Palefrenier et dresseur : le pied à l’étrier pour Émilie Moret
Émilie Moret évolue sur différents ateliers aux haras d’Aurillac où elle apprend, par la voie de l’apprentissage, les métiers de palefrenier, de soigneur, mais aussi à dresser, monter, atteler...
Dolf sort du boxe. Ce splendide KWPN de 8 ans - comprenez cheval hollandais de sport à sang chaud - est conduit par une jeune fille aux gestes sûrs. Pourtant, lorsqu’elle est arrivée au Haras d’Aurillac, Émilie Moret (23 ans) n’avait qu’une toute petite expérience équestre. Mais dotée d’une volonté de fer, nul doute qu’elle obtiendra facilement le CAP de “soigneur d’équidés” auquel elle se prépare. Une formation en alternance qui fait que, cette Creusoise d’origine, partage son temps entre le CFA de Naves en Corrèze et le site du Haras d’Aurillac, dans le Cantal. “Au départ, on m’a orientée vers un CAP de vente. Mais au fond, ce que je voulais depuis toujours, c’était un métier en rapport avec l’animal, le monde de l’élevage”, témoigne-t-elle. La Mission locale lui conseille d’effectuer un stage, Pôle emploi donne son feu vert et voilà Émilie embarquée dans la grande aventure du cheval, celle qui la tente depuis si longtemps : un statut de salariée, une entreprise qui l’accueille et douze semaines par an pour apprendre en centre de formation le volet théorique.
Sur scène aux cabarets
“Ici, j’ai des missions de palefrenier, autrement dit je m’occupe de tout ce qui est soins aux chevaux : leur donner à manger, les brosser, nettoyer leurs écuries... Mais aussi de dresseur, les faire travailler à la propulsion, parfaire leur obéissance, etc. Depuis un an que je suis là, j’ai eu à faire avec des chevaux de sports, mais aussi des chevaux de trait. Et j’ai pu monter ! C’était aussi mon but”, admet la jeune fille dans un large sourire. Mieux encore, elle a fait partie des cavaliers qui se sont donnés en spectacle lors de l’animation estivale des cabarets équestres, du 1er au 9 août. “Au CFA, nous avons essentiellement des cours d’équitation et d’éthologie, pour bien connaître la physiologie du cheval. C’est ce qui va nous permettre de cibler une blessure par exemple”, poursuit Émilie Moret. Travaux pratiques : comme elle connaît bien les points forts et les points faibles de l’animal, elle sait que le cheval à l’attelage souffrira moins du dos si on le force à baisser un peu la tête. Ce sera l’exercice du jour pour Dolf, dans un travail à la longe (le cheval tourne autour du dresseur, sous le manège couvert). Le cheval de sang s’exécute et répond parfaitement aux ordres d’Émilie. Les résultats de sa formation sont probants. “Cette première année de CAP, avec un pied en entreprise, me conforte dans cette voie. J’ai à présent l’intention de poursuivre avec un niveau bac, sur un BPREH (Brevet professionnel de responsable d’entreprise hippique). C’est ce qui peut me permettre de monter à l’avenir ma propre entreprise, un centre équestre par exemple”, explique la jeune femme. C’est un vrai changement opéré depuis son arrivée, une confiance en elle retrouvée, dont peut témoigner Sylvain Vazelle, chargé de projet au Haras. Au point qu’Émilie Moret a même encadré, en tant que monitrice auxiliaire, une formation en juin dernier. “Elle a accompagné des stagiaires qui avaient le double de son âge”, souligne Sylvain Vazelle, encore étonné de voir comment, en quelques mois, elle a gagné en autonomie et en responsabilité.
Le parfait outil de réinsertion
“On ne le dit sans doute pas assez et surtout, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cheval est un formidable outil de réorientation professionnelle voire de réinsertion”, tient à préciser le chef de projet. Il appuie ses propos sur des expériences similaires à celle-ci. “C’est une filière sociale qui intéresse ceux qui ont décroché d’un cursus scolaire, les missions locales, les écoles de la 2e chance, la protection judiciaire... Car le cheval, de par sa masse, peut tolérer la maladresse, mais il demeure exigeant et impose le respect.” Comme aujourd’hui, demain Émilie reprendra motivée le chemin du Haras, attaquant la journée comme les autres salariés à 6 h 45, ne relâchant pas son attention jusqu’à la pause de 8 h 30, avant de reprendre entre 9 heures et 12 heures puis entre 14 heures et 17 heures.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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