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« Pour une application claire de la loi Egalim 2 »

En rotation entre les quatre départements auvergnats, les agriculteurs du réseau FNSEA-JA ont bloqué durant trois jours et deux nuits la centrale d’approvisionnement de vingt hypermarchés E. Leclerc, située à Yzeure dans l’Allier.

Ce blocage initié par la FRSEA et les JA Auvergne-Rhône-Alpes ciblait clairement la grande distribution avec deux points névralgiques dans la région : la centrale d’achat (ScaCentre) de Leclerc à Yzeure dans l’Allier et celle de Carrefour, à Saint-Vulbas dans l’Ain (voir par ailleurs). Les opérations ont débuté dès le mercredi 23 février, au soir, vers 17 heures, avec, pour objectif, de s’inscrire dans la durée. Un choix stratégique pour les agriculteurs, dans un contexte de promulgation en fin d’année de la loi alimentation et sa partie contractuelle rendue obligatoire pour certaines productions, certains secteurs et catégories d’animaux. Des étapes qui vont s’échelonner dans le temps pour une mise en place progressive. « Nous sommes sur une échelle de temps inhabituelle où nous devons peser sur les négociations commerciales qui se termineront d’ici quelques jours. Nous avons, d’ores et déjà, des retours mitigés, notamment ceux de Patrick Bénézit, qui a participé mardi dernier, au comité de suivi des relations commerciales à Paris, en présence du ministre de l’Agriculture, des acteurs de la distribution et de la DGCCRF, qui a, cette dernière, un œil particulièrement attentif », précise David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

Améliorer la rémunération des producteurs
« Une loi qui avait pourtant pour objectif d’améliorer la rémunération des producteurs. On a peut-être un peu tendance à l’oublier mais l’essence même de la loi était dans cet état d’esprit » rappelle David Chauve. Administrativement appelée Égalim 2, cette loi a été élaborée grâce à l’implication de nombreux responsables de la profession qui ont fortement œuvré, notamment au niveau régional. « Ils ont fait en sorte qu’il y ait une véritable sécurisation des situations des producteurs avec une prise en compte des coûts de productions. Cela est désormais écrit noir sur blanc sans négociabilité des matières premières avec une sanctuarisation de la valeur de la production agricole entre le producteur et le premier acheteur », détaille David Chauve.
Autant dire une révolution culturelle pour bon nombre d’acteurs de la filière… « on est en train de transférer le risque dans le milieu de filière. Il était, jusque là, supporté uniquement par le maillon de la production. Nous sortons donc les opérateurs de leur zone de confort. Les producteurs ont été pressurisés à leur maximum. Désormais d’autres défis majeurs doivent être relevés tels que le renouvellement des générations et la construction de prix à travers des rapports de forces inégaux », insiste l’éleveur puydômois.

Une loi qui doit s’appliquer et dont les producteurs doivent se saisir
Égalim 2 constitue donc une opportunité mais aussi un piège pour les producteurs s’ils ne s’en saisissent pas. David Chauve indiquant qu’ « il faut reconnaître que le ministre de l’Agriculture s’est engagé à mettre en ordre les affaires avant la fin du quinquennat. Nous devons donc en saisir l’opportunité car, après, il sera trop tard ».

Christophe Jardoux, président de la FNSEA 03 : « cranter les choses par ce référentiel coût de production, c’est plus que primordial si on veut continuer d’exister ! »

« Le président de la ScaCentre nous a assuré travailler depuis huit jours sur le sujet. J’ai également pris contact avec les établissements Puigrenier, un abatteur de Montluçon, un fournisseur important de la ScaCentre. Aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, ils sont prêts à accepter des hausses mais en toute transparence. Malheureusement, la loi Egalim fait apparaîre trois façons différentes de négocier et, forcément, chacun d’eux va choisir la moins transparente pour ne pas dévoiler les prix de vente à leurs concurrents. Il faut donc partir sur des contrats tripartites qui seront totalement transparents car l’ensemble des acteurs apparaissent dans la négociation. Je pense que nous nous orientons dans cette direction avec un volume de steaks hachés pour lesquels il nous a été proposé de créer une marque locale destinée à la ScaCentre. Les établissements Puigrenier fournissent 800 kg de steaks hachés à la ScaCentre chaque semaine. Il évoque une perspective de 5 tonnes hebdomadaires. Un effort important qui prouve que les mobilisations successives servent à quelque chose. Dans un second temps, nous nous devons de vérifier que les choses se réalisent vraiment. Il faut cranter les choses par ce référentiel coût de production, c’est plus que primordial si on veut continuer d’exister ! ».

Il a dit
Joël Pigagnol, président de la FDSEA 15 : « Nous avons un rôle important en tant qu’éleveurs, producteurs pour nous saisir de cette opportunité de négociation qui est une évidence depuis longtemps pour tous les autres secteurs d’activité. Personne aujourd’hui ne peut vendre un produit sans déterminer au préalable sa valeur. La loi nous réinscrit dans une démarche de négociation en marche avant. Il faut donc la saisir. Malheureusement nous observons encore certains comportements lors des négociations comme celle de la grande distribution qui refuse d’évoluer. Il y aura sans doute des démarches au cas par cas mais, globalement, nous restons dans un état d’esprit où la négociation doit être violente, dure où on massacre le prix. Notre action permet d’apporter des éléments en faveur de ceux qui négocient. L’Etat doit aussi remplir son rôle en faisant appliquer la loi ».

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