Udsea 63 Section céréales et grandes cultures
Volatilité des prix, réforme de la Pac et propositions Momagri ouvrent le déba
Réunis le 16 mars au matin du Congrès de l’Udsea du Puy-de-Dôme, les acteurs de la filière ont revu toutes les préoccupations du moment.
Conjoncture 2011/2012 : grande volatilité des prix
Il ressort en premier lieu de la réunion, une forte volatilité des prix : chute du prix de toutes les céréales, entre juillet et décembre 2011, tout en restant sur des valeurs relativement élevées. La baisse est d’autant plus remarquée que les charges d’exploitation, notamment les engrais, augmentent fortement et que le budget annoncé de la nouvelle PAC ne met pas la production au centre de la réflexion. Il est à noter au niveau mondial que les fondamentaux du marché sont stables (+ 7 millions de tonnes pour le blé, - 7 millions de tonnes pour le maïs). L’augmentation de la production de blé provient des pays de la Mer Noire et a une incidence directe sur les cours. «Ce n’est pas parce que le prix des céréales baisse que la consommation augmente » s’accordent à dire les adhérents de la section.
Concernant le maïs, la situation reste tendue malgré une production mondiale record. Elle s’explique par les progrès génétiques et l’utilisation des biotechnologies. En 15 ans la productivité a progressé de 40 % mais l’utilisation restant supérieure à la production, les stocks se sont dégradés à 50 jours en fin de campagne 2011.
Les stocks mondiaux, essentiellement privés, régressent.
Sébastien Vidal, membre de la section et animateur de la réu- nion, met en avant l’importance des céréales dans l’alimentation mondiale (70 % de l’alimentation humaine et animale sont des céréales) ainsi que l’influence du marché des céréales sur les autres marchés. «Les enjeux de demain sont de nourrir la population qui augmente. Il faudra donc inéluctablement augmenter la production malgré les contraintes imposées tant en France qu’en Europe ».
Les pays de la Mer Noire sont fortement concurrentiels par leur prix de revient qui, combiné à la valeur de leur monnaie, en fait de redoutables concurrents.
De plus, les producteurs français ne sont pas soumis aux mêmes normes de traçabilité et de qualité, ce qui relance le sujet de la forte disparité entre les Etats membres. Et ceci s’amplifie encore au niveau mondial.
La question se pose aussi à propos des OGM. « La France autorise l’importation mais pas la production… Si les choses n’évoluent pas rapidement sur ce dossier, il y aura, à terme, un décalage de compétitivité pour notre agriculture, notre industrie agroalimentaire et les emplois qui en découlent» a expliqué Sébastien Vidal
De son côté, Patrick Trillon, membre de la section, a insisté sur «l’incertitude des cours mondiaux et du marché qui peut se retourner du jour au lendemain».
PAC « au rabais »
Pour Sébastien Vidal, «la nouvelle PAC semble détournée de ses fondamentaux de départ». Le budget prévu ne suit pas l’inflation et la convergence des aides va amener à «partager un peu plus le gâteau» et entraîner une réelle perte de soutiens pour les agriculteurs français. « Il est indispensable de remettre sur la table des négociations, le débat sur la jachère qui, de fait, semble contre-productive » indique-t-il. Les politiques ne se prononcent pas quant à la tentative de revenir sur les jachères camouflées.
Le «verdissement» de la Pac qui va conditionner une partie des DPU, est considéré comme une contrainte supplémentaire pour les agriculteurs. La possibilité de paiements découplés de la production est perçue comme une «aberration » en opposition avec la demande croissante de production.
Concernant la régionalisation des aides, face à la pression politique, «il vaut mieux un syndicalisme groupé qui garde une certaine cohésion entre les régions pour que la régionalisation se fasse au niveau de la France en tant qu’état membre», a insisté Patrick Trillon.
L’assemblée s’est posée la question de savoir où vont les DPU qui étaient rattachées à des terres qui ont perdu leur vocation agricole, « l’équivalent d’un département disparaît tous les 7 ans, précise Serge Bionnier, adhérent de la section Udsea. Force est de constater « l’omerta » du ministère de l’Agriculture qui ne donne aucun chiffre ».
« Le vide politique est total sur une application aveugle du droit de la concurrence alors que les autres Etats membres s’organisent. Les interprofessions doivent demeurer le lien de concertation au profit de l’organisation de nos filières.» Il a été soulevé « une peur de la perte du pouvoir économique si les agriculteurs et les coopératives ne peuvent pas s’organiser entre eux ».
L’Allemagne a une longueur d’avance sur la France car elle a intégré l’arrivée de l’Europe de l’Est sur les marchés. La cohésion syndicale européenne dépend beaucoup du couple franco-allemand.
Ceci dit, «il ne faut pas faire abstraction de la politique française au profit de la politique européenne d’un point de vue syndical».
Que propose Momagri ?
Tout d’abord, un constat : « la dérégulation des marchés agricoles conduit à une instabilité des prix qui menace la sécurité alimentaire et, in fine, la paix dans le monde. »
En opposition avec les propositions du commissaire européen, Dacian Ciolos, Momagri affiche une proposition «ambitieuse mais nécessaire» souligne Sébastien Vidal.
Le modèle Momagri montre que les risques endogènes (anticipation, optimisme/pessimisme des agriculteurs, investisseurs, spéculateurs) priment sur les risques exogènes (aléas naturels) conduisant à la volatilité des prix. Cette organisation propose la mise en place d’un tunnel de variation libre des prix entre un prix plancher et un prix plafond de façon à maintenir un prix d’équilibre basé, en moyenne, sur l’économie des exploitations. Des paiements sur la base de contrats pluriannuels, accompagnés d’un stock régulateur, permettraient de maintenir le revenu des agriculteurs et de remettre la production au centre des préoccupations de la PAC.