«Nous allons tout mettre en oeuvre pour maîtriser les populations de sangliers»
Alors que la chasse est officiellement ouverte depuis le 9 septembre, les responsables de la Fédération Départementale de la Chasse ont accepté de répondre à nos questions.
et Hugues Giraud, technicien.
Quel bilan dressez-vous de la situation en terme de dégâts causés par les sangliers en Haute-Loire ?
Louis Garnier, président de la Fédération Départementale des Chasseurs (FDC) : La FDC ne nie pas l’évolution croissante du montant des indemnisations des dégâts et des tableaux de chasse (voir données chiffrées dans l’encadré). Elle est la première sensibilisée puisque seuls les chasseurs financent les dégâts occasionnés par le sanglier, qui rappelons-le, n’appartient à personne.
Gilles Fombelle, directeur de la FDC : Nous constatons toutefois que les dégâts ne sont pas corrélés à l’évolution de la population de sangliers. D’autres critères contribuent à expliquer une augmentation des dégâts comme les conditions climatiques ou la fructification forestière...
Louis Garnier : En tout cas, il est certain qu’il y a plus de sangliers et ce constat n’est pas propre à la Haute-Loire. Les populations de sangliers évoluent à la hausse sur l’ensemble du territoire national. Pourtant, c’est certainement l’animal le plus chassé et sur la période la plus longue (du 1er juin à fin février en Haute-Loire, selon les communes).
Comment expliquez-vous cet accroissement des populations de sangliers ?
Louis Garnier : Le sanglier a peu de prédateurs, à part le loup... et il se caractérise par un taux de reproduction de 100%. Mais surtout l’espèce bénéficie d’un contexte favorable avec le développement du maïs, des zones de remises (forêts de plus en plus denses) et des conditions climatiques plus clémentes qui permettent une meilleure survie des jeunes.
On accuse souvent l’agrainage de contribuer à maintenir voire à développer ces populations. Qu’en pensez-vous ?
Louis Garnier : “Un agrainage bien fait (qui respecte les modalités autorisées par le SDGC (Schéma Départemental de Gestion Cynégétique) constitue une mesure de protection des cultures. Mais nous ne pouvons malheureusement pas éviter les débordements (d’ailleurs répréhensibles) en la matière.
Comment la fédération départementale peut-elle agir contre les débordements en terme d’agrainage ?
Louis Garnier : La FDC n’a pas de pouvoir de police. Ce pouvoir est détenu par l’ONCFS qui dépend du Préfet. Or, en Haute-Loire, les effectifs de l’ONCF sont insuffisants. La réforme de la chasse en cours nous laisse espérer un refondement de cet office et un renforcement de ses effectifs pour une plus grande efficacité des contrôles.
Gilles Fombelle : Sur ce point, il faut aussi rappeler l’importance de l’éducation et de la sensibilisation des chasseurs. C’est l’une des missions des présidents des unités de gestion qui sont là pour rappeler le cadre réglementaire.
Que pensez-vous des mesures administratives qui ont été prises ce printemps pour limiter l’impact des sangliers sur les parcelles agricoles ?
Louis Garnier : Selon moi, l’application de mesures administratives est une marque d’échec de la régulation des populations ; les problèmes devraient être réglés entre le 15 août et le 31 janvier ! Toutefois les tirs de nuit ont eu un impact psychologique sur les chasseurs comme sur les agriculteurs. Les mesures administratives ont notamment suscité des réactions de la part de certaines communes (classées non sensibles) où des présidents d’ACCA ont effectué la demande de battues administratives.
On a pu constater une prise de conscience collective et localement ces mesures ont incité au dialogue.
Gilles Fombelle : Il existe aussi un investissement important de la part des ACCA dans la protection des cultures. Sur la base du volontariat, ces actions permettent de limiter le préjudice subi par les agriculteurs et de diminuer la facture de la FDC et des ACCA, qui, rappelons-le, assument 20% du montant des indemnisations. J’ajouterai l’aide financière apportée par la FDC (à hauteur de 70%) auprès des ACCA pour l’achat de postes électrificateurs, de piquets et de clôtures.
Mais pour contenir cette population de sangliers, ne faudrait-il pas les chasser encore plus ?
Louis Garnier : Certaines communes chassent déjà 5 jours par semaine ! Et la fédération n’a jamais empêché de chasser dans les zones de réserve lorsque la situation le justifiait, tout comme par temps de neige.
Quels messages délivrez-vous auprès des chasseurs du département ?
Louis Garnier : Je leur dit que ce qui compte c’est d’être efficace mais toujours dans le respect de l’éthique et de la réglementation.
C’est aussi aux administrateurs des unités de gestion de porter la bonne parole : “Faites de beaux tableaux de chasse !” Mais la gestion de la faune sauvage est difficile...
Hugues Giraud, technicien de la FDC : On observe beaucoup de mouvements parmi les populations de sangliers.
Louis Garnier : La chasse n’est pas une science exacte. Personne n’arrive à déterminer avec précision les effectifs de sangliers sur pieds. Si on savait le faire, on serait plus efficace dans la gestion de ce gibier.
Selon vous, quels moyens supplémentaires pourrait-on mettre en oeuvre pour éviter ces surcroîts de dégâts ?
Louis Garnier : Cette année, la chasse a été prolongée jusqu’en février 2019. La chasse c’est une passion et un loisir qui coûte cher. En plus, chasser n’est pas si facile... J’encourage nos amis agriculteurs à se remettre à chasser, comme le faisaient leurs parents ! Plus les agriculteurs chasseront (dans le cadre légal), plus la compréhension et la communication entre les 2 parties seront facilitées.
Que souhaitez-vous dire aux agriculteurs de Haute-Loire ?
Louis Garnier : Nous allons tout mettre en oeuvre au cours de cette saison pour maîtriser les populations de sangliers. A la FDC, nous sommes persuadés que la solution passe par une concertation et un dialogue local (au niveau de l’ACCA).
Nous avons conscience des difficultés du métier d’agriculteur ; aussi face à la crainte de ces derniers sur les risques sanitaires que représente le gibier, la FDC en collaboration avec le GDS Haute-Loire et le laboratoire départemental, va élaborer, dès cette campagne, un bilan sanitaire des populations sauvages en travaillant sur 2 maladies (la tuberculose et la maladie des muqueuses). A l’avenir, nous espérons pérenniser ce bilan sanitaire afin de passer d’autres maladies en revue.
J’encourage aussi les agriculteurs à déclarer leurs dégâts de blaireau, martre et renard. Trois espèces qui causent d’importants dégâts sur cultures et que l’on risque de ne plus pouvoir chasser si les déclarations sont insuffisantes.
Gilles Fombelle : Il en est de même pour les corneilles et les pies...