Patrick Bénézit : « Il y a des choses qui ne passent pas et qui ne passeront pas »
Le Sommet de l’élevage ouvrira ses portes dans une semaine à Cournon. L’occasion pour la profession agricole d’interpeller les pouvoirs publics sur l’urgence à régler un certain nombre de problèmes, en souffrance depuis plusieurs mois déjà.
Encore une fois, l’automne s’ouvre dans un contexte difficile pour les agriculteurs…
Patrick Bénézit : Les récentes mobilisations pour dénoncer la surenchère des contraintes ont démontré que dans nos campagnes, il y avait au-delà du ras le bol, une forme d’incompréhension, de colère et de désespoir. Des prix toujours pas au rendez-vous, des charges qui explosent, des contraintes qui se démultiplient et pour couronner le tout, une forme de mise en accusation permanente. Le cocktail est explosif.
Pour autant, nos filières agricoles disposent d’atouts indéniables, à condition toutefois de se préoccuper davantage du premier maillon de la chaîne, à savoir les producteurs. Nos responsables politiques ont beau jeu de vanter les mérites, l’excellence de l’agriculture française, sauf qu’à un moment donné, il faudra laisser les gens travailler, les aider plutôt que de chercher sans cesse à les entraver.
Sur la PAC, quel est aujourd’hui l’enjeu ?
P.B. : Les agriculteurs du Massif central souhaitent que les promesses faites il y a un an, par le Président de la République, au Sommet de l’élevage, soient tenues. Nous attendons des garanties sur ce qui a été dit sur les ICHN, à savoir notamment leur revalorisation effective dès 2015 au niveau promis. D’autre part, nous souhaitons que le ministre confirme son engagement de reconnaître tous les actifs. Nous militons depuis des années pour casser cette injustice selon laquelle l’actif était reconnu à condition d’apporter un certain nombre d’hectares. La reconnaissance de tous les actifs était une grande attente du monde agricole, qui pénalisait en particulier les femmes. Le ministre doit nous assurer qu’elle sera bien mise en œuvre. Il semble que ce sera fait.
L’extension des zones vulnérables cristallisent aujourd’hui les tensions notamment dans le Massif central où les agriculteurs se sentent injustement pénalisés. Que réclamez-vous sur ce dossier ?
P.B. : Cette question d’extension a secoué l’ensemble du Massif central. Nous ne comprenons pas ce que nous avons à voir avec cette problématique. Comment l’agriculture du Massif central peut être, d’un côté considérée comme vertueuse, avec des niveaux moyens de nitrate identique à ceux que l’on retrouve dans les eaux minérales, et de l’autre être sous le coup d’un classement en zones vulnérables ? Encore une fois, les agriculteurs se sentent stigmatisés à tort. C’est comme si on avait une limitation de vitesse à 90 km/heure et que les forces de l’ordre nous verbalisaient parce que l’on roule à 80 km/heure.
Très clairement, nous demandons que sur la zone ICHN, aucune nouvelle commune du Massif central n’entre dans le nouveau classement « zones vulnérables », et que celles qui étaient dans l’ancien classement puissent en sortir.
Il y a des manifestations toutes les semaines sur ce sujet. Ça ne passe pas et ça ne passera pas. Ce projet d’extension n’est pas applicable, ni au titre économique, si sur le plan technique, ni d’un point de vue éthique.
[...]
L'ensemble de l'entretien est à lire dans la Creuse agricole et rurale du 26 septembre 2014.