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Agrumes : les 3 raisons qui expliquent la légère baisse des exportations de l’Afrique du Sud en 2024

Certes, on parle d'une baisse de -0,4 % sur un an, mais le fait est notable car la campagne d'exportation d'agrumes sud-africaine était à l'origine attendue en forte hausse.

L’Afrique du Sud est le deuxième exportateur mondial d’agrumes après l’Espagne. Le pays exporte notamment beaucoup d’oranges Valencia, des oranges de type à jus. Sauf que cette année, les prix sur le marché local pour la transformation ont été attractifs, détournant une petite part des volumes destinés à l’origine à l’exportation. Photo d’archive. FLD.
© Julia Commandeur

En 2024, l’Afrique du Sud, acteur majeur dans l’export international d’agrumes, en a exporté 2,47 millions de tonnes (164,5 millions de colis de 15 kg), un chiffre légèrement en baisse comparé à 2023. Certes, on parle d'une baisse de -0,4 % sur un an, mais le fait est notable car la campagne d'exportation d'agrumes sud-africaine était à l'origine attendue en forte hausse.

Cette année agrumicole a été « très inhabituelle », a d’ailleurs titré Justin Chadwick, le directeur général de la CGA (Citrus Growers Association, association des producteurs d’agrumes d’Afrique du Sud), dans sa note hebdomadaire du 15 novembre, qui détaillait les chiffres définitifs de la campagne d’exportation 2024 d’agrumes d’Afrique du Sud.

L’exportation de petits agrumes a notamment observée une hausse notable, contrebalancée par une forte baisse des exportations d’oranges de type Valencia (oranges à jus).

 

Les chiffres définitifs des volumes d’agrumes emballés pour l’exportation en 2024 par l’Afrique du Sud, par type d'agrumes. Source : Citrus Growers Association 
 Volumes exportés en 2024Différentiel de volumes comparé à 2023
Pomelo214 500 tonnes-4 500 tonnes
Petits agrumes624 000 tonnes+54 000 tonnes
Citron520 500 tonnes-16 500 tonnes
Orange de type Navel (orange de table)376 500 tonnes+6 000 tonnes
Orange de type Valencia (orange à jus)730 500 tonnes-70 500 tonnes

 

Une année agrumicole « très inhabituelle »

« Bien que ce chiffre [de 2,47 millions de tonnes d’agrumes exportés] soit inférieur de 600 000 colis [-9 000 tonnes, NDLR] à celui de l'année dernière, cette légère baisse reste une bonne performance pour le secteur, compte tenu des circonstances vraiment très exigeantes auxquelles les producteurs ont dû faire face », estime Justin Chadwick, rappelant qu’un certain nombre de facteurs imprévus ont obligé la CGA  à régulièrement revoir ses estimations d'exportation lors de la campagne. 

Celle-ci était initialement estimée à 2,73 millions de tonnes (181,7 millions de colis) ; le chiffre final est donc inférieur de plus de -9 % à cette estimation.

1: Les conditions météo ont réduit les calibres et les volumes pour l’export

Parmi les facteurs imprévus évoqués par Justin Chadwick : les conditions anormalement chaudes et sèches du milieu à la fin de l’été. Elles ont entraîné une réduction du calibre des fruits, « ce qui signifie qu’il a fallu environ 4 % de fruits en plus pour remplir le même carton que l'année précédente », traduit le directeur général de la CGA.

En raison de la baisse des calibres, il a fallu 4 % de fruits en plus pour remplir les cartons

Toujours dans le registre des conditions climatiques : les températures glaciales dans le Limpopo, les inondations dans le Western Cape (Citrusdal) et les vents violents qui ont fait tomber les fruits dans le Eastern Cape ont entraîné une baisse des fruits destinés à l’exportation.

2: Les mesures commerciales restrictives de l’UE ont freiné les exportations sud-africaines

Justin Chadwick pointe également du doigt « les mesures commerciales non scientifiques et inutilement restrictives (sic) de l'Union européenne concernant le citrus black spot et le faux carpocapse » qui ont continué à freiner les exportations sud-africaines.

Les procédures engagées par l'Afrique du Sud contre ces mesures auprès de l'Organisation mondiale du commerce sont en cours.

A relire : Argumes : l'Afrique du Sud dépose plainte contre l'UE

3: La transformation a offert des prix plus attractifs

Mais le principal facteur affectant les volumes d’exportation a été le prix élevé offert pour les oranges à destination de la transformation locale. Selon Precious Kunota, responsable de la veille stratégique et des données à la CGA, plusieurs de ses sources dans le secteur des jus ont signalé une hausse significative (de 60 à 80 % !) des volumes d'oranges transformées dans leurs installations, par rapport à la saison 2023.

90 000 tonnes d’oranges auraient été détournées vers les usines de jus

« On estime qu'environ 6 millions de colis d’oranges destinées à l’exportation [90 000 tonnes, NDLR], soit 7 % du total, ont été détournés vers les usines de jus », précise l’analyste.

A relire : Jus d’orange : les prix ont triplé en deux ans

A relire : Pourquoi les prix du jus d’orange explosent

 

Les agrumes sud-africains, un secteur attendu en développement ces prochaines années

Pour Justin Chadwick, il est important de noter que même si les exportations ont légèrement diminué par rapport à 2023, les volumes produits en Afrique du Sud continuent d’augmenter.

Objectif de croissance du secteur agrumicole sud-africain à 2032 : 3,8 millions de tonnes exportées

« On estime qu'au total, 10,1 millions de colis [151 500 tonnes] ont été détournés vers la production locale de jus ou perdus en raison d'événements climatiques. Compte tenu de ces éléments, la CGA est convaincue que, si tous les acteurs s'unissent, notre objectif de croissance à long terme, à savoir l'exportation de 260 millions de colis [3,9 millions de tonnes] et la création de 100 000 emplois d'ici 2032 est réalisable », conclut Justin Chadwick

Il appelle ainsi à une meilleure efficacité des ports du pays, surtout si les volumes d’agrumes sont destinés à continuer leur développement.

A relire : Agrumes : quelles sont les premières prévisions de récolte de l’Espagne pour la campagne 2024-2025 ? (prévisions à mi-septembre, avant les inondations à Valencia)

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