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Billet d’humeur
Quel point commun peut-il y avoir entre ce pignon d'engrenage et cette vache ?

Par Philippe Monteil, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de Creuse.

Réponse

Au premier abord, rien ne permet de penser que quelque chose de commun relie un pignon d'engrenage de round baller et cette vache charolaise. Et bien oui, il existe un point commun, et ce n'est ni le matériau, ni la couleur, ni le poids, ni la forme, ni l'utilisation, mais le prix !

A savoir que le prix de ce pignon de cette presse à balle ronde de marque Welger, qui mesure 17 cm de hauteur, 13 cm de diamètre et d'un poids de 8,7 kg coûte 1 100 euros, soit le même prix que cette vache charolaise de 4 ans et demi et d'un poids de 380 kg de carcasse payé 2,90 euros / kg.

Mais où sommes nous partis ? Sans doute vers la plus grande arnaque des marchands de matériels agricoles qui n'hésitent plus à tromper les clients sur les prix des matériels neufs pour mieux se rattraper sur les prix des pièces détachées. Alors que le revenu des agriculteurs ne cesse de baisser, comme le confirme la commission des comptes de l'agriculture qui affiche une baisse du revenu de -38 % pour les éleveurs creusois, voici que le marché de la pièce détachée explose bien au-delà de l'imaginable. Ce qui est inadmissible pour les éleveurs reste tout à fait admissible pour ces marchands, qui s'étonnent ensuite de constater la mévente de leurs matériels. Non seulement, les pièces détachées sont hors de prix, mais en plus le prix de la main d'œuvre reste tout aussi inabordable. Si certains « mécanos » travaillent encore à des prix « raisonnables » de l'ordre de 30 à 35 euros de l'heure, d'autres sans vergogne travaillent à 54 euros de l'heure et appliquent des forfaits de déplacements de 140 euros auquel s'ajoutent 14 euros de frais pour la facturation et 16 euros de frais pour le recyclage des pièces détachées. Dans ce cas de figure, nous ne sommes plus dans les règles du commerce, mais davantage dans celles de l'escroquerie.

Alors que la profession agricole demande depuis des lustres la mise en place d'un observatoire des prix et des marges sur les produits agricoles, pourquoi ne pas étendre, dans le même temps, ce système aux pièces détachées, comme à d'autres fournitures avec les produits vétérinaires ? On y verrait certainement des marges, égales ou supérieures à celles des grandes surfaces. Et ces mêmes gens de se lamenter sur leur sort parce que la crise touche de plein fouet leurs professions. Allons soyez de bonne foi, et on ne peut pas avoir en même temps le beurre, l'argent du beurre, et la fille...

Et que dire sur les produits vétérinaires, lorsque leurs marges s'élèvent de 40 % à 60 % et cela depuis plus de 15 ans ! Qui sont les responsables : les laboratoires ou les vétérinaires ? Sans aucun doute les deux, qui pratiquent depuis des années les règles de la connivence et de la collusion avec des accords commerciaux dignes de la mafia russe. Pour exemple Sélénium qui valait en 1995, 7.01 euros les 250cc contre aujourd'hui 29.25 euros, soit 4 fois plus cher. De tels exemples peuvent être multipliés sur des centaines de produits.

Si tout augmente depuis 1995 comme les prix des fermages +18 % ; la paille +36 %, les minéraux +62 %, l'eau +30 % ; le contrôle laitier +41 % ; le fuel +82 % ; il n'y a que dans notre métier où tout baisse comme les prix des génisses -10 % ; les vaches -12 % ; les veaux laitiers -100 % et le prix du lait -20 %, depuis des années.

Alors, dans ce contexte, comment faire face à ces augmentations inconsidérées, où l'on voit bien que la part du profit dépasse largement la notion de rentabilité. Continuons comme ça et dans quelques années, nous compterons les cadavres de part et d'autre sur le champ de bataille des prix.

En conséquence nous appelons tous les agriculteurs ayant des factures « explosées » à les communiquer à la FDSEA et nous ne manquerons pas, à l'instar de la commission des transports de l'union européenne, définissant la liste des compagnies aériennes dangereuses de diffuser le palmarès et la « liste noire » des marchands de matériels agricoles.

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