JA43
L'installation : transmission au cœur des préoccupations de JA
Julien Gibert du canton de Vorey est en charge du dossier Installation au sein du Bureau de Jeunes Agriculteurs
de Haute-Loire. Entretien…
Julien Gibert du canton de Vorey est en charge du dossier Installation au sein du Bureau de Jeunes Agriculteurs
de Haute-Loire. Entretien…
Quel est le bilan de ces dernières années en matière d'installation en Haute-Loire ? et quelle est la tendance pour l'avenir ?
Julien Gibert : En 2020, 61 jeunes se sont installés. Cette année, on compte 10 installations de plus que l'an dernier à cette même époque. Néanmoins, on manque d'installations par rapport au nombre de départs à la retraite chaque année. Quant aux profils des jeunes qui s'installent, ils sont variés. Ils s'installent en individuel comme en société. Les productions principales sur le département, vaches laitières et vaches allaitantes, sont majoritaires, mais on a de plus en plus de jeunes qui optent pour du maraîchage, des petits fruits ou encore pour l'apiculture.
Quels sont les principaux freins à l'installation identifiés sur le département ?
J.G. : Le principal frein, c'est la valeur de la reprise d'exploitation. Quand on a 22 ou 25 ans, et que l'on doit sortir 400 000 euros pour reprendre une exploitation, ça fait réfléchir… voire ça refroidit. Tout le monde s'est modernisé dans les bâtiments comme dans le matériel. Et tout cela a un coup, mais pour un jeune qui démarre c'est trop lourd. Autre frein dans certains secteurs du département, c'est la pression foncière, avec une concurrence importante entre l'installation et l'agrandissement.
Par ailleurs, certains candidats à l'installation peuvent s'interroger sur la viabilité de leur projet au vu des prix des produits agricoles Du lait à 32 cts, c'est pas très encourageant, surtout si l'investissement de départ est conséquent…
Enfin, certaines installations sont compliquées, mais pas impossibles, quand le repreneur souhaite changer de production, alors que les structures existantes ne sont pas forcément adaptées.
Quant à l'agribashing, même si ça n'incite pas des jeunes hors milieu agricole à s'installer, je ne pense pas que cela arrête quelqu'un qui est réellement attiré par le métier.
Il y a pourtant des places à prendre en agriculture en Haute-Loire. Qu'est-ce qui, selon vous, pourrait inciter les jeunes à franchir le pas ? Aujourd'hui, quels sont l'enjeu et les problématiques de la transmission ?
J.G. : Comme je l'ai dit, le problème du capital à la reprise est important. Il faut donc trouver des solutions pour limiter l'investissement du jeune sans léser le cédant. On peut envisager une location des terres comme des bâtiments lors de l'installation, avec une vente différée quand l'exploitation sera bien assise. Pour la problématique de la pression foncière, nous ne pouvons qu'inciter les cédants à favoriser l'installation plutôt que l'agrandissement.
Une installation, ça s'anticipe, ça se prépare. Il est faux de dire qu'on peut s'installer en quelques
mois ; il faut compter une année. C'est faux et ce n'est pas souhaitable. Au fil des mois, au cours du dispositif à l'installation, on mûrit son projet, on l'affine. Et ça c'est très important. Et de même qu'il faut préparer son installation, il faut anticiper la transmission de son exploitation. C'est là un enjeu essentiel…
L'installation/transmission est la préoccupation majeure de Jeunes Agriculteurs. Alors que fait JA43 pour favoriser l'installation ?
J.G. : C'est vrai que l'installation et la transmission sont au cœur des préoccupations de Jeunes Agriculteurs. Pour cela, nous faisons beaucoup de promotion du métier dans les écoles, collèges et lycées pour susciter des vocations, à travers des événements phares pour rencontrer le grand public…
Je souligne aussi que notre réseau, et notamment son échelon cantonal, est un véritable lien social sur le territoire. Moi-même, je suis entré à JA par connaissances et aujourd'hui je suis au Bureau. J'invite les jeunes ruraux à nous rejoindre pour partager des moments conviviaux autour d'événements festifs comme nos cantonales de labours par exemple. C'est un lieu où l'on échange autour du métier mais pas seulement, avec pour mots d'ordre la convivialité et le partage.