Menace de « rébellion fiscale » dans la pampa
À cran à la suite d'une sécheresse historique, les agriculteurs de la région pampéenne veulent peser de tout leur poids dans la campagne électorale nationale à venir, jusqu'à menacer de « rébellion fiscale ».
La « rébellion fiscale » a été l'un des points de ralliement de la dernière assemblée de la Confédération d'associations rurales des provinces de Buenos Aires et de la Pampa (Carbap), tenue le 18 avril. Son président Horacio Salaverri a tenté de juguler la fougue de sa base en leur rappelant les risques judiciaires encourus en cas de désobéissance fiscale, mais il a bien été obligé d'introduire les termes « rébellion fiscale » dans leur communiqué de presse, qui annonce des actions syndicales en mai.
Cet épisode donne la mesure du mécontentement des agriculteurs argentins, qui veulent tourner la page de leurs deux décennies de lutte syndicale infructueuse contre une taxe de 35 % sur les exportations de soja. Une mesure qui grève les prix perçus à la ferme, et fixe des règles de change arbitraires. En effet, quand il faut officiellement 215 pesos pour 1 $US (au 18/04), le marché libre grimpe lui à 450 pesos pour 1 $US. Soumis au taux de change officiel, les agriculteurs voient leur échapper la moitié de la valeur FOB de leurs grains... à laquelle il faut retirer encore un tiers lié à la taxe douanière.
Le mandat du président argentin, Alberto Fernández, s'achève dans huit mois et son gouvernement est aux abois sur le plan financier et social face à une hyperinflation (plus de 100 %) et un endettement auprès du FMI et du Club de Paris. Le gouvernement a bien tendu la main aux agriculteurs la semaine dernière par décret. Le texte a fixé un taux provisoire de 300 pesos pour 1 $US valable pour les opérations de ventes à l'étranger de soja et d'une centaine d'autres biens agricoles, du 15 avril au 30 mai prochain.