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Prix des produits agricoles et alimentaires : «Si c'est bio, c'est plus cher !»

Le 23 octobre, à Chassagnes, le Préfet de Haute-Loire a réuni l'ensemble des acteurs de la filière lait bio du département en vue d’échanger sur les perspectives d’avenir de la filière.

Les acteurs de la filière lait biologique étaient au rendez-vous à Chassagnes ce lundi 23 octobre.
Les acteurs de la filière lait biologique étaient au rendez-vous à Chassagnes ce lundi 23 octobre.
© ©HLP

À la suite de la visite du Gaec des Vachers, une ferme laitière qui a récemment opté pour la production biologique (voir ci-dessous), le Préfet Yves Rousset a organisé une grande table ronde ouverte aux acteurs de la filière lait bio (des producteurs aux consommateurs en passant par les industriels et la grande distribution) ainsi qu’aux élus du département. Ce temps d'échanges et de débats s'inscrivait dans le cadre des États Généraux de l'Alimentation (EGA) lancés au niveau national.
Une trentaine de personnes a participé à cette table ronde qui invitait chacun à exposer son avis sur la création de valeur et sa répartition, à s'exprimer sur les prix des produits alimentaires et les attentes des consommateurs.
Dernier maillon de la chaîne, les consommateurs représentés par l'UFC Que Choisir, ont livré leur vision et sentiments sur les produits alimentaires. Pour eux, «les produits bio sont plus sains et plus respectueux de l’environnement ». Si en terme de prix, ils se sont montrés favorables à « une juste redistribution entre producteurs, transformateurs et distributeurs », ils demandent à ce que cette redistribution s'effectue sans hausse du prix du produit fini au consommateur.

Faire remonter l’ensemble des prix
Un avis qui n'est pas entièrement partagé par les producteurs. « Les EGA ont été mis en place pour faire remonter l'ensemble des prix. Et le consommateur doit se mettre en tête que le bio c'est plus cher ! » a expliqué le président de la FDSEA, Yannick Fialip. Il  a également rappelé que notre département représente 440 millions de litres de lait produits qui ne pourront pas tous entrer dans une démarche type “AOP” (comme celle engagée pour le fromage aux artisous), “bio” ou “lait de montagne” : «il faut aussi fournir du lait pour fabriquer le St Agur ou la Raclette RichesMonts...». Pour Mikaël Vacher, producteur de lait bio et élu à la Chambre d'agriculture : « le consommateur doit faire un effort pour payer l'alimentation à son juste prix ». « Nous n'avons pas la prétention de dire ce que doivent manger les consommateurs, mais nous demandons un juste prix pour nos produits » a souligné le président des JA Anthony Fayolle qui s'interroge par ailleurs sur l'impact du « bio » sur la transmission des exploitations et sur les échanges de foncier.
Le sénateur Laurent Duplomb a mis le doigt sur le nœud du problème : « En France, on compte 3000 transformateurs de produits agricoles, 500 000 exploitations agricoles et 4 centrales d'achat ! On a compris qui commandait ? On est en train de tuer les filières... En France, nous avons un vrai problème de répartition de la marge et d'équilibre. Et le grand gagnant, c'est le consommateur qui n'en n’est même pas conscient ! ».
Du côté des distributeurs, le directeur d'Auchan Brives-Charensac confirme le succès des produits du terroir et bio auprès des consommateurs et reconnaît réduire ses marges sur la crèmerie bio par rapport à la crémerie classique. « Par le volume écoulé, les produits bio commencent à devenir abordables en terme de prix » a-t-il indiqué.

Trouver le prix juste
Chez Super U, le patron des magasins d'Aiguilhe et Langeac joue à fond la carte des produits locaux et des marques bio et « Haute-Loire -Auvergne » pour rassurer au maximum les consommateurs. Ce distributeur a confié son souhait de rémunérer les agriculteurs au prix le plus juste. « Lors des négociations, je tiens compte du prix de revient de l'agriculteur et du prix acceptable pour le consommateur et, au milieu de tout ça, on cherche à gagner notre croûte... Au final, si tout le monde est raisonnable, on doit pouvoir s'entendre ».
Les transformateurs, à l'image de la fromagerie de Jussac et de Sodiaal, ont rappelé l'importance du marché national et international en production laitière (conventionnel et bio). Le groupement de producteurs Biolait a présenté son fonctionnement basé sur un contrat tripartite entre producteurs, transformateurs et distributeurs.
Laurent Duplomb a regretté l'absence de la restauration hors foyer (RHF) à cette table ronde. « La RHF pèse énormément sur la baisse des prix ; c'est elle qui pénalise le plus les producteurs ; elle doit aussi prendre en compte nos coûts de revient ».
Cette table ronde a permis de faire émerger des opinions et des propositions (voir encadré) que le Préfet va se charger de faire remonter à Paris, en vue d'enrichir le débat national.

Des propositions

Cette table ronde a fait émerger les pistes de réflexion suivantes :
Un travail est à conduire avec la RHF ; Les distributeurs sont à la recherche de filières courtes ; Nécessité de reconnaître la qualité des produits ; Volonté de modifier le droit à la concurrence en vue de pouvoir travailler sur les effets volumes et prix ; Faire entrer l'exception alimentaire dans le code des marchés publics ; Travailler sur la transmission des exploitations ; Pourquoi ne pas lancer le commerce équitable du lait à l'image de celui du café ?

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