Conférence
Singularité et originalité du parlement européen
Le 3 avril s’est tenue une conférence-débat sur le thème «le Parlement européen : atout démocratie de l’UE». A deux mois du scrutin européen, il s’agissait de sensibiliser les électeurs et faire connaître les missions du Parlement européen.

A l'initiative des associations «Auvergne Agricole», «Ensemble Thiers-Ambert» et du «Centre d'information Europe Direct», agriculteurs, élus, ruraux et clermontois ont échangé vendredi 3 avril dans l'enceinte de l'Enita, sur le rôle, la place et l'évolution des missions du parlement européen.
Catherine Guy Quint et Jean Pierre Audy, députés européens, Jean Claude Thomas, de la Direction générale de la communication au parlement, et Jacques Chazalet, président de la Chambre régionale d'agriculture, se sont prêtés au jeu des «question -réponse», animé par Alain Marty, animateur du Centre d'information Europe Direct de Clermont-Ferrand.
«A quelques mois d'un nouveau scrutin européen où nous allons désigner nos représentants, il nous paraissait intéressant d'essayer de mieux comprendre le fonctionnement de cette assemblée. Quelle est son histoire? Quel est son rôle? Ses pouvoirs ? Quelle est son influence politique ? Autant de questions que chacun d'entre nous, citoyen européen, se pose et auxquelles nous vous invitons à répondre durant cette conférence-débat», déclarait en préambule Jean-Paul Guérin, président de l'association Auvergne Agricole.
Une montée en puissance politique
Pour Jean Claude Thomas, le «monsieur parlement», l'assemblée européenne est une «institution qui renvoie à une construction politique tout à fait originale (...) Son fonctionnement est différent de ce à quoi nous sommes habitués dans la vie politique française. Le parlement européen est un vrai parlement, c'est une maison de la diversité. Ce sont les groupes politiques qui ont le pouvoir (...) Le compromis et le consensus guident les pas des parlementaires. La règle c'est écouter l'autre». Avant les années 80, le parlement n'avait pas de pouvoir ; ce sont les élections au suffrage universel qui vont faire évoluer son fonctionnement. Traité après traité, le parlement monte en puissance. Il devient une institution politique avec des responsabilités politiques le conduisant à la possibilité de refuser l'arrêté de budget, «une première !». Jean Claude Thomas souligne surtout «la singularité et l'originalité» de cette maison aujourd'hui méconnue par les citoyens européens, et «particulièrement par les français !».
La vérité des partis n'existent pas
Catherine Guy Quint a vécu pendant dix ans l'aventure parlementaire européenne, «une formidable expérience qui m'a donnée une dimension de vie que je ne soupçonnais pas !» selon ses mots. «On ne peut pas vivre avec une vérité franco-française quand on est parlementaire européen. Si l'on veut exister, il faut écouter et comprendre ce que disent les autres députés issus d'autres pays et d'autres partis que le vôtre. Il faut travailler sur le respect des mentalités (...) Il n'existe aucune vérité de parti politique ; et ça c'est un véritable choc pour les politiques nationaux et leur façon binaire de vivre la politique française ! (...) Mais c'est un fonctionnement qui s'apprend, il faut savoir aller plus loin que les apparences». Catherine Guy Quint ne se représente pas aux élections européennes, mais elle gardera un œil, dit-elle, sur l'évolution du parlement dont les pouvoirs devraient aller en augmentant avec le Traité de Lisbonne. Elle mise également sur un projet politique européen «majeur pour l'avenir de l'Europe et de nos pays (...) Avant la crise, les Etats pensaient plus à eux. Aujourd'hui, les égoïsmes nationaux se réduisent au profit de l'UE. Et l'enjeu de demain c'est de redévelopper l'unité européenne pour une Europe unie et forte».
Pour Jean Pierre Audy, l'autre difficulté réside dans le désamour entre le citoyen et sa représentation parlementaire européenne, «une relation particulièrement difficile qui crée un choc dans la tradition française (...) le vrai problème de l'EU est de réintroduire du politique dans son fonctionnement (...) Si nous voulons passer d'une Europe technique à une Europe politique, il faut que les députés européens soient mieux reconnus au sein de leurs partis... et que les médias montrent un plus grand intérêt pour L'UE et ses institutions»