Aller au contenu principal

Pascal Lerousseau, vice-président du Berceau des races à viande et président de la Chambre d’agriculture de Creuse
« L’élevage ne se relèvera pas d’une baisse de 33% des aides »

Alors que les arbitrages du ministre de l’Agriculture sur le plan stratégique national sont attendus tout prochainement, Pascal Lerousseau prévient, chiffres à l’appui « sans modification de la copie, l’élevage allaitant va sérieusement trinquer ».

Pascal Lerousseau est éleveur en Creuse.
© CAR23

Lors de la grande mobilisation du 25 mars à Lyon et Clermont-Ferrand, les éleveurs ont tiré la sonnette d’alarme quant aux conséquences des choix de la France dans le cadre de la PAC avec un risque pour l’élevage allaitant en cas de baisse sensible des soutiens. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Pascal Lerousseau : Nous sommes toujours dans l’interrogation sur la stratégie du Gouvernement. Cette politique qui se résume à prendre aux uns pour donner aux autres est foncièrement dangereuse. Comment cautionnez une bascule de 16,5% des aides animales vers le végétal, quand on sait que les aides Pac représentent à l’heure actuelle 70% du revenu des éleveurs.  Alors que ni l’Etat, ni les éleveurs n’ont, à ce jour, réussi à contraindre les acteurs de la filière viande bovine à concrétiser leurs engagements collectifs pris dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation en matière de répartition de la valeur, le Ministre de l’Agriculture nous vend une « aide à l’UGB Bovine » diluée au sein d’une enveloppe globale regroupant UGB bovins laitiers et allaitants, et qui plus est sérieusement amputée de sa valeur.

Cinq députés LREM dont celui de la Creuse défendent cette aide. Dans une tribune, ils plaident pour « une remise à plat de notre façon de consommer de la viande bovine »…remettant clairement en question la structuration de la filière broutard française et plaidant pour une quasi généralisation du système naisseur-engraisseur. Accuser le système n’est-ce pas la meilleure parade pour moins le soutenir ?

P.L : Au départ, sur le papier, l’aide à l’UGB aurait pu être séduisante, mais quand ont fait les comptes, justement nous sommes loin du compte. Rien que pour le département de la Creuse, les simulations font apparaître une baisse de 33% des aides en moyenne par exploitation sur la base de 77 euros par UGB. Dans tous les départements du bassin allaitant, nous serions sur le même niveau moyen de perte. C’est un séisme. On voudrait abattre l’élevage allaitant que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Si nous considérons que les éleveurs laitiers méritent de bénéficier d’aides au même niveau que les éleveurs allaitants, c’est contre-productif de vouloir le faire de cette façon-là, en déshabillant Pierre pour habiller Paul.

Cette nouvelle « aide à l’UGB Bovine » serait-elle avantageuse pour les naisseurs ?

P.L. : Même pour les naisseurs, ce système serait défavorable puisque les animaux ne seraient éligibles qu’au-dessus de 16 mois. Derrière cette nouvelle « aide couplée à l’UGB » il n’y a aucune cohérence, pas de projet. L’élevage herbager tel que nous le pratiquons dans le grand bassin allaitant fait partie de l’ADN agricole de notre pays. Il est source d’économie, d’emplois, de durabilité, et au diapason des attentes sociétales. Nous sommes en droit de nous interroger sur les desseins des pouvoirs publics quand le projet consiste à baisser les aides animales avec la certitude que la première conséquence sera la baisse de la production. C’est inéluctable. En instaurant une aide à l’UGB, le Gouvernement ne cherche-t-il pas à faire entrer davantage de viande de l’étranger dans le pays. La volonté de sauver de l’élevage est-elle sincère ou feinte pour mieux inclure la France dans des accords de libre-échange internationaux. Il y a déjà eu le CETA…Si tel n’est pas le cas, et nous l’espérons, le Gouvernement doit se ressaisir sans délai en proposant un plan stratégique national qui ne sacrifie pas l’élevage allaitant.

 

 

Les plus lus

Une femme et un homme marchent
Du Liban au Cézallier, une jeune couple s'installe dans le Cantal

Dans le petit village de Chanterelles dans le nord Cantal, un couple de Libanais vit dans l’attente de terminer ses études,…

pauline garcia formatrice et éthologue donne une formation sur le bien-être animal dans un élevage du Puy-de-Dôme
Bien-être animal : créer des bâtiments adaptés à leur perception

Le bien-être animal est de plus en plus pris en compte dans la conception et la rénovation des bâtiments d'élevage. Pauline…

david chauve président CA 63
David Chauve officialise sa candidature aux élections chambre d'agriculture et dévoile sa liste

La FNSEA et JA 63 ont dévoilé leur liste pour les prochaines élections chambre d'agriculture. David Chauve est candidat à sa…

Portrait de Marion Andrieu
Dakar, Marion, déesse de la piste ?

Vingt ans après son père, la Murataise Marion Andrieu participera au Dakar 2025, en course, à bord d’un camion d’assistance…

Florian Monteil à droite avec l'un de ses associés, Aurélien Vidal.
Passionnés de lait et optimistes pour l'avenir

Alors que le Puy-en-Velay accueillera les 4èmes Assises de la FNPL les 11 et 12 décembre prochain, à Landos, le Gaec du Collet…

Esat d'Anjoigny : l'un des rares Esat avec un élevage en France

Bientôt cinquantenaire, l’Ésat d’Anjoigny dans le Cantal s’illustre par son ancrage agricole et la diversité de ses activités…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière