1er mars, FranceAgriMer notait déjà que la consommation en nutrition animale des céréales bio, toutes espèces confondues, avait progressé depuis le début de la campagne de +15 %, avec +4 % blé bio , +17 % en maïs bio, +14 % en triticale bio et +20 % en orge bio. A la même date, les meuniers étaient déjà à +14 % de consommation de blé meunier bio par rapport à la même période de 2018/2019. Les fabricants d'aliments pour animaux ne devraient donc pas, non plus, manquer de son bio, même si concrètement cela semble moins vrai dans les silos de leurs usines.

Pour l’instant, la nutrition animale profite des récoltes plutôt bonnes de l’année dernière. Ainsi, l’Hexagone a même pu exporter du maïs bio et du maïs C2 (deuxième année de conversion) vers le nord de l’Europe, très demandeur en ressources. Mais l’une des difficultés reste les transports « comme en conventionnel, tout a été désorganisé de mi-mars au 10 avril avec des surcoûts importants», constate Alain Turpaud, acheteur d'Arrivé NA, dont la filiale Aliments Mercier est 100 % bio.

Attention aux protéines

« Les achats en bio sont très différents de ceux des aliments conventionnels avec des circuits et des modalités spécifiques », rappelle Carine Maret, directrice de l’Ufab (filiale de la coopérative Le Gouessant, l’un des principaux fabricants français d’aliments bio). La majeure partie des achats se fait en contrats annuels ou pluriannuels, convenablement réalisés pour l’instant. La part d’achat en spot subit, par contre, une montée des prix en protéines. Le Nord de l'Europe et l’Espagne sont venus souffler des volumes de protéagineux (pois et féverole) dans l’Hexagone pour compenser au moins en partie les 300 000 t de tourteaux de soja bio d’Inde ou de Chine qui ne sont pas arrivées dans l’UE. Et le marché sera donc très tendu jusqu’en juillet, en espérant une excellente récolte car, même en progression de +89 %, la collecte de l’an dernier n’a atteint que 49 000 t (pois + féverole). La collecte en oléagineux bio (83 000 t) affichait de son côté +35 % (soja + tournesol).

Malgré la progression en soja (+40 %), la France ne produit pas assez de graines pour satisfaire les besoins de sa nutrition animale bio. Avec +44 % des utilisations au 1er mars, cette dernière absorbe toutes les disponibilités au fur et à mesure qu’elles émergent. Plusieurs fabricants se sont donc forgés depuis plusieurs années des filières d’approvisionnement complémentaires (notamment en Afrique) et triturent en France, ce qui leur donne une plus grande autonomie. Toutefois, certaines chaînes d’approvisionnement maritimes se sont rompues, tout au moins ponctuellement, ce qui génèrent des tensions. Quant à la capacité française de trituration, sa progression reste également freinée, par les volumes de graines disponibles mais également les débouchés en huile de soja bio, qui ne sont pas très extensibles. Enfin, que ce soit en pigments jaunes (tagètes), désormais sourcés en Chine, ou en vitamines, les tensions sont assez similaires à celles connues pour le conventionnel.

Données 2019

Avec 600 000 t fabriquées en France l’an dernier, le bio se fait une place croissante dans les volumes d’aliments pour animaux. Les volailles restent en tête avec près de 440 000 t, la large majorité pour les pondeuses (318 000 t) car les œufs bio ont le vent en poupe dans les GMS. Les porcs arrivent ensuite (quasiment 60 000 t), 2020 pourrait d’ailleurs être une année de renforcement pour ce segment. Enfin, les bovins consomment 54 000 t d’aliments bio (hors mash), l’essentiel de leur alimentation étant produite dans les exploitations.

 

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