Arvalis teste l'éclatement du grain et la taille des particules de maïs sur jeunes bovins
Arvalis a testé en ferme expérimentale différentes modalités d’éclatement du grain et de longueur des brins de l’ensilage de maïs. Des brins courts et des grains bien éclatés permettent de maximiser les performances en engraissement de jeunes bovins charolais.
Arvalis a testé en ferme expérimentale différentes modalités d’éclatement du grain et de longueur des brins de l’ensilage de maïs. Des brins courts et des grains bien éclatés permettent de maximiser les performances en engraissement de jeunes bovins charolais.
Un essai répété deux années (2019_2020 et 2020-2021) a été conduit sur jeunes bovins charolais à la ferme expérimentale Arvalis de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse. Trois modalités de récolte du maïs ont été comparées. Elles visaient à étudier l’effet de l’éclatement du grain et de la longueur de coupe : un éclatement faible du grain dans un ensilage « brins courts », un fort éclatement du grain dans un ensilage « brins courts », et un fort éclatement du grain dans un ensilage « brins longs ».
« Pour l’ensilage 'brins courts', la longueur de coupe était réglée sur l’ensileuse entre 10 et 13 mm. Pour l’ensilage 'brins longs' elle était de 23 mm », a expliqué Anthony Uijttewaal d’Arvalis Institut du végétal, lors d’une conférence au Sommet de l’élevage. Les ensilages ont été récoltés à 34,5 % MS en 2019 et à 37,2 % en 2020. « L’objectif est de 35 % mais l’appareil végétatif était desséché en 2020. » Pour l’éclatement du grain, l’ensileuse John Deere 8 rangs était réglée de façon à maximiser la différence entre les modalités (serrage d’environ 1 mm/serrage de 4 ou 4,5 mm).
Le test du Corn Silage Processing Score (CSPS) a été réalisé sur les ensilages ainsi obtenus. Il permet de quantifier l’éclatement des grains par tamisage agressif de la fraction fine (les particules de moins de 4,75 mm) de l’ensilage séché et dosage de l’amidon qu’elle contient. Si plus de 70 % de l’amidon est retrouvé dans la fraction fine, le niveau d’éclatement du grain est jugé excellent. En dessous de 49 %, il est insuffisant. Dans cet essai, les modalités « brins courts avec fort éclatement » et « brins longs » présentaient un CSPS de 69 % ou plus, et la modalité « brins courts avec faible éclatement » de 49 % en 2020 et 55 % en 2021.
Méthode de la bassine : Comment vérifier l’éclatement des grains ?
La ration distribuée à volonté se composait de 52 ou 54 % d’ensilage de maïs selon l’année, avec une complémentation d’orge et tourteau de colza et des minéraux (0,85 ou 0,90 UFV/kgMS selon l’année, 100 g PDI/UFV). Elle titrait 30 % d’amidon, dont 12 ou 14 % d’amidon selon l’année apporté par l’ensilage de maïs. Le taux de cellulose brute était de 16 %. De la paille était à disposition en permanence sur le quai d’alimentation pour tous les lots.
Le niveau de performance zootechnique a été bon pour tous les lots : les gmq moyens s’étagent de 1 652 g/jour à 1 922 g/jour selon les années et les modalités, pour des jeunes bovins abattus à 455 kg C de moyenne.
Témoin d’une très bonne digestibilité
La modalité « brins longs » donne sur les deux années des moyennes intermédiaires entre les deux autres. La modalité « brins courts avec fort éclatement du grain » a tendance à améliorer le GMQ et réduire la durée d’engraissement par rapport à la modalité « brins courts avec faible éclatement ». Mais la différence entre les deux n’est statistiquement significative qu’une année sur les deux (+170 g/j et 23 jours d’engraissement en moins en 2019-2020).
Méthode de type « penn state separator » : Comment vérifier la longueur de coupe ?
Il n’y a pas de différences entre les lots sur les performances d’abattage (conformation, état d’engraissement, rendement carcasse).
Le tamisage des refus comparé à celui de la ration a montré que les jeunes bovins n’avaient pas trié – sauf pour la modalité « brins longs » sur l’une des deux années de l’essai. « Une grande partie des particules de plus de 19 mm ont été retrouvées dans les refus pour ce lot en 2020-2021, signale Anthony Uijttewaal. Ce résultat invite à rechercher des brins courts, qui ont été bien consommés sans tri sur les deux années d’essai alors que les ensilages étaient différents. »
« Nous avons aussi constaté les deux années que les jeunes bovins ont un temps d’adaptation sur l’ensilage 'brins longs' plus long qu’avec l’ensilage 'brins courts'. Ils ingèrent moins pendant le premier mois. Leur GMQ sur la phase d’adaptation est inférieur de 200 g/jour à celui des autres lots de l’essai. »
Le dosage de l’amidon dans les bouses a été réalisé au cours de l’essai (après 60 à 215 jours de conservation des ensilages). Sa teneur est faible pour tous les lots, toujours inférieure à 4 % de la MS des bouses et proche de 2 % en moyenne – témoin d’une très bonne digestibilité.
Les préconisations classiques sont toujours valables
Aucun effet positif des brins longs n’ayant été mis en évidence dans ces essais, les préconisations classiques pour vaches laitières comme pour jeunes bovins sont toujours valables. Arvalis estime que des brins d’ensilage de maïs de 8 à 10 mm « rendu auge » permettent de concilier qualité de conservation, ingestion et valorisation.
« Des essais complémentaires in sacco (sur animal fistulé) ont montré que la dégradabilité ruminale était impactée par le niveau d’éclatement du grain », fait valoir Anthony Uijttewal. Sur ce point aussi, on peut s’en tenir aux repères classiques : aucun grain de maïs intact dans l’ensilage, et au moins 75 % des grains éclatés en quatre.