« Sans couplage des aides, c’est la friche assurée »
Éleveur en Corrèze, président de la FDSEA et secrétaire général de la FNSEA Nouvelle‑Aquitaine, Daniel Couderc milite pour une PAC qui préserve les équilibres.
Militant de la première heure, d’abord sur les bancs des Jeunes Agriculteurs, puis à la FDSEA, Daniel Couderc est l’un de ceux qui a très vite compris que si seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Dans cet esprit, il s’est engagé très tôt dans les instances régionales, à l’échelle du Limousin, du Massif central puis aujourd’hui au niveau de la Nouvelle-Aquitaine, avec l’envie chevillée au corps de défendre une agriculture à dimension familiale viable et vivable. Lui-même est installé en Gaec avec sa femme et ses deux fils du côté de Saint-Bonnet-près-Bort, sur une exploitation qui compte des vaches allaitantes de race salers, un troupeau d’ovins, 400 veaux de boucherie et deux poulaillers conduits en agriculture biologique. Autant dire qu’entre la ferme, le syndicalisme et son poste de maire qu’il occupe depuis deux mandats, Daniel ne chôme pas. « Question d’organisation », vous répondra-t-il. Depuis l’automne, alors que les débats autour de la future PAC se sont multipliés, « comme toujours, il a fallu reprendre son bâton de pèlerin », résume Daniel Couderc. Autrement dit, défendre un projet garant d’une agriculture juste et durable.
Des prix haut niveau et des soutiens équilibrés
« Nous avons eu des débats au sein de la Nouvelle-Aquitaine avec une mosaïque de productions et d’enjeux très divers : produits à haute-valeur ajoutée et sous signes officiels de qualité, élevage, grandes cultures, viticultures… », explique le responsable syndical. Toujours mu par l’esprit du collectif, il était impensable pour lui de ne pas arriver à trouver un compromis au service de l’intérêt général… en préservant les équilibres : « En 1992, les grandes cultures ont bénéficié de la PAC, en 2003 et 2013, un rééquilibrage en faveur de l’élevage a été engagé, aujourd’hui il est important de préserver cet équilibre ». D’autant que certains dispositifs ont démontré leur pertinence, comme l’ICHN « qui doit être sanctuarisée », au même titre d’ailleurs que le couplage. « Le couplage des aides doit être maintenu à son niveau actuel. Dans les zones de montagne et de déprise, on sait que sans le couplage c’est la friche ou le boisement assuré. Pour les zones intermédiaires, réduire le couplage n’est pas non plus la solution car l’élevage disparaîtra au profit des grandes cultures avec des rendements pas au niveau et avec un risque accru d’agrandissement », défend l’éleveur corrézien. Si la notion de viabilité économique est à prendre en compte, la viabilité agronomique aussi avec la complémentarité des systèmes de polyculture-élevage. « La démographie ne va pas nous aider. Avec une population d’éleveurs qui a majoritairement 50 ans, si on baisse le cheptel on va accroître l’extensification, au risque d’être encore plus dépendants d’autres pays qui respectent pas les mêmes normes de production (Mercosur…) ». Très attaché à la notion d’actif, Daniel Couderc ne désespère pas, qu’elle soit un jour prise en compte dans la répartition des aides. En attendant, au gré des réunions locales, régionales, et nationales, il poursuit le combat en faveur d’une certaine idée de l’agriculture, riche de ses femmes, de ses hommes, de ses produits, de ses multiples services… et qui plus que jamais a besoin de prix au niveau et de soutiens équilibrés.