Elections législatives
Problématiques agricoles : les candidats de la 2ème circonscription à l'épreuve
Le 3 juin c'était au tour des candidats de la 2ème circonscription de présenter leurs programmes et ambitions pour l'agriculture de leur territoire. Une rencontre riche en échanges.
Le 3 juin c'était au tour des candidats de la 2ème circonscription de présenter leurs programmes et ambitions pour l'agriculture de leur territoire. Une rencontre riche en échanges.
Le 3 juin dernier, la FDSEA et les JA avaient donné rendez-vous aux candidats qui se présentent aux élections législatives dans la 2ème circonscription de la Hte-Loire. Et pour échanger sur les problématiques de l'agriculture du département et de ce secteur en particulier, les syndicats agricoles avaient choisi le Gaec des Esclops dans le petit village des Salettes à Saugues. Cette exploitation ovine (800 brebis BMC) et de 70 bovins limousins dirigée par Didier Lebrat et sa fille Léa a permis d'évoquer de nombreux sujets d'actualité : la PAC, la loi Égalim, l'augmentation des charges, la prédation, l’installation...
7 candidats ont répondu présents à l'appel de la FDSEA et des JA : le député sortant LR Jean-Pierre Vigier, Sébastien Beraud, parti Reconquête qui représentait la candidate Clémence d'Aubignan, Hugues Caro, candidat suppléant Reconquête sur la 1ère circonscription, Azelma Sigaux candidate Nupes, Corine Barbier de Debout la France, Christian Allègre de la majorité présidentielle "En marche" et Téophile Cloez, du mouvement "convivialisme la politique du vivant".
PAC, Égalim
Le président de la FDSEA Claude Font a choisi le thème de la future PAC et ses éco-schèmes pour démarrer les échanges. Un sujet hautement technique que certains candidats ont ouvertement avoué ne pas maîtriser... Christian Allègre a évoqué l'évolution très rapide de l'agriculture et l'arrivée de "la modernité qui nous a un peu dépassé" avant d'aborder la loi Égalim mise en place par le gouvernement "En Marche" et qu'il juge "particulièrement intéressante". Sur la PAC et l'environnement, "les premiers techniciens sont les agriculteurs et notre rôle est de vous protéger de la grande distribution et de faire en sorte que vous viviez décemment. Je suis prêt à vous aider (en faisant part de vos problématiques auprès du ministère, car le monde agricole m'est très cher".
Si Téophile Cloez connait peu l'agriculture, c'est un domaine sur lequel il entend travailler ; "Je compte aller vers vous pour voir comment on peut trouver des solutions ensemble". Si Corine Barbier connaît elle aussi assez peu l'agriculture, elle s'intéresse de près à l'autonomie et à la résilience des agriculteurs. "Moi j'ai des idées mais c'est vous qui avez les solutions" a-t-elle ajouté.
Azelma Sigaux entend s'appuyer "sur les agriculteurs pour trouver des solutions et propose la mise en place de prix plancher afin de ne plus trouver d'agriculteurs en dessous du seuil de pauvreté". Son parti entend aussi recruter 300 000 nouveaux agriculteurs par an au niveau antional et créer de nouveaux établissements de formations agricoles... Quant à la PAC, la candidate annonce la volonté de son parti de réviser la réforme de la PAC "en vue d'aider à la transition écologique et revenir à des exploitations familiales employeuses de main d'oeuvre".
Les candidats de "Reconquête" opteront pour un protectionnisme, "ce qui vous permettra de revoir les prix de vos produits à la hausse" avance Hugues Caro. Sebastien Beraud a pointé du doigt l'absence de valorisation du lait produit en Haute-Loire et la mondialisation qui tue notre élevage. "Aujourd'hui, on importe 40% de notre alimentation, nous allons tout droit vers une famine" a-t-il signalé en indiquant quelques minutes plus tard qu'il faudrait imposer une loi interdisant la spéculation sur les produits agro-alimentaires.
Nourrir la population et installer des jeunes agriculteurs
Jean-Pierre Vigier a réaffirmé sa fierté pour les agriculteurs dont la fonction première "est de produire et de nourrir la population mais les normes en vigueur bloquent la production". Pour lui, "les premiers écologistes, ce sont les agriculteurs qui entretiennent les paysages et le territoire". Sur la PAC "si au départ ce n'était pas gagné, on a travaillé pour obtenir une PAC plus adaptée à la montagne" mais pour lui le vrai sujet reste le prix des produits agricoles. Et alors que les charges explosent, le député sortant a récemment demandé une action forte auprès du ministère pour "passer cette secousse".
Jean-Pierre Vigier travaille également sur le sujet de la revalorisation des produits de montagne, un dossier qui selon lui, doit aussi recevoir l'appui du ministère. Enfin, sur l'installation, il a tenu à rappeler que l'Auvergne Rhône-Alpes se classe au premier rang des régions françaises en terme d'aide aux jeunes installés.
Agriculture bio et surtransposition des normes
La présidente des JA Laurine Rousset a abordé le sujet de l'agriculture biologique dont les débouchés s'essouffent depuis quelques temps. "Et que faire si tout le monde passent en bio ?" lance-t-elle. Du côté de la Nupes, Azelma Sigaux reproche le système libéral dans lequel ont été poussés les producteurs bio et souhaite réduire les profits des actionnaires. Et pour contrer le schéma des consommateurs qui tournent le dos aux produits bio plus chers, Nupes propose d'agir sur le pouvoir d'achat des Français en créant une taxe progressive selon la taille des entreprises.
Jean-Pierre Vigier a pointé du doigt la problématique de la surtransposition des normes qui coûte cher au monde agricole. "Savez-vous que nos exploitations font l'objet de plus de 200 points de contrôle et je n'ai pas l'impression que l'on massacre l'environnement... !" a signalé Claude Font comme pour faire réagir les candidats. "Ce serait bien d'adapter ces normes aux territoires" répond alors Azelma Sigaux.
"Si vous préservez les prédateurs, vous détruisez l'agriculture"
Les agriculteurs ont ensuite abordé le sujet qui fait grincer des dents : la prédation par les vautours, les loups et les grands corbeaux. Alors que Jean-Pierre Vigier juge ces attaques "inacceptables et incompatibles avec l'activité d'élevage", Corine Barbier interroge les agriculteurs sur l'intérêt d'installer des placettes d'équarrissage pour les vautours ; une solution que réfutent les agriculteurs. "Si vous préservez les prédateurs, vous détruisez l'agriculture" a lancé Didier Lebrat excédé. L'ensemble des candidats présents ne se sont pas montrés pour la protection des prédateurs, bien au contraire ...
La Nupes entend aider l'installation, la formation et créer des zones emploi dans l'agriculture. Christian Allègre évoque le projet de loi d'orientation pour le renouvellement des générations et l'installation et Jean-Pierre Vigier rappelle que nous avons la plus forte DJA de France. Quant à Téophile Cloez, il avance la solution de l'entraide pour concrétiser des installations.
Il reviendra à présent à chacun des agriculteurs/trices de faire son propre choix devant les urnes.