Pas un secteur animal n’est épargné dans le département
En amont de la manifestation du 26 mars, les élus FDSEA témoignent des difficultés des éleveurs.
“Beaucoup parlent d’arrêter”
Marc Chabannier, responsable de la section ovine à la FDSEA, est pessimiste : “Les moutonniers ont tiré la sonnette d’alarme dès 2006. Depuis, nous avons multiplié les actions, sans résultat. Seuls quelques éleveurs, déjà en difficulté et/ou jeunes agriculteurs, ont bénéficié d’une aide, mais cela ne changera pas grand-chose. C’est de plus en plus dur : nous rationnons l’aliment et gardons plus longtemps les agneaux. Même notre foin est de mauvaise qualité, compte tenu des conditions climatiques de l’été dernier”. Joël Piganiol, membre de la section bovins viande de la FDSEA, est lui très inquiet des conséquences de la décision italienne de conditionner l’import d’animaux à une vaccination contre la FCO : “Il y a un risque d’engorgement du marché quand les premiers broutards vaccinés vont sortir. D’habitude, mes veaux arrivent quand le marché est plutôt bon, ce ne sera pas le cas cette année”. Un marasme qui s’ajoute à des niveaux de charges inégalés : “Coût de l’aliment, du fuel, des engrais, tout cela pénalise nos trésoreries. C’est d’autant plus grave pour les exploitations qui ont investi et qui font déjà les frais de subventions ou de prêts bonifiés en retard ou pas honorés du tout”. Au-delà de cette crise, Joël Piganiol ne voit d’autre issue pour l’élevage que celle d’une évolution foncière de la Pac : “On fonde beaucoup d’espoirs sur le Livre blanc du Massif central. Sans un basculement des aides vers l’élevage, nous serons à l’aube de grosses difficultés”.
“L’élevage doit pouvoir répercuter les hausses de charges”
Pour le représentant des producteurs de porcs à la FDSEA, Christian Guy, “c’est l’effet conjugué de l’inflation des charges d’alimentation et de la chute du prix du cadran qui étouffe l’élevage porcin du Massif”. Il explique que les éleveurs hors-sol de la région achètent l’essentiel de leurs aliments, dont les cours ont grimpé de près de 50 % depuis juillet 2007. “Nous perdons aujourd’hui 25 centimes d’euro par kilo vendu, chiffre-t-il. Il faudrait un cadran à 1,6 euro / kg pour équilibrer la production. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de pouvoir répercuter la hausse de nos charges sur le prix de nos produits”, insiste-t-il. Le constat dressé par Chantal Cor, responsable de la section laitière, est aussi sombre. “Nous sommes frappés par la décision italienne sur le marché des petits veaux laitiers”, explique-t-elle. “Nous avions la chance d’avoir une filière spécifique de veaux croisés, destinés à l’engraissement en Italie, qui s’écroule avec des prix qui sont passés à moins de 150 euros le veau”, détaille-t-elle. Une tourmente qui affecte les éleveurs du Nord-Est cantalien mais aussi l’ensemble du marché du veau laitier. “Les délais imposés pour la vaccination conduisent à des veaux qui auront quatre mois à leur sortie !”. Et la remontée du prix du lait n’y changera pas grand-chose : “La hausse est mangée par la flambée des céréales et du fuel”. Et les producteurs laitiers risquent eux aussi d’être pénalisés par la mauvaise qualité des fourrages 2007.