Lait
Une interprofession laitière toujours en panne avec un « risque de crise »
La réunion interprofessionnelle, qui s’est tenue le 21 juillet dans le but d’étudier les indicateurs destinés à éclairer les marchés pour le prix du lait du troisième trimestre, s’est soldée par un nouvel échec.
Un échec de plus pour l’interprofession laitière. Lors d’une nouvelle réunion le 21 juillet à Paris, elle n’a pas été, une nouvelle fois, en capacité de publier des indices de tendances sur les marchés pour le 3e trimestre 2010. Responsable de ce nouvel échec, selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) : les industriels privés (Fnil). Pour la FNCL, « certaines positions dogmatiques de la Fnil ont bloqué toute avancée de l’interprofession [...], s’arc-boutant sur un seul volume et un seul prix dans les contrats, dont chacun sait qu’il s’agit d’une position intenable à terme ». Estimant avoir fait preuve de « pragmatisme, de volontarisme et de responsabilité », la coopération laitière propose, depuis le début de 2009, de différencier les volumes et les prix du lait en fonction de leurs débouchés et de mettre en œuvre un cadre interprofessionnel pour la régulation des volumes. « L’engagement de travailler sur cette proposition figurait dans l’accord interprofessionnel du 3 juin 2009 », souligne la FNCL qui « salue la volonté de la FNPL d’aller vers cette différenciation des volumes et des prix ». « Pour le prix du lait du troisième trimestre et en l’absence d’accord sur les tendances de marché », le montant payé aux éleveurs « devrait continuer d’augmenter de façon significative », souligne la coopération.
Ce qui ne manquera pas de faire plaisir aux producteurs. En effet, la FNPL appelle ces derniers « à demander dès aujourd’hui aux entreprises les prix qui seront appliqués sur le troisième trimestre 2010. » « S’il s’avère qu’ils ne prennent pas en compte le juste impact d’une conjoncture très positive, des actions à définir seront engagées dans les jours qui viennent », prévient le syndicat. La FNSEA a publié un communiqué qui évoque un « risque de crise » et menace les industriels d’actions syndicales.
Alibi
La FNPL dénonce, un fois encore « le nouvel alibi des entreprises pour grappiller des euros aux producteurs », à savoir « le lien avec l’Allemagne ». Pour la FNPL, cette attitude est inacceptable à plus d’un titre. La gestion des volumes « à la française » doit avoir une incidence positive sur le prix français. La valorisation des produits laitiers français supérieure de 8 % à celle de l’Allemagne doit aussi bénéficier aux producteurs de lait. Henri Brichart, le président de la FNPL, vient d’écrire au ministre Bruno Le Maire. Il explique notamment, dans ce courrier, que si l’interprofession est incapable de définir des éléments incontestables juridiquement sur les variations de tendances de marchés entrant dans le calcul du prix du lait, la contractualisation ne sera pas possible.
Le syndicaliste insiste également sur les suites de la Loi de modernisation agricole. Alors que la contractualisation devrait devenir effective en 2011, trois projets de textes d’application sont d’ores et déjà à l’étude pour la rentrée. Ils concernent : le médiateur sur le sujet de la contractualisation, l’organisation économique des producteurs et les contrats. Un groupe de travail ad hoc sera constitué au niveau du ministère de l’agriculture pour avancer sur ces sujets… dans un contexte interprofessionnel bloqué et avec la menace d’une mobilisation des producteurs. Pas simple.