Producteurs laitiers : des savoir-faire à protéger
Pour le patron de la FDSEA, Bruxelles et les industriels doivent tout faire pour sauvegarder leurs producteurs.
“Un mal très français”
“Aujourd’hui, l’Union européenne et la France s’inquiètent de l’avenir de l’élevage en dressant le constat que plus les productions végétales auront de la rentabilité, ce qui est déjà le cas actuellement, plus les éleveurs se détourneront de l’élevage dans une majorité de régions. En Normandie, on voit déjà des exploitations de plus d’un million de litres de lait arrêter de traire pour mettre la charrue. Si la Commission européenne est consciente de ce risque, elle manque de réponses. Il faut donc continuer à pousser pour que ces moyens de régulation rentrent dans la réforme de la Pac en discussion. C’est encore tout à fait possible.” Protéger le creuset de l’or blanc que représente en Europe le maillon de la production : un message que le patron de la FDSEA adresse également aux entreprises de la filière. “Si elles ne font pas davantage attention à leurs producteurs, elles perdront leur fond de commerce”, prévient celui qui porte un regard des plus critiques sur le manque de stratégie et d’ambition des industriels français. “Au moment où les marchés extérieurs ne demandent qu’à être explorés dans le monde entier, la solution de facilité qu’appliquent une nouvelle fois les entreprises, c’est de mettre à mal ce qui fait la base de la filière : les producteurs, avec des baisses de prix du lait inacceptables. C’est décidément un mal très français, condamne Patrick Bénézit. Les industriels ont de vraies difficultés à être réactifs, à mettre en place des stratégies à l’export. Tout le monde dit “il faut faire”, mais personne ne fait ! Un attentisme ou des hésitations qui, pour le président de la fédération, ne pourront durer éternellement sauf à assister rapidement à la désaffection de la production et à une pénurie de lait alors même que des tensions sur les marchés sont pronostiquées à très court terme (avec le redressement déjà effectif sur les marchés beurre et poudre).
“Il faut donner de l’air à la production laitière”
“Ces tensions vont donner des cartes à tout le monde”, estime Patrick Bénézit. Aussi bien aux producteurs qui auront fait le choix d’une production conventionnelle qu’à ceux engagés dans des démarches de différenciation dont les appellations d’origine protégée (AOP). Et là encore, le syndicaliste appelle les entreprises à faire preuve d’imagination pour trouver de nouveaux débouchés. “Il faut arrêter de vouloir tous vendre du cantal au même endroit et de nous répéter qu’on vend moins de fromages. Il faut développer des marchés, il faut des entreprises conquérantes, qui ont envie de sortir du territoire européen. Sur ce type de démarches, les producteurs seront derrière en appui”, assure-t-il. Avant de conclure : “Les industriels doivent bichonner, chouchouter les producteurs et leurs savoir-faire.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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