Loi d’avenir agricole
L’usage des antibiotiques met le feu aux poudres
Courant septembre, le ministre de l’Agriculture présentait l’avant-projet de Loi d’avenir agricole. Quasi unanimement critiqué dans son ensemble, les mesures concernant les antibiotiques ont déclenché la colère des vétérinaires et de la FNSEA.
Engagé fin 2011, le Plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire vise une baisse de 25 % de l’utilisation des antibiotiques d’ici 2017. Il prévoit d’interdire les antibiotiques critiques en préventif (fluoroquinones et céphalosporines de 3e et 4e génération) l’objectif étant de préserver leur efficacité. Les mesures proposées dans le projet de Loi d’avenir agricole vont encore plus loin et touchent notamment les vétérinaires. Il leur serait désormais interdit de délivrer à l’éleveur les antibiotiques critiques qu’ils prescrivent. Pour la FNSEA, il s’agit là d’une remise en cause du principe même du couplage entre prescription et délivrance du médicament vétérinaire qui concourt au maintien des vétérinaires sur le territoire. La légitimité du praticien est dénigrée. Le projet de loi propose également de retirer tous les antibiotiques des Plans sanitaires d’élevage (PSE). Là encore, la FNSEA dénonce un acte de défiance vis-à-vis du prescripteur. C’est aussi contraire au Plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire qui prône l’encadrement de la prescription par le vétérinaire. Elle rappelle enfin que le PSE est un outil au service de l’amélioration constante du statut sanitaire collectif de l’élevage français. L’interdiction totale des antibiotiques utilisés en préventif de façon raisonnée est donc contre productive et peut mettre en danger le statut sanitaire du cheptel français. Des alternatives crédibles aux antibiotiques existent et sont autorisées dans certains pays européens. Pas en France…
La FNSEA demande de maintenir le dispositif actuel en l’état, dans le respect de la santé publique. En outre, elle rappelle que des progrès importants ont d’ores et déjà été faits avant même le lancement du Plan antibio. Une politique de réduction raisonnée en production animale ne peut être une réponse aux échecs des campagnes de sensibilisation en médecine humaine. Malgré une forte mobilisation des pouvoirs publics entre 2004 et 2012, la consommation d’antibiotiques chez l’homme a progressé de près de 10 %.