L'interprofession laitière reprend la main sur le prix du lait
Les négociations sur le prix du lait payé aux producteurs peuvent reprendre. L'interprofession, CNIEL, a réuni son conseil d'administration pour tenter d'éviter un conflit relancer par l'annonce d'Entremont de baisser le prix du lait de 70 €/1000 litres. Les négociations s'annoncent difficiles. Des mots d'ordre de manifestation ont été lancés dans l'ouest. Dans un communiqué, la section régionale laitière parle de "véritable provocation" et la section laitière de la FDSEA de Haute-Loire se dit prête à se mobiliser dans les prochains jours…
![Les éleveurs de Haute-Loire dont le revenu est déjà grevé par les hausses de charges, n'accepteront pas des baisses du prix du lait.](https://medias.reussir.fr/pamac/styles/normal_size/azblob/2023-12/haute-loire-paysanne_PY53AE5I1_web.jpg.webp?itok=JhEihpgy)
L’interprofession laitière (Cniel) est à nouveau en mesure de relancer les négociations sur le prix du lait payé aux producteurs. Les pouvoirs publics qui le lui avaient interdit au motif de distorsion de concurrence dans la filière sont revenus à de meilleures dispositions. C’est dans la discrétion que le Cniel a réuni son comité de suivi du prix du lait le 9 octobre. Officiellement, il ne s’agit pas d’émettre de recommandation nationale sur le prix du lait. Officieusement, il s’agit de parvenir à un accord entre les différents membres de l’interprofession pour tenter d’éviter un conflit relancé par l’annonce d’Entremont de baisser le prix du lait de 70 euros/1000 litres. En effet, de nombreux mots d’ordre de manifestations de producteurs ont été lancées dans l’Ouest.
L’interdiction faite par les pouvoirs publics à l’interprofession laitière de négocier le prix du lait et de fixer une recommandation a été de courte durée. Cinq mois après l’injonction de la DGCCRF (répression des fraudes), et après la tenue d’un groupe de travail interministériel, l’interprofession laitière retrouve ce qui est le cœur de son activité : la négociation sur le prix du lait. Pour la prochaine campagne laitière, à compter du deuxième trimestre 2009, «un système fondé sur des nouveaux indicateurs plus réactifs aux signaux de marché sera élaboré par l’interprofession au plan national», annonce Michel Barnier, le ministre de l’Agriculture à Agra presse.
C’est «sur la base de ces indicateurs, que les producteurs réunis au sein des interprofessions régionales négocieront avec les transformeurs», explique le ministre.
Des négociations difficiles
Alors que la filière est entrée en zone de turbulences depuis l’annonce par le groupe Entremont
de la baisse du prix du lait de 70 euros/1000 litres pour le quatrième trimestre, l’interprofession laitière reprend sa place dès aujourd’hui et sans attendre la nouvelle campagne laitière. «Afin de faciliter les négociations difficiles du 4e trimestre, un dispositif souple, en attendant la mise en place du nouveau système», doit permettre à l’interprofession de «publier des indicateurs fiables à l’échelle nationale», poursuit le ministre. Les membres de l’interprofession – producteurs de lait de la FNPL, transformateurs privés (Fnil) et coopératifs (FNCL) – se sont donc retrouvés, le 9 octobre, pour relancer les négociations sur le prix du lait. Officiellement il ne s’agit plus d’émettre de recommandation nationale sur le prix mais d’aboutir à un compromis entre les transformateurs et les producteurs.
Les anciens indicateurs servant de base de calcul au prix du lait avant l’injonction de la DGCCRF donneraient une hausse de 12 euros/1000 litres pour le prix du lait au 4e trimestre 2008, indique la FRSEA Massif Central dans un communiqué. Sans oublier la dette des transformateurs contractée au deuxième trimestre 2008 qui s’élève à 27 euros/1000 litres. Une tendance à la hausse qui tranche avec la forte baisse du prix du lait souhaitée par le groupe Entremont. Une entreprise qui pourrait même porter plainte pour entente illicite sur le prix du lait si l’interprofession « ne la joue pas » finement.
En Auvergne : les producteurs n’accepteront pas
de baisse du prix du lait
L’annonce du groupe Entremont Alliance de baisser le prix du lait de 70 euros pour 1000 litres dès le mois d’octobre est « une véritable provocation pour les éleveurs », souligne la FNPL qui qualifie ce montant de « surréaliste ». Quant au mode de calcul établi par le groupe Entremont, il consiste « à se référer à des soi-disant indicateurs qui se basent sur les plus faibles valorisations, en occultant totalement son principal marché, l’emmental, dont la valorisation a grimpé de 19 % depuis un an », dénonce la FNPL. La fédération rappelle qu’en 2007, « le prix du lait français a été inférieur de 40 euros/1000 litres par rapport aux concurrents allemands, soit plus de 80 millions d’euros gagnés par Entremont sur le dos de ses éleveurs ». La FNPL dénonce enfin, un « odieux chantage » lorsque Entremont « se permet de menacer les producteurs de non collecte ». La FNPL considère que l’attitude de l’entreprise a ouvert la voie du conflit.