Théâtre : Une bougie sur la Scène
Les 2, 3 et 4 aôut, Les Amis du Théâtre de Pierrefort présentent «Une fleur sur les ruines», salle Roger-Besse à 20 heures 30. Lever de rideau pour leur quarantième anniversaire.
Les 2, 3 et 4 aôut, Les Amis du Théâtre de Pierrefort présentent «Une fleur sur les ruines», salle Roger-Besse à 20 heures 30. Lever de rideau pour leur quarantième anniversaire.
Lundi soir, répétition pour la dizaine de comédiens amateurs. La ponctualité n’est pas de rigueur, certains sortant tout juste d’une journée de travail. D’autres ont quelques kilomètres à faire pour rejoindre la salle Roger-Besse, véritable petite salle de théâtre au cœur de Pierrefort. Les sourires témoignent du plaisir d’être là, de se retrouver et de répéter une nouvelle fois avant une série de trois représentations de la comédie de 2015 «Une fleur sur les ruines", d’Olivier Jollivet. Celle-ci constitue un véritable challenge. Les huit comédiens sont en permanence sur scène durant les neuf tableaux. Rien d’évident et cela oblige à respecter le placement de chacun, à gérer l’espace, à ne pas «lâcher» son personnage au risque de perturber l’attention portée sur les autres au moment des répliques. «Cela demande beaucoup d’énergie», reconnait Didier Tinloud, un des comédiens et président des Amis du Théâtre de Pierrefort. Il est encore temps d’apporter quelques améliorations. Patrice Chauvet, à l’origine de cette troupe amateur, scrute depuis la salle chaque détail. Et, après plus d’une heure sur scène, le débrief est écouté religieusement. «Il faut s’oublier entrer dans le personnage», rappelle-t-il. Avec douceur, il reprend ses notes pour conseiller un ton plus ferme, ajouter davantage de dynamique dans les déplacements, se saisir des personnages, des moments drôles à ceux plus graves... Personne ne regarde l’heure dans ce temps partagé, feutré dans une salle plongée dans une demi pénombre. Les projecteurs se sont éteints pour ce soir, mais, pas le rêve d’une nouvelle performance collective. La prochaine fois, les comédiens seront en costume, Le public sera à nouveau là, face à eux.
Un challenge
Cette année, le choix de la troupe, sur une proposition de Maryline Pullès, se place en rapport avec le 80e anniversaire de la Libération. Il s’agit d’un huit clos, sur le pallier du cinquième étage d’un immeuble. Nous sommes durant l’Occupation en présence de huit voisins que tout oppose, qui se détestent. Chacun y va de sa méchanceté ordinaire, matière à combler le vide ou arme d’autodéfense tandis que d’autres sombrent dans les débris d’une vie. Une nuit de bombardement les contraint à se rapprocher malgré eux. Chacun dévoile alors ses faiblesses cachées derrières les apparences. Les masques tombent ! Cependant au milieu des ruines, la renaissance passe par les petites qualités de chacun, des miettes d’attention. «Les rôles sont distribués en fonction du caractère réel de chacun», s’amuse Émilien Thérond, Fernand dans la pièce, un peintre au caractère «un peu sec». Il est le benjamin de la troupe. Maryline Pullès a rejoint les Amis du Théâtre en 1989, à l’âge de 18 ans. Elle monte sur scène avec le même enthousiasme. «J’ai commencé en petite danseuse dans «La poudre aux yeux», se souvient-elle. Je n’ai jamais arrêté parce qu’il y a une ambiance hyper conviviale, une atmosphère et une notion de travail qui permet d’avoir un rendu plutôt sympathique». «Cela permet de faire des progrès, pour soi même», complète François Echalier.
Plaisir pour soi et les autres
«La fleur dans les ruines» est une pièce très contemporaine avec un décor dépouillé, présente Patrice Chauvet. C’est une nouvelle expérience pour nous». Elle compte autant de personnages que la troupe pierrefortaise compte de comédiens. «À la lecture nous avons beaucoup rit et surtout, ce qui n’est pas évident, nous l’avons tout de suite trouvé super intéressante, partagent Didier Tinlout et Delphine Chaupit. Nous sommes arrivés au-delà de ce que nous espérions d’autant que nous n’avons pas pu travailler au rythme que nous voulions». Quoi qu’il en soit, le résultat est à la hauteur et du plaisir offert par la troupe pierrefortaise avec enthousiasme. À Pentecôte, pour les premières représentations, les spectateurs ont semble-t-il apprécié. Ils ne peuvent passer qu’un agréablement moment, à rire, même si le sujet de la condition humaine donne à réfléchir d’autant plus dans la période actuelle, entre l’individualisme, l’égoïsme et la solidarité qui se lisent en filigramme de l’histoire.
Il faut toujours monter les marches
Les Amis du Théâtre de Pierrefort ont vu le jour en 1984, suite à un repas entre amis, qui n’avaient jamais fait de théâtre. Un an plus tard, la troupe présentait sa première pièce «Les enfants d’Édouard», une adaptation de Marc-Gilbert Sauvajon. Ce premier succès en appelait d’autres au rythme d’une pièce tous les deux ans. Ce qui anime les comédiens, près de soixante-douze au cours des 40 ans dernières années, repose beaucoup sur la volonté de se retrouver, de partager monter sur scène et de simplement prendre plaisir dans une ambiance d’amitié qu’entretient, sans forcé, l’homme orchestre de cette joyeuse bande : Patrice Chauvet. Celui-ci d’expliquer cette longévité par «un groupe toujours très soudé, beaucoup de tolérance les uns pour les autres, beaucoup de chaleur malgré les «fortes» personnalités». Il ne faut pas oublier dans l’ombre les costumières, les maquilleuses, les décorateurs et autres techniciens pour les lumières et la musique sans qui rien de se passerait sans autant d’enthousiasme. «C’est parfois difficile car chacun à son travail, poursuit Partrice Chauvet. Mais tout le monde a à cœur de donner le meilleur de lui-même et de faire plaisir au public et, pour cela, il faut toujours monter les marches de l’exigence». Sur cet état esprit, l’actuel président Didier Tinlout le rejoint évoquant «le lien qui existe entre les membres donne l’envie de se retrouver pour travailler même après une journée d’activité professionnelle pour certains. On trouve l’envie comme d’autres vont faire du sport. Cela permet aussi de se révéler». Ceci devant un total de 17 500 spectateurs. À signaler que 18 000 euros ont été reversés à des associations caritatives au fil de ces 40 années de théâtre.