Thiers toujours à la pointe du couteau
Année après année, Coutellia affole les compteurs. Pour sa 29ème édition, plus de 6.600 visiteurs se sont pressés dans
les allées du salon et les animations du village coutelier.
Venir à Coutellia, c’est toucher du doigt l’excellence coutelière. Le couteau, prolongement quasi naturel de la main de l’hom-me, se trouve ici magnifié par le gotha de la coutellerie française et internationale. Les aciers damas se marient avec le titane et des matériaux plus surprenants comme la molaire de mammouth fossilisée ou l’os de girafe pour obtenir des couteaux d’exception. Le jury, présidé par le coutelier américain Joe Keeslar, a eu la lourde tâche de départager les 33 concurrents du concours de création coutelière sur des critères comme l’originalité des mécanismes, la précision d’ajustage, les matériaux utilisés et bien sûr l’esthétique. Florent Pagny, membre du jury et acheteur régulier de couteaux à Thiers, a pu mesurer la difficulté de l’exercice : «toutes les pièces sont plus belles les unes que les autres et tellement différentes, je juge plus en fonction de mes goûts, alors qu’un professionnel va s’attacher à la précision du montage, à la technique». Le sculpteur sur pierre Thierry Courtadon, lui aussi membre du jury, a trouvé source d’inspiration en vue de créer un écrin de pierre pour des pièces de coutellerie.
Un palmarès éclectique
Après délibération, le jury a établi un palmarès très éclectique et très international avec le prix Coutellia (1er) pour le russe Alexander Cheburkov, le prix du jury (2ème) pour l’italien Guiseppe Pala et le prix du public (3ème) décerné à Pascale Sabaté, ancienne vétérinaire dans les Pyrénées-Orientales, reconvertie depuis 3 ans dans le couteau d’art.
La particularité de Coutellia, c’est aussi de permettre aux visiteurs, après avoir admiré et manipulé des couteaux d’exception, de mettre la main à l’établi pour s’initier aux gestes de cette profession. Ainsi, l’atelier de montage de couteaux, animé par des membres de la confrérie du couteau «le Thiers» a tourné sans relâche pendant tout le salon, chaque «apprenti» repartant avec son couteau fermant au fond de la poche avec la fierté d’avoir réalisé un élément unique.
Pour aller encore plus loin dans les étapes de fabrication, un espace forge pour les visiteurs a été ouvert… et rapidement victime de son succès, les postes de travail disponibles étant largement insuffisants pour faire face à la demande ! Une forge à gaz, des marteaux, une enclume, un marteau-pilon, un tablier de protection et les conseils d’un encadrant de la confrérie et voilà l’amateur lancé dans le grand bain pour transformer un barreau d’acier en une lame de couteau tranchante.
Les organisateurs de Coutellia ont déjà posé quelques jalons pour les 30 ans de la manifestation. Parmi les pistes de travail, peut-être un nouveau lieu d’exposition avec plus de surface (la salle polyvalente arrivant à saturation avec l’afflux de visiteurs), l’organisation d’un Mondial du damas et un spectacle son et lumières dans la vallée des Usines. L’histoire de la coutellerie d’art continuera à s’écrire en lettres majuscules à Thiers du 22 au 24 mai 2020.