Territoires ruraux, entre difficultés et belles réussites
Après une première édition en 2019 et une seconde en ligne en 2021, le cluster Ruralités de la région Nouvelle-Aquitaine a organisé son 3e Forum européen des Ruralités le 5 juillet à La Souterraine. Au programme, un état des lieux des territoires ruraux et deux tables rondes, sur les transitions initiées et la résilience économique.
50 % des néo-aquitains vivent en milieu rural. C’est sur ce chiffre qui traduit tout le poids de la Ruralité en Région que Geneviève Barat, conseillère régionale déléguée à la ruralité, aux circuits courts et à la feuille de route alimentation a ouvert le Forum européen des Ruralités 2022. Un forum initié par le cluster Ruralités, lui-même créé à l’initiative de la Région en 2016. À l’origine du projet, un constat, des maires dépassés et pessimistes après la réforme territoriale. « Le cluster Ruralités a permis de partager les inquiétudes, de les analyser et d’interpeller les acteurs », explique Geneviève Barat. Une vision partagée par les communes porteuses de projet et qui échangent en direct avec la Région. Depuis le premier appel à projet en 2018, 360 projets ont été accompagnés. Une vraie réussite pour la Région qui résume sa politique en un slogan : Penser loin et agir près. « C’est le fondement même de la politique d’Alain Rousset, une volonté de rééquilibrage territorial », souligne Laurence Rouède, vice-présidente en charge du développement, de l’équité des territoires et des contractualisations. Dans le détail, la Région compte accompagner ce rééquilibrage notamment en favorisant les projets de communes de moins de 2 000 habitants et ceux mettant en avant une transition en lien avec l’environnement, la mobilité, les énergies,… En outre, la Nouvelle-Aquitaine affiche sa volonté d’équilibrer urbain et rural au sein du programme FEDER+FSE pour la période 2021-2027 ainsi que celle d’intégrer l’ensemble des fonds européens au volet territorial soit 126 M€ pour les territoires ruraux. Invité à témoigner sur les enjeux de la réalité face aux crises, Didier Le Bret, diplomate français, ancien ambassadeur de France en Haïti et créateur de l’association Rendez les doléances est revenu sur les témoignages recueillis suite à la crise des gilets jaunes. « Ce sont majoritairement des communes rurales qui se sont exprimées dans ces cahiers de doléances. Un mot clé peut les résumer : j’existe, explique Didier Le Bret. On y trouve beaucoup de témoignages sur les impôts, les services publics, Le pouvoir d’achat mais plus largement le pouvoir de vivre. Au travers des témoignages, on voit aussi la demande d’un retour à une forme de démocratie plus directe. » Des constatations qui convergent avec celles de la région, son président plaidant pour une régionalisation massive en réponse.
La ruralité en transitions et des stratégies de développement
Deux tables rondes ont permis aux participants de se projeter dans l’avenir de la ruralité. Dans la première, les intervenants, maire, géographe, association, chercheur se sont interrogés sur les transitions à l’œuvre sur le territoire. La transition agroécologique a été largement évoquée. Si l’agriculture est cruciale dans les territoires ruraux, il existe de nombreux enjeux au-delà de l’alimentation humaine et l’agriculture doit réduire sa dépendance à la pétrochimie comme l’a rappelé Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au centre d’études biologiques de Chizé. « Les agriculteurs sont pointés du doigt alors qu’on devrait reconnaître leurs efforts en matière d’agroécologie. Les maires demandent des solutions pour maintenir l’agriculture sur les territoires. Chacun a raison de son côté et pendant ce temps-là, le fossé se creuse… déplore Tony Cornelissen, président de la chambre d’agriculture de Corrèze. Nous accompagnons 95 % des installations mais nous n’avons pas le droit de faire croire à certains candidats qu’ils pourront vivre avec le projet qu’ils portent ». Pour Alain Rousset, la transition agroécologique est inévitable, mais il reste à la définir précisément. Dans la seconde table ronde, Etienne Lejeune, maire de La Souterraine, Lucas Pinton, directeur des Ateliers Pinton à Felletin et Cécile Cantrelle, directrice d’Alsapan à La Courtine ont partagé leurs expériences réussies de développement sur les territoires. Bernard Pecquer, économiste a souligné l’efficacité de la stratégie de la spécificité dans laquelle l’ensemble des acteurs du territoire dialoguent afin de trouver sa spécificité et ses potentiels. Une stratégie « extrêmement intéressante » pour le grand témoin du forum, Didier Le Bret qui salue le dialogue direct communes -Région et souligne que « la Région ne peut faire à la place des territoires ».