Betterave
Plus que jamais, la betterave s’enracine en Limagne
Si la campagne betteravière 2007en Limagne peut se targuer d’un bon rendement, celle de 2008 présage des résultats en demi-teinte, marqués notamment par une climatologie inhabituelle
Si la campagne betteravière 2007en Limagne peut se targuer d’un bon rendement, celle de 2008 présage des résultats en demi-teinte, marqués notamment par une climatologie inhabituelle







Sans surprise, la Sucrerie Bourdon affiche un nouveau record de production sur la campagne 2007/2008 avec un rendement à 16 de 87,17 t/ha contre 86,3 t/ha l'an dernier. De quoi satisfaire les planteurs de Limagne pourtant soumis à la pression de la réforme sucre imposée depuis 2006. C'est en effet dans ce contexte de tension que la coopérative a dû renoncer à 13,5% de son quota, soit 6 647 tonnes sur un quota total de 49 236 tonnes. « Nous avons pris les devants, explique le président Gérard Greliche. En abandonnant ces quantités nous avons, certes, perdu du quota mais nous avons bénéficié de l'indemnisation proposée par Bruxelles. Si nous ne l'avions pas fait, nous aurions été dépendants d'une coupe finale arbitraire et non indemnisée »
Une belle campagne
Selon les secteurs, les conditions climatiques de cette campagne ont donc été plutôt favorables à la production bette- ravière de Limagne. « 92% des betteraves étaient en terre fin mars et la totalité des 3 997 ha de la sole était semée début avril » a indiqué Jean Claude Favier, vice-président de la Sucrerie. Résultat ? La production totale de sucre est en hausse avec 520.041 qx, soit 426.000 qx de sucre quota et 94.000 de sucre hors quota. Les apports de betterave à la coopérative ont été rémunérés sur l'exercice à 29,83 ?/t à 16 de richesse, soit 24 ?/t net la tonne à 16, après déduction de la participation aux charges sur le quota.
Contrairement aux précédentes années, la tare terre sur le brut entré s'établit à 25,49 %. « Elle est due à une quantité de collecte plus élevée et non à l'apport supplémentaire de terre » précise Jean Claude Favier. La campagne usine a duré 92 jours et le coupage moyen journalier s'est établi à 3 902 t/j, soit 4 361 t/j à 16.
Des prévisions prudentes
La nouvelle campagne 2008 porte sur une base de surfaces semées en augmentation, soit 4.200 ha, « surface qu'il faut absolument maintenir » a commenté Gérard Greliche. La quasi-totalité des semis était réalisée à fin mars, mais une période de gel intervenue entre le 5 et le 7 avril et le 16 avril a anéanti près de 1.600 ha imposant 38 % de resemis. Conséquence ? Pour la première fois dans l'histoire de la coopérative, une cinquantaine d'hectares ne sera pas récoltée cette année. Avec prudence, Christophe Ciecerski, technicien de la Sucrerie Bourdon table sur une prévision de rendement à 75t/ha. « C'est difficile aujourd'hui d'appréhender le résultat car les champs sont moyens et nous sommes dans des conditions climatiques inhabituelles. Cependant, au vu des évolutions détectées entre chaque prélèvement, il semble que cette année soit une année à richesse élevée des betteraves ». D'un point de vue technique, Christophe remarque que la bonne efficacité des traitements herbicides, conjuguée à des températures de juillet plutôt favorables, ont engendré une bonne augmentation de la richesse sucre.
Ils ont dit
-Gérard Greliche, président de la Sucrerie Bourdon
« Suite à la réforme du règlement du sucre, le marché est en train de changer ; à tel point qu'aujourd'hui la production européenne est inférieure de 25 % à la consommation intérieure. Une situation scandaleuse qui risque à terme d'entraîner une grande volatilité des prix. C'est un contexte nouveau auquel il faudra nous adapter. Nous devons réfléchir sans tabou pour que la culture de la betterave reste une culture intéressante dans notre région ».
- Pierre Pagesse, président de Limagrain, à propos de la réforme sucre mise en place par Bruxelles
« L'Europe a baissé les bras face à son agriculture. Le secteur agricole et agro industriel pèse pourtant 200 milliards d'euros et on pourrait amener plus de 1,5 % de chiffre d'affaires supplémentaire dans la balance européenne. Mais faut-il pour cela qu'on nous donne plus de lisibilité! Le scandale de la réforme du sucre est un exemple de l'échec de l'Europe. Il faut reposer les fondamentaux de l'agriculture dans notre vision future, sinon je ne donne pas cher de notre agriculture européenne. Nous devrions peut-être nous inspirer des mesures de soutien engagées par le gouvernement américain en faveur de ses farme. Mesures qui assurent la lisibilité de la profession».
En marge de l'assemblée générale de la Sucrerie Bourdon, Thierry Boulleau, chargé d'études au SIDAM «Massif central » et spécialiste des politiques agricoles est intervenu sur le thème « Bilan de santé de la PAC : enjeux et perspectives ». Partant du constat dressé par le Livre blanc du Massif central, mettant en avant les difficultés des élevages de montagne, Thierry Boulleau a démontré que les éleveurs n'étaient pas les seules victimes de la PAC. « Les betteraviers et toutes les productions sont aussi des victimes de la dérégulation des marchés ». Reste le problème des polyculteurs/éleveurs qui ne savent pas à quel saint se vouer «ils ne sont ni dans un système, ni dans l'autre. Mais la profession y travaille pour aboutir enfin à des solutions ».