Libre-échange : Le “non” des agriculteurs qui en appellent à une solidarité nationale
FDSEA et JA du Cantal ont exprimé leur hostilité aux traités intercontinentaux Ceta et Mercosur en organisant samedi une opération de communication à Saint-Flour.

C’est samedi, jour de marché à Saint-Flour. FDSEA et JA du Cantal ont organisé une action(1) à laquelle ont participé plus d’une centaine d’éleveurs venus dénoncer en préambule du mouvement national de mardi, les accords de libre-échange Ceta entre le Canada et l’Union européenne, et Mercosur, avec l’Amérique du Sud. L’opération de communication ciblait les consommateurs. “Macron annonce des choses, il fait le contraire”, s’exclame Guy
Touzet. Le secrétaire général de la FDSEA du Cantal ne mâche pas ses mots : “C’est tout simplement l’incohérence totale.”
“D’un côté, la France veut importer des animaux du bout du monde qui ne correspondent en rien à nos normes, alors qu’on parle de pollution, d’empreinte carbone... De l’autre, on nous demande de continuer à faire des efforts pour produire de la viande de qualité dans un Massif central où l’on pratique une agriculture raisonnée...”, poursuit Francis Flagel, président des JA du Cantal.
“On produit le meilleur, on importerait le pire ?”
Pour les deux hommes, autant que pour leur homologues qui se sont joints au mouvement, les dés sont pipés. “La France a la meilleure agriculture du monde. On produit le meilleur, on importerait le pire ? Ce n’est pas possible”, tempête Guy Touzet, qui demande purement et simplement “l’arrêt du Ceta, du moins pour ce qui est des marchandises agricoles”.
“Nous allons en plus, du fait de ces importations, vers la chute des cours qui vont détruire nos filières avec des prix de la viande déjà au plus bas ; alors même que nous n’avons nullement besoin de ces importations pour nourrir la population sachant que nos filières suffisent”, ajoute Francis Flagel pour qui “ces viandes importées 30 % moins chères car non soumises aux mêmes normes, font qu’il sera impossible d’être compétitifs... D’où moins d’installations.”
Un constat sans appel
Et puis, “on ne saura plus ce qu’il y a dans notre assiette alors qu’on exige de notre part une traçabilité totale”. Les conséquences, c’est aussi “un terrain qui s’enfrichera et donc, un impact certain sur le tourisme, l’économie locale, l’emploi. Un agriculteur, c’est cinq emplois induits”, argue-t-il. “Quarante substances interdites en Europe et autorisées au Canada, ça n’a pas de sens”, glisse Jérôme Planchot, éleveur d’ovins. Quant au Mercosur, “c’est le Ceta puissance dix, assure Francis Flagel, pour qui, “avec 15 à 20 000 têtes de bétail entassées, de quel bien-être animal peut-on parler ? Là bas, on n’en est pas à une déforestation près, et rien n’est interdit et, comme les contrôles se feraient sur place... bonjour la confiance !”
“Il faut une vraie volonté politique pour en sortir, analyse Guy Touzet, avec un gouvernement qui doit comprendre que si c’est le Ceta qui passe, c’est nous qui trépassons.”
“Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de dénoncer ces incohérences. Face à la volonté du gouvernement de ratifier les accords Ceta et Mercosur, les agriculteurs ressentent une profonde injustice et une grande frustration”, expliquent FDSEA et JA dans un communiqué de presse publié ce même jour. Et ils demandent “le respect de la loi Alimentation qui interdit l’importation de produits qui ne respectent pas nos standards de production, et donc, le retrait des productions agricoles des accords de libre-échange”. Une opération communication jugée “très réussie” par les organisateurs qui demandent le soutien des consommateurs et reconnaissent être en phase avec les écologistes dans ce combat.
(1) Plusieurs élus locaux étaient présents en soutien à cette action.